Scrutin calme au Burundi en attendant les résultats
Politique

Deutsche Welle, 20.05.2020

Pour ces élections présidentielle, législatives et communales, pas d’incidents majeurs mais les réseaux sociaux ont été coupés et dans les bureaux de vote, les gestes barrières contre la Covid-19 ont été peu respectés.

Les bureaux de voté étaient ouverts depuis 5h00 (locale), 03h00 GMT mais, dans la plupart de ces bureaux, le vote n’a débuté que vers 07h. Les gestes de prévention contre la Covid-19 n’étaient pas observées dans les bureaux que nous avons visités. Ce qui est inquiétant,  selon Aline Kwizera une citoyenne qui a voté pour la deuxième fois : " Là où je suis passée, on ne se lavait pas les mains mais certains portaient des masques. Dans les files d’attente, certains étaient trop serrés. Moi j’étais concentrée pour que personne ne me dépasse."

Alain Joseph Nibigira autre électeur, se réjouit pour sa part du déroulement de la journée électorale, bien meilleure dit-il que la dernière, il y a cinq ans. "Je suis allé voter au quartier 4 où les gens ont brûlé les pneus en 2015 et même ceux qui le voulaient n’avaient pas pu aller voter. Je salue le déroulement de ces élections en toute quiétude et la participation massive de la population. Demain, que personne ne dise que les élections ont été truquées, jamais", lance-t-il. 

Internet coupé, les réseaux sociaux paralysés

Depuis l’aube ce mercredi (20 mai), Whatsapp, le réseau social le plus utilisé, ne fonctionne pas. Cette coupure a d’ailleurs touché l’ensemble des réseaux sociaux. Un incident qui ne s’était jamais produit auparavant au Burundi.

Anicet Niyonkuru, le président du parti politique, Conseil des Patriotes, déplore cette situation. Cela dit-il, est regrettable mais il n’y a pas eu d’autres incidents à signaler. "C’est dommage pour nous parce que nous avons nos compatriotes qui sont à l’étranger qui aimeraient savoir comment ça se passe. J’ai appelé directement en Allemagne et en Angleterre pour demander ce qui circule sur les réseaux sociaux parce qu'internet est coupé. Ils sont en train de dire qu’au Burundi, rien ne va, que les élections sont en train de mal se passer. Donc, ils s’imaginent qu’il y a une situation inconfortable au Burundi alors qu’il n’y a en pas", estime Anicet Niyonkuru.

Ndayishimiye ou Rwasa ? 

Un peu plus de cinq millions d’électeurs étaient attendus aux urnes pour ces élections, présidentielle, législatives et communales. Vers 14h, la plupart des bureaux de votes étaient déserts à Bujumbura. Les résultats provisoires sont attendus dans cinq jours, selon le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante.

La campagne, émaillée de violences et d'arrestations arbitraires, a été d'autant plus tendue que la concurrence est réelle pour la présidence, avec parmi les sept candidats en lice, un duel serré entre le général Ndayishimiye et Agathon Rwasa.

Évariste Ndayishimiye, 52 ans, présenté par le CNDD-FDD comme "l'héritier" de Pierre Nkurunziza, est un général issu du sérail, ancien combattant comme son mentor au sein de la rébellion hutu du CNDD-FDD qui lutta pendant la guerre civile burundaise (1993-2006, 300.000 morts) contre l'armée, dominée par la minorité tutsi.

Agathon Rwasa, 56 ans, est issu du plus ancien mouvement rebelle du pays (Palipehutu-FNL), un des deux principaux groupes rebelles pendant la guerre civile. Aux yeux des Hutu, qui représentent 85% de la population, M. Rwasa a autant de légitimité à briguer la présidence que son rival du CNDD-FDD.