Coronavirus : face à l'augmentation du nombre de cas, Kigali se reconfine
Afrique

RTBF, 20 janvier 2021

Kigali, la capitale du Rwanda, est à nouveau totalement confinée pour au moins quinze jours, dix mois après le début de la crise du coronavirus dans le pays… Malgré des mesures parmi les plus strictes du continent africain, le Rwanda fait face à une seconde vague, avec des cas et des décès en constante augmentation qui risquent de faire pression sur son système hospitalier.

Comme un air de déjà-vu. Au lendemain de l’annonce du nouveau confinement à Kigali, lundi 18 janvier, de longues files d’attente s’étiraient devant les bus en partance pour le reste du Rwanda, où les mesures sont plus légères. Comme lors du premier confinement en mars 2020, décidé une semaine seulement après la confirmation du premier cas dans le pays, de nombreux habitants ont choisi de quitter la capitale où les opportunités économiques sont mises à mal.

"J’avais payé deux mois de loyer en avance, mais il n’y a aucune raison de rester ici. Je ne sais pas quand je reviendrai", souffle Emmanuel Tuyizere avec dépit. Originaire de l’ouest du Rwanda, il était venu travailler à Kigali comme agent de sécurité et avait pour projet d’apprendre à conduire et d’économiser pour s’acheter un taxi-moto afin de s’assurer un avenir confortable. "Mais là, je suis découragé. Je vais sûrement dépenser tout ce que j’ai réussi à économiser", regrette-t-il. Autour de lui, des centaines de personnes surchargées se pressent pour monter dans les bus avant la tombée de la nuit. Les autorités ont donné une journée aux habitants pour se préparer aux nouvelles mesures, avant que les transports entre la capitale et le reste du pays soient complètement à l’arrêt.

"Pendant le premier confinement à Kigali, c’était vraiment très dur. Je ne veux pas revivre ça", explique la jeune Clémentine Tumukunde, qui patiente un peu plus loin. "A la campagne, je peux cultiver, ma famille et mes amis peuvent m’aider, alors qu’à Kigali personne ne peut me soutenir et je risque de souffrir de la faim", ajoute-t-elle. Comme elle, la majorité des habitants de la capitale vivent de travaux journaliers ou du petit commerce et se retrouvent une fois de plus sans salaire. 

Des chiffres qui pèsent lourdement sur les capacités hospitalières

Ce nouveau confinement a été décidé suite à une forte augmentation des cas dans le pays et surtout dans la capitale ces dernières semaines. Le Rwanda a récemment dépassé les onze mille cas enregistrés depuis le début de la pandémie et compte aujourd’hui environ 4000 cas actifs. Des chiffres minimes par rapport aux autres pays de la région ainsi qu’à la situation en Europe, mais qui pèsent lourdement sur les capacités hospitalières de ce petit pays d’Afrique centrale. Selon le ministère de la santé, le Rwanda compte 130 respirateurs et 90 lits en services de soins intensifs. En plus des centres de traitement dédiés aux patient atteints du coronavirus, le gouvernement a récemment autorisé les différents hôpitaux à prendre en charge ces malades. "Pour l’instant c’est encore assez", assure-t-on du côté du ministère de la santé. Mais le dernier centre de traitement pour patients atteints du COVID-19, récemment ouvert à Kigali, a déjà atteint 70% de sa capacité. 

Et puis, le taux de mortalité s’est envolé : 60% des décès enregistrés depuis le début de la pandémie (environ 150) l’ont été au cours de ces deux derniers mois. "Il semble que les patients atteints de formes graves du virus tardent à se rendre à l’hôpital. Ils arrivent donc dans un état très avancé et il est difficile de les sauver", explique une source au sein du ministère de la santé. Pour les soigner, le gouvernement mise sur le Favipavir, un médicament produit au Japon qui serait efficace dans le traitement des virus à ARN. Les 18.000 doses arrivées au Rwanda mercredi 20 Janvier pourront "sauver des vies", a assuré le ministre de la santé. Une solution provisoire en attendant le vaccin qui devrait commencé à être administré d'ici le mois de mars selon les autorités. 

Laure Broulard