Des réfugiés burundais réagissent à la mort de Pierre Nkurunziza
Politique

Deutsche Welle, 10.06.2020

 Les sentiments des réfugiés burundais sont mitigés après la mort de Pierre Nkurunziza. Certains rêvent d’un changement dans leur pays et d’autres regrettent que Nkurunziza soit parti sans répondre de ses crimes.

Les Burundais réfugiés à Kigali au Rwanda dénoncent par exemple le fait que l’état de santé de Pierre Nkurunziza ait été caché par les autorités pendant 48haprès sa mort, alors que depuis dimanche (07.06) des rumeurs persistantes circulaient déjà sur les réseaux sociaux.

Gustave Niyonzima vit à Kigali. Cet activiste et défenseur des droits de l’Homme a fui le Burundi durant la crise politique déclenchée par le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. Il estime que le silence autour de l’état de santé de Nkurunziza a fait planer de sérieux doutes sur les causes réelles de sa mort.

"Nous déplorons l’attitude et le silence du gouvernement durant la période de l’hospitalisation du président Nkurunziza. Il y a eu un silence absolu sur l'état de santé de Pierre Nkurunziza. Cela nous montre qu’il y a une anguille sous roche."

Eric Gustave a également dû quitter le Burundi pour s’exiler au Rwanda à la suite de la crise politique de 2015. Il assure être effrayé par la mort surprise de Pierre Nkurunziza mais espère que son pays connaisse une nouvelle ère démocratique : 

"Ça fait peur. Et politiquement c’est un fait très marquant. Je crois que c’est l’ère nouvelle pour notre histoire. Il était parmi ceux qui nous avaient poussé à l’exil et nous croyons que ça va changer l’histoire du Burundi."

Cet autre défenseur burundais des droits de l’Homme regrette, lui, que Pierre Nkurunziza ne puisse plus répondre aux crimes commis sous son régime.

"Ça aurait été mieux que le président Nkurunziza raconte ce qu’il sait sur les atrocités commises entre 2015 et 2020 surtout durant la période des manifestations contre son 3ème mandat illégal qu’il a brigué. Malheureusement, il vient de mourir sans que les victimes de son régime ne recouvrent la dignité et sans que la vérité ait été dite sur les crimes perpétrés au Burundi."

Héritage politique de Nkurunziza

Au pouvoir depuis 2005, Pierre Nkuzunziza a plongé le Burundi dans une impasse politique sans précédent en 2015 qui est à la base de l’isolement du Burundi sur le plan international.

Ainsi, depuis 2017, le Burundi est sous le coup d’une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes et violations des libertés individuelles et collectives.