Editorial : le Burundi en danger
Politique

La Libre Belgique, 19 mai 2020

Les Burundais doivent élire ce mercredi leur Président, leurs députés nationaux et leurs dirigeants communaux. Ce jour pourrait cependant ouvrir une nouvelle période de violence.

Dirigé depuis 2005 par Pierre Nkurunziza et son ex-guérilla hutue CNDD-FDD, le pays a en effet sombré dans la dictature complète depuis 2015, quand le pouvoir a réprimé dans le sang des protestations pacifiques – puis un coup d’État raté – contre le maintien du chef de l’État au pouvoir.

Gouverné par la terreur, imposée par la milice du CNDD-FDD, les Imbonerakure, le pays a cependant montré, durant la campagne électorale de quinze jours qui vient de se terminer, qu’il aspirait désespérément à un changement de régime, en assistant massivement aux meetings de l’opposant Agathon Rwasa et de son CNL, tandis que ceux du candidat officiel étaient de plus en plus délaissés.

Le régime a écarté les observateurs et sa commission électorale a montré sa partialité; on s’attend donc à des fraudes massives, alors que la population est si désireuse d’alternance au pouvoir qu’elle risque fort de ne pas accepter une éventuelle défaite de Rwasa.

Les deux rivaux pour la Présidence étant issus de mouvements de guérilla et le régime n’hésitant pas à menacer ses adversaires, on doit craindre de graves violences. Celles-ci seraient facilitées par une nouvelle Constitution qui donne au futur Président plus de pouvoir, alors que l’on sait le régime prêt à tout pour sauvegarder sa mainmise sur les richesses qu’il a confisquées au détriment de la population.

Tous les signaux sont au rouge au Burundi, où la vigilance est de mise. La communauté internationale doit tourner son attention vers ce pays – même petit et pauvre, même en pleine pandémie de coronavirus – si elle ne veut pas risquer de voir se répéter une de ces tragédies après lesquelles elle redira, une fois de plus, “plus jamais ça”.

Editorial par Marie-France Cros.