Sacré parcours de combattant du nouvel homme fort du Burundi
Politique

PANA, 19 juin 2020

 Bujumbura, Burundi - L’investiture solennelle du nouveau président élu, Evariste Ndayishimiye, 52 ans, ce jeudi, à Gitega, la nouvelle capitale politique du Burundi (Centre), est l’aboutissement d’un long et sinueux combat, les armes à la main, pour la défense de l'Etat de droit dans son pays, estiment des analystes. [Photo : À la fin des années 1990, Évariste Ndayishimiye (au centre) et Pierre Nkurunziza (à droite) dans la maquis dirigeant la rébellion]

C'est "devant Dieu" et "devant le peuple souverain » que le président élu va prêter serment "pour la défense des intérêts supérieurs de la nation" au cour des sept prochaines années, comme le prévoit la nouvelle Constitution nationale.

Le général à la retraite des Forces de défense de la démocratie (FDD, ancienne rébellion armée) va prendre les commandes de l’Etat burundais pour succéder anticipativement à Pierre Nkurunziza, décédé de manière brutale, il y a près de deux semaines.

Il y a 25 ans, le nouvel homme fort du Burundi n’en rêvait pas tant, quand, sur le campus de l’Université publique de Bujumbura, il a failli laisser la peau dans des affrontements interethniques.

Les affrontements faisaient suite à l’assassinat du premier président Hutu (ethnie majoritaire) démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, dans une tentative de putsch militaire, conduite par des éléments de l’armée, dominée, à l’époque, par la minorité Tutsi.

Le jeune étudiant, alors en deuxième année de candidature à la faculté de Droit, sera obligé de fuir le campus pour rejoindre le maquis, au plus fort de la guerre civile généralisée de 1993.

Dans le maquis, il gravit vite les échelons militaires et refait surface, le moment venu de négocier le cessez-le-feu avec les forces loyalistes, affaiblies par une décennie de combats acharnés.

Le négociateur rebelle en chef finira commandant-adjoint des nouvelles Forces de défense nationales et des anciens combattants (FDNAC), avec le grade de général.

Par la suite, il est nommé ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, puis chef de cabinet militaire à la Présidence de la République jusqu’en 2015.

En août 2016, il démissionne des Forces armées burundaises pour prendre les commandes du parti au pouvoir.

Le 26 janvier dernier, un congrès extraordinaire le désigne candidat du CNDD-FDD à l’élection présidentielle.

Dans son discours d'investiture, il surprend en affirmant tenir sa désignation de la volonté divine, évoquant, entre autres messagers, une colombe blanche qui s'était posée, peu de temps avant, sur la tête de son épouse.

Le réputé pieux président élu justifiera encore la mort inopinée de son prédecesseur par la volonté divine.

L'Homme qu'on dit ouvert d’esprit aura encore besoin de cette qualité une fois au Palais présidentiel "Ntare Rugamba", du nom du dernier monarque conquérant du Burundi.

Parmi les principaux défis qui l'attendent, il y a le rapatriement des milliers de réfugiés de la crise électorale de 2015.

L'autre défi de taille est le rétablissement de la coopération avec les partenaires techniques et financiers traditionnels qui ont tourné le dos au Burundi, suite à la crise politique et des droits humains de ces cinq dernières années.

Sans ressources propres autres que le café, le Burundi a toujours dépendu des aides extérieures pour plus de 50 pc de ses besoins en développement socio-économique.