Burundi : arrestations de cadres d'opposition avant la présidentielle
Politique

@rib News, 27/06/2010 - Source AFP

Six cadres dont la n°2 d'un parti d'opposition ont été arrêtés à Bujumbura, alors que les violences se sont multipliées à quelques heures d'une présidentielle contestée par l'opposition, ont déclaré dimanche la formation politique et la police.

"Hier vers 22h00 (20h00 GMT), des dizaines de policiers ont arrêté six cadres de notre parti -- dont la n°2, notre secrétaire générale Odette Ntahiraja et la trésorière du parti Yvette Rwayongwe -- alors qu'ils étaient en train de boire un verre dans un bar", a déclaré le président du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD), Alexis Sinduhije.

"Nous condamnons un plan du parti au pouvoir qui vise à détruire le MSD parce que ces gens ont été arrêtés sans aucun élément à charge", a ajouté l'opposant, expliquant "qu'ils rejoignent en prison de centaines de militants d'opposition arrêtés depuis des mois".

Un porte-parole de la police a confirmé les arrestations mais affirmé que les personnes interpellées étaient soupçonnées d'avoir voulu perturber l'élection présidentielle de lundi.

"Nous avons interpellé six personnes qui ont été dénoncé par un suspect arrêté à Gitega (100 Km à l'Est de Bujumbura), (...) cette personne les a accusés d'avoir participé à une réunion qui préparait la perturbation de la présidentielle de demain au Burundi", a expliqué le major Pierre Chanel Ntarabaganyi.

"Ces gens ont été transféré à Gitega pour une confrontation avec leur accusateur", a-t-il poursuivi.

Le Burundi, qui sort de 13 ans de guerre civile, connaît depuis une dizaine de jours une vague d'attaques à la grenade et diverses violences, qui ont fait au moins huit morts et plus de 60 blessés.

Le gouvernement accuse l'opposition d'être à l'origine de ces "actes de sabotage" qui viseraient à perturber le déroulement de la présidentielle boycottée par l'opposition qui conteste les résultats des communales du 24 mai largement remportées par le parti au pouvoir. Le président sortant Pierre Nkurunziza est l'unique candidat.

Une centaine de militants de l'opposition ont été arrêtés et écroués, certains pour atteinte à la sûreté de l'Etat.

Les forces de l'ordre ont dit avoir recensé l'explosion de 12 nouvelles grenades dans la nuit de samedi à dimanche.

"Ces grenades sont surtout utilisées pour terroriser et intimider la population afin de la dissuader d'aller voter", a déclaré le porte-parole de l'armée, le colonel Gaspard Baratuza.

Selon la police et l'armée, six grenades ont explosé dans quatre quartiers de Bujumbura et six autres dans quatre provinces sans faire de victimes.

Dans la province de Bujumbura rural, "un groupe non identifié à attaqué pour la première fois le poste de police de Muyira à coup de kalachnikov et de grenades toujours dans la nuit de samedi à dimanche, puis a fui", a dit le major Ntarabaganyi.

Enfin, le principal parti tutsi, l'Union pour le progrès national, a "dénoncé les actes d'intimidation sur les populations de la province de Kirundo (nord-est) qui n'ont pas voté pour le parti au pouvoir et qui ont fui vers le Rwanda parce qu'on les menaçait s'ils n'allaient pas voter lundi".

Le porte-parole de la police a reconnu la fuite au Rwanda d'"un petit nombre de citoyens", ajoutant qu'une enquête était en cours pour en déterminer les raisons.