Rwanda : la police accuse un poète disparu d'avoir rallié des rebelles |
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@rib News, 16/02/2022 – Source AFP La police du Rwanda a accusé mercredi un chanteur et poète rwandais, porté disparu depuis plus d'un an, d'avoir rejoint un groupe rebelle en Ouganda. Le Bureau d'enquête du Rwanda (RBI) a porté ces accusations à l'encontre d'Innocent Bahati, quelques jours seulement après la parution d'une lettre ouverte au président rwandais Paul Kagame, signée par plus d'une centaine d'écrivains du monde entier et lui demandant d'intervenir pour retrouver M. Bahati, alors que plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent des attaques grandissantes contre la liberté d'expression dans son pays.
M. Bahati s'est rendu à plusieurs reprises en Ouganda sans passer par des postes frontière officiels et a rencontré dans ce pays voisin "des membres d'organes de sécurité et des éléments anti-Rwanda", a déclaré le porte-parole du BRI, Thierry Murangira, dans un entretien accordé au média en ligne Taarifa. "Il a aussi été établi qu'il travaillait avec des individus et groupes hostiles au gouvernement rwandais en Belgique et aux Etats-Unis et dont il a reçu un soutien financier", a ajouté M. Murangira. Selon Human Rights Watch, M. Bahati, qui avait publié des poèmes critiques des autorités sur YouTube, est porté disparu depuis le 7 février 2021. Dans un communiqué publié en mars 2021, l'ONG américaine écrivait que sa disparition devrait être considérée comme "suspecte" en raison de ses détentions passées pour avoir critiqué le gouvernement. Publiée le 7 février, jour anniversaire de la disparition de M. Bahati, par l'association d'écrivains PEN International, la lettre ouverte à M. Kagame exprime la "grave préoccupation" de ses signataires "quant à la vie et au sort du poète rwandais Innocent Bahati" "Nous vous écrivons pour soutenir les appels précédents de PEN International (...) et d'autres organisations de défense de la liberté d'expression, pour vous exhorter à intervenir dans le cas de Bahati et dans l'intérêt de son droit à la vie, à la liberté et au bien-être", peut-on lire dans cette tribune signée par des personnalités comme le prix Nobel de littérature sud-africain J. M. Coetzee, la romancière canadienne Margaret Atwood ou encore l'écrivain britannique Salman Rushdie. "La poésie n'est pas un crime. Le monde attend d'entendre à nouveau la voix d'Innocent Bahati", ajoute la lettre. "Je ne vois pas en quoi critiquer le gouvernement serait un problème. De nombreuses personnes au Rwanda publient sur diverses plateformes des contenus qui critiquent le gouvernement", a affirmé M. Murangariga à Taarifa. Le Rwanda, dirigé par Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, selon l'ONU, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d'expression, les critiques et l'opposition politique.
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