Interview de Domitien Ndayizeye sur RFI : « Le risque de la contestation est possible ! » |
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RFI, 15-05-2020 Présidentielle au Burundi : pour Domitien Ndayizeye, «depuis 2005, c’est le déni de l’accord d’Arusha»
Sept candidats sont en lice pour la présidentielle de mercredi prochain, le 20 mai, au Burundi. La campagne se termine ce dimanche 17 mai. RFI donne la parole à l’ensemble des candidats. Domitien Ndayizeye, soutenu par la coalition Kira Burundi, nous présente son programme. RFI : Quelles sont vos principales priorités, si vous êtes élu ? Domitien Ndayizeye : Mes principales priorités, c’est le combat contre la pauvreté. C’est le combat contre la violation des droits de l’homme, c’est le retour des libertés publiques, d’une réelle démocratie dans le pays. Pour vous, l’esprit de l’accord d’Arusha signé en l’an 2000 et qui a débouché sur une réconciliation nationale a disparu aujourd’hui ? Exactement. Ce que l’accord d’Arusha consacre la démocratie, et la démocratie consacre le multipartisme. Ce que nous constatons depuis 2005, c’est l’intolérance envers les autres formations politiques, notamment à travers les Imbonerakure, mais également à travers le refus de l’acceptation des éléments des autres formations politiques, non seulement dans les institutions de la République, mais aussi dans les activités économiques du pays, notamment au niveau de l’emploi, etc. Tout cela, pour moi, consacre le déni de l’accord d’Arusha. Cela a conduit le Burundi vers le déclin, non seulement économique, mais aussi le déclin politique, donc l’absence de cette symbiose que l’accord d’Arusha a voulu depuis longtemps et qu’il a nommément appelé la réconciliation. Vous dites qu’il faut en finir avec le système Nkurunziza, mais pourquoi ne pas avoir choisi de rallier Agathon Rwasa, le leader de l’opposition ? L’opposition n’aura -t-elle pas été plus forte si elle était unie ? Vous savez, chacun a sa politique. De toutes les façons, si tout le monde vote contre les institutions de la République actuelle, ils n’auront pas cette majorité. Donc même s’il vient un deuxième tour, c’est à ce moment que nous pourrions envisager un report de voix sur une personne de notre choix. Est-ce que vous êtes inquiet aujourd’hui ? Je ne suis pas content du climat qui prévaut aujourd’hui. Parce que, d’abord, il y a une certaine intolérance entre certaines formations politiques. La Commission électorale nationale indépendante ne remplit pas toutes les exigences recommandées par la loi, notamment la publication de la liste des électeurs. Elle n’est pas neutre, selon vous ? Non, elle ne l’est pas. Je m’excuse beaucoup, mais elle ne l’est pas, au point que les gens, aujourd’hui, préfèrent les commissions antérieures par rapport à celle-ci. Et croyez-vous que ce scrutin sera équitable ? Je serais bien étonné que le scrutin soit équitable, mais au niveau politique, au Burundi, nous estimons qu’il est beaucoup plus dommageable de ne pas participer aux élections aujourd’hui. Et nous considérons que y participer permet de mettre en évidence beaucoup de lacunes qui ont été cachées dans les périodes antérieurs. Je suis certain que cela met à l’épreuve nos partis au pouvoir également. C’est mieux que la chaise vide ? Absolument. Je crois que nous avons perdu beaucoup de temps avec les absences des périodes antérieures. Quels sont les risques ? Que redoutez-vous pour le Burundi ? Le risque de la contestation est possible. Malheureusement, nous avons une Céni comme je vous l’ai dit, qui n’est pas neutre, et cela risque de plonger le Burundi dans une période incertaine, si jamais cette commission continue à travailler comme nous le constatons aujourd’hui.
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