Le Burundi, un pays pauvre marqué par les conflits interethniques
Politique

@rib News, 18/05/2020 – Source AFP

Le Burundi, petit pays d’Afrique des Grands Lacs qui élit son président mercredi, est l’un des États les plus pauvres au monde, meurtri par de nombreuses crises politiques, des massacres et une longue guerre civile.

Pays agricole et montagneux, enclavé dans la région des Grands Lacs, le Burundi est l’un des plus petits États d’Afrique (27.834 km2) et l’un des plus densément peuplés.

Limitrophe du Rwanda, de la Tanzanie et de la République démocratique du Congo (RDC), c’est un pays montagneux, fréquemment frappé par des glissements de terrain.

Il figure parmi les trois pays les plus pauvres au monde: 75% de ses 11 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. La FAO estime à 1,7 million le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë sévère.

Son économie repose largement sur l’agriculture (café, thé) qui emploie 80% de la population et représente 40% du PIB. Le pays dispose également de terres rares (minéraux essentiels aux produits technologiques et militaires). Les Hutu représentent 85% de la population et les Tutsi 14%.

La capitale politique est Gitega et la capitale économique Bujumbura.

– Massacres et coups d’État:

La Belgique a administré le Burundi, ex-colonie allemande, sous le régime de la tutelle de la Société des Nations (SDN) puis du mandat de l’ONU jusqu’à l’indépendance, le 1er juillet 1962.

L’histoire du pays est jalonnée de violences ethniques, compliquées par une lutte acharnée pour le pouvoir au sein de la minorité tutsi, alors au pouvoir.

En 1972, une insurrection hutu éclate contre le pouvoir tutsi. La répression se mue rapidement en massacres systématiques des membres de l’élite hutu, faisant entre 100.000 et 300.000 morts selon les estimations.

En 1976, un coup d’État militaire porte au pouvoir Jean-Baptiste Bagaza. Il est renversé en 1987 par Pierre Buyoya, autre militaire tutsi qui devient chef de l’État.

En 1988, de nouveaux massacres provoquent entre 5.000 (bilan officiel) et 50.000 morts.

– Guerre civile:

En octobre 1993, l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président élu et premier Hutu à accéder au sommet du pouvoir, dans une tentative de coup d’État fomentée par des militaires tutsi, déclenche une guerre civile entre l’armée, dominée par les Tutsi, et les rebelles hutu. Son successeur, Cyprien Ntaryamira, est tué à son tour le 6 avril 1994 au côté du président rwandais Juvénal Habyarimana, dont l’avion est abattu à Kigali.

En juillet 1996, un coup d’État ramène au pouvoir Pierre Buyoya, qui entame des négociations avec l’opposition politique et l’armée. Un accord de paix est signé en 2000 à Arusha (Tanzanie), sans les deux principaux mouvements rebelles.

Fin 2003, la principale rébellion, le Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), dépose les armes. En 2006, le gouvernement et les Forces nationales de libération (FNL) signent un cessez-le-feu. La guerre civile, de 1993 à 2006, a fait près de 300.000 morts, essentiellement civils, et ruiné l’économie.

– Crise politique:

Le pays, présidé depuis 2005 par l’ex-chef rebelle hutu Pierre Nkurunziza, connaît une grave crise politique depuis l’annonce en avril 2015 de sa candidature à un troisième mandat, qui, selon ses opposants, viole la Constitution et les accords de paix de 2000.

La répression de manifestations et la réélection en juillet 2015 de M. Nkurunziza débouchent sur une intensification des violences et des violations massives des droits humains, qui font 1.200 morts et déplacent plus de 400.000 personnes jusqu’en mai 2017, selon la Cour pénale internationale (CPI).

Cette dernière a ouvert une enquête sur des crimes contre l’humanité présumés. En 2018, M. Nkurunziza a renoncé à la surprise générale à se représenter en 2020.

Le Burundi est classé 160e sur 180 par Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse.

– Le succès de « Petit pays » –

Le roman « Petit pays » de l’auteur-compositeur franco-rwandais Gaël Faye, sur le quotidien insouciant à Bujumbura d’un garçon de 10 ans bouleversé par la montée du conflit entre Hutu et Tutsi, a été couronné par plusieurs prix littéraires et traduit en près de 40 langues. La sortie de l’adaptation cinématographique a été retardée par la pandémie de coronavirus.