Les réfugiés burundais pas encore prêts à rentrer au pays
Société

Deutsche Welle, 07.07.2020

Malgré l’arrivée au pouvoir d'Évariste Ndayishimiye, les réfugiés burundais préfèrent ne pas encore rentrer chez eux. Ils craignent pour leur sécurité.

La pression commence à monter dans les pays qui accueillent ces réfugiés burundais. La Tanzanie et l'Ouganda notamment, affichent leur souhait de les voir rentrer chez eux. Mais pour certains parmi les exilés, c'est une mauvaise nouvelle. Ils craignent de se retrouver en insécurité, une fois de retour.

La Tanzanie et l'Ouganda font partie des pays comptant sur leur sol le plus grand nombre de réfugiés et de déplacés internes en Afrique. 

Le contexte actuel de la pandémie de Covid-19 complique la prise en charge de ces personnes vulnérables.

"Nous observons dans cette région que les réfugiés vivent dans de mauvaises conditions et que les camps sont surpeuplés. Et la situation devient plus préoccupante avec la Covid-19. Il manque de l'eau et comme je l'ai indiqué, la gestion du coronavirus est devenue prioritaire. Nous remarquons que les gouvernements n'accordent plus la priorité aux réfugiés", explique Karoline Rosholm, directrice du programme d'urgence pour l'Afrique de l'est au Conseil norvégien des réfugiés.

Présence en Tanzanie non justifiée

Les réfugiés burundais en Tanzanie se sont vu notifier le souhait des autorités de les voir retourner chez eux. 

Dans leur argumentaire, lors des visites faites dans trois différents camps hébergeant les Burundais, les autorités tanzaniennes leur ont annoncé qu’il n’y avait plus aucune raison justifiant leur présence en Tanzanie.

Or, les dirigeants nouvellement arrivés au pouvoir au Burundi n'inspirent pas confiance à certains de ces exilés.

"Même si l’ancien président n’est plus, le régime est toujours le même. Aucun changement n’a encore été fait. Nous avons peur d’être tués, nous craignons la police, les Imbonerakure", témoigne un refugié.

"Nous voulons rester ici au camp. Le régime est toujours le même, et parmi ceux qui sont rentrés certains ont été assassinés. Plus grave, certains des dirigeants actuels sont accusés de graves crimes. Ça ne nous tranquillise point", poursuit un autre.

"Le gouvernement tanzanien nous a déjà démontré qu’il ne désire point de réfugiés burundais. Contrairement au traitement réservé aux réfugiés des autres pays, c’est le réfugié burundais qui est tué, persécuté sans aucun secours. Pourquoi ? Ils avouent eux-mêmes que le Burundi et la Tanzanie sont des pays frères".

Déceptions des réfugiés burundais

En Ouganda, le gouvernement encourage les réfugiés à rentrer, sans distinction de leur origine. Mais la nouvelle d'un prochain rapatriement est plus durement reçue par les réfugiés burundais.

 Un réfugié burundais confie, par exemple que "Personnellement, je ne suis pas tranquille pour un éventuel retour et je pense que je ne suis pas le seul".

"Nous ne pouvons pas retourner à la maison. On croyait qu’avec le changement de pouvoir, les choses changeraient. Mais avec le gouvernement qui a été mis en place, ça ne nous tranquillise pas. Nous ne savons pas où nous allons nous diriger.", explique un autre réfugié. 

Le  Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Ouganda réclame 28 millions de dollars d'aide d'urgence pour pouvoir faire face à tous les besoins des réfugiés dont environ 50 000 Burundais. Et la Tanzanie, de son côté, héberge plus de 164 000 Burundais.