La réélection du président burundais Pierre Nkurunziza : un quasi référendum
Politique

RFI, 01 juillet 2010

Avec notre envoyé spécial à Bujumbura, Sébastien Nemeth

Seul en lice, le président sortant Pierre Nkurunziza a été réélu pour un second mandat avec 91,62 % des voix lors de la présidentielle du 28 juin au Burundi, une élection boycottée par l’opposition et qui laisse craindre de difficiles lendemains pour les Burundais.Cette  présidentielle était censée constituer le moment test d'une série de scrutins prévus tout au long de l'été afin d'ancrer la paix encore très fragile dans cette ancienne colonie belge.

La présidentielle du 28 juin 2010 au Burundi, point d’orgues d’un marathon électoral qui devait asseoir la paix dans ce pays n’a pas cédé sur ce problème.

Malgré le taux de participation plutôt flatteur, 77%, le retrait de tous les candidats de l’opposition après la contestation de résultats des communales a ôté tout enjeu électoral à un scrutin devenu quasiment un référendum pour ou contre le président sortant, Pierre Nkurunziza. Et ce, d’autant que le pouvoir a interdit toute campagne contre le candidat unique ou a fortement limité les libertés de réunion et d’expression.

Du coup, c’est la vague de violence qui frappe le Burundi depuis plus de deux semaines et qui a fait au moins 12 morts et 70 blessés, qui est désormais au centre des préoccupations.

Malgré le calme qui a prévalu au cours de la présidentielle de lundi dernier, et qui a été salué par tout le monde, les attaques à la grenade et autres assassinats se sont poursuivis faisant craindre le retour de la violence dans ce pays.

Le grand problème, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne a regretté « le manque de volonté de s’engager dans la voie du dialogue » au Burundi.

Les deux camps ne ferment pas la porte au dialogue

Victoire dans un fauteuil pour le président Nkurunziza. De plus, malgré l’appel au boycott de l’opposition, la participation a frôlé les 80%. Enfin la Mission d’observation de l’Union européenne a décrit un scrutin calme et estimé que les Burundais avaient pu exercer leur droit de vote malgré le contexte tendu. Pour Jérémie Ngendakumana président du parti au pouvoir, CNDD-FDD :

« C’est vraiment un sentiment de satisfaction. Le peuple burundais a répondu favorablement et a rendu la pareille à ce que le président de la République a fait pour eux pendant ces cinq ans. Le taux de participation est assez élevé, c’était ça d’ailleurs qui nous intéressait le plus. Ce qui est aussi bien, c’est que tous ceux qui ont participé ont bien voté en faveur du candidat. »

Mais selon Léonard Nyangoma, porte-parole de la coalition d’opposition, le vote n’est pas légal :

« C’est un non-évènement, il y a eu une farce électorale. Il n’y a pas eu d’élection parce qu’il n’y avait pas de compétiteur. Une élection illégale et anticonstitutionnelle ne sera pas du tout validée et reconnue par l’opposition démocratique. Nous avons fait des recherches sur la nouvelle loi électorale, on ne nous dit rien sur les modalités d’élection dans le cas d’une candidature unique. »

Pourtant les deux camps ne se disent pas contre le dialogue. Jérémie Ngendakumana affirme qu’« il se fera dans le cadre habituel du forum des partis », Léonard Nyangoma pour sa part réclame un cadre spécial. Selon lui « le pouvoir a déjà décliné plusieurs propositions de discussions ».