Burundi : rumeurs sur la disparition de Pierre Nkurunziza
Politique

La Libre Belgique, 9 juin 2020

Selon les informations reçues par La Libre Afrique.be, le président sortant du Burundi, Pierre Nkurunziza, hospitalisé depuis samedi soir à Karusi dans un état jugé « sérieux », n’aurait pas résisté. Son épouse Denise Bucumi a été hospitalisée au Kenya, fin mai, atteinte du Covid-19.

On n’a pas de détails sur les raisons de l’hospitalisation du chef de l’Etat burundais sortant. Beaucoup pensent évidemment qu’il est atteint par le coronavirus en raison de l’hospitalisation de sa femme, Denis Bucumi, la nuit du 27 au 28 mai derniers. Elle avait été transportée à Nairobi par avion médicalisé et plusieurs médias kényans l’avaient dite en soins intensifs en raison, précisément, de la pandémie que le couple Nkurunziza s’obstinait à nier et contre lequel pratiquement aucune mesure n’a été prise.

Déjà décédé?

Trois sources différentes de La Libre Afrique.be, dont une source diplomatique, indiquent qu’en réalité le chef de l’Etat serait décédé; l’une précise que ce serait arrivé lundi après-midi.

Si cette issue fatale était avérée, on peut s’attendre à un délai avant qu’elle soit confirmée officiellement en raison de l’embarras qu’elle suscite dans les instances dirigeantes burundaises, pour plusieurs raisons.

D’abord, si le Président sortant est effectivement malade du Covid-19, cela va semer la panique dans les rangs des dirigeants burundais, ces derniers ayant, comme le chef – qui assurait le pays « protégé par Dieu » de la pandémie en raison de sa piété – fait fi des précautions indispensables. S’il est décédé, il leur faudra organiser des funérailles nationales qui risquent de contribuer à la propagation de la maladie.

Succession

Si le décès de Pierre Nkurunziza – « Peter » pour les militants de son parti CNDD-FDD, au pouvoir depuis 2005 – était confirmé, qui lui succédera? L’article 121 de la Constitution prévoit qu’en cas de cécès du chef de l’Etat, lui succède à titre intérimaire le président de l’Assemblée nationale. Il s’agit actuellement de Pascal Nyabenda, très proche du Président sortant, qui l’avait proposé comme candidat du CNDD-FDD à la présidentielle lors des élections générales du 20 mai dernier. Le groupe des généraux qui dirigent le pays avec le chef de l’Etat lui avaient toutefois préféré le général-major Evariste Ndayishimiye. Et ainsi fut-il fait. Malgré des fraudes importantes et le manque de crédibilité des scrutins du 20 mai, M. Ndayishimiye a été proclamé élu par la Cour constitutionnelle.

Comme Pascal Nyabenda n’a pas la bénédiction des généraux et qu’il serait lui-même malade depuis plusieurs mois, le plus vraisemblable serait qu’on accélère la prestation de serment du général major Ndayishimiye, normalement prévue, par le calendrier électoral, pour le 20 août, soit cinq ans jour pour jour après le début du dernier quinquennat de Pierre Nkurunziza, après une élection très controversée, celle-la aussi. Il ne semble en effet exister aucune disposition constitutionnelle ou légale qui empêche d’avancer la prestation de serment. L’article 104 de la Constitution précise seulement que le mandat du nouveau Président « débute le jour de la prestation de serment et prend fin à l’entrée en fonction de son successeur ».

Populaire mais soumis aux généraux

A cet égard, on peut également remarquer que si Evariste Ndayishimiye apparaît comme un personnage populaire mais aux convictions peu affirmées, habitué à se soumettre aux volontés des généraux qui dirigent le pays, le décès de Pierre Nkurunziza, s’il est confirmé, lui enlèverait un poids des épaules. Ce dernier a été en effet été érigé en « guide suprême » du Burundi, auquel le chef de l’Etat devrait en théorie obéir.

Par Marie-France Cros.