"Nous devons privilégier le débat" (Domitien Ndayizeye)
Afrique

Deutsche Welle, 16.02.2022

Domitien Ndayizeye répond aux questions d'Antéditeste Niragira, le correspondant de la DW à Bujumbura.

Domitien Ndayizeye représentant de l'Afrique centrale au sein du groupe des sages de l'organisation de l'UA s'exprime sur la situation socio-politique et sécuritaire du continent.

L'ancien président burundais Domitien Ndayizeye a été élu lors du dernier sommet de l'Union africaine pour représenter l'Afrique centrale au sein du groupe des sages de l'UA. Dans cette interview accordée à la DW  il expose sa lecture des conflits quasi permanents sur le continent et les voies possibles de sortie pour ramener la paix et la sécurité.

Ce n'est pas un groupe de décision, c'est un groupe consultatif.  Notre rôle c'est d'observer, de nous renseigner, de donner des avis et considération. De donner des conseils à l'endroit du président de l'UA, du président de la Commission de l'UA. Des conseils que nous donnerons également aux différents chefs d'Etat.

DW: La plupart des conflits qui sont en Afrique sont des conflits asymétriques qui souvent opposent des armées nationales et internationales à des groupes armés rebelles, terroristes ou djihadistes. Comment pensez-vous que les Etats africains vont pouvoir venir à bout de ces groupes qui prolifèrent en Afrique.

La stabilité d'un pays est tributaire de la manière dont le pays est géré. La manière dont les dirigeants arrivent au pouvoir, la manière dont ils gèrent le pouvoir, la manière dont la population accueille les fruits de cette direction. C'est pour cela que l'ensemble du monde a adopté le principe de la démocratie qui est un système de consultation populaire mais aussi de compétition. L'avis qui est adopté par la majorité s'impose à tout le reste. C'est le revers de la médaille. Cela devient une dictature à l'endroit de ceux qui n'avait pas ce programme adopté par l'ensemble de toute la population. Mais je crois que c'est le meilleur choix plutôt que de s'orienter vers la confrontation des armes. Nous devons privilégier le débat. Je crois que c'est à ce niveau que l'Afrique doit faire des éfforts. 

DW:  Que pensez-vous des coups d'Etat qui se sont multipliés en Afrique ces dix huit derniers mois?

Je crois qu'il faut faire une approche focalisée sur chaque pays. Les raisons ne sont pas les même. Mais même ce qu'on constate, c'est qu'il y a une certaine intolérance, peut être une incompréhension d'un autre côté ou une déception. Mais s'il y a une déception si nous devons réagir par les armes, par les coups d'Etat, pour moi ce n'est pas une solution. Quand on n'est pas content, il faut passer par une structure politique. Pour pouvoir changer un régime cela demande de la patience. Les gens qui ont des armes ne sont géneralement pas patients.

Domitien Ndayizeye revient également sur la nécessité des Etats africains de se renforcer, pour être moins dépendant des partenaires extérieurs.