Fin de la visite du président Tshisekedi reçu avec faste au Burundi
Diplomatie

RFI, 23/05/2022

Troisième et dernier jour, ce lundi 23 mai, de la visite officielle du président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, au Burundi. Le séjour s’est déroulé entre la capitale économique du Burundi, Bujumbura, à l’ouest, et la capitale politique Gitega, au centre du pays.

Signe de l’importance que le Burundi attache à ce déplacement, après une dernière visite éclair qui remontait à trois ans, le pouvoir burundais n'a pas lésiné : bain de foule à l’aéroport, 21 coups de canon et un grand banquet en l’honneur de l'hôte congolais.

Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, a mis les petits plats dans les grands pour accueillir son hôte congolais, mais il n’y a pas eu que le faste. De nombreux sujets d’intérêt commun ont été discutés au cours de plusieurs tête-à-tête entre les deux chefs d’État.

Les deux parties sont restées jusqu’ici très discrètes sur ce qui s’est dit en matière de sécurité, alors que des affrontements qui opposent notamment le groupe rebelle burundais de RED-Tabara à plus d’un millier de soldats burundais, lancés à leur poursuite, sont signalés depuis des mois dans l’est de la RDC.

Selon les déclarations de Tina Salama, porte-parole adjointe de Felix Tshisekedi, sur une radio congolaise, les deux personnalités ont insisté sur le fait que « la sécurité reste la priorité » et qu’« un point sera fait chaque trimestre »  entre eux sur ce sujet, mais rien n’a transpiré sur l’accord militaire secret qui lierait les deux pays.

Autre sujet au cœur des discussions, celui de la construction d’un chemin de fer qui doit relier la ville de Kindu au port de Dar es Salaam, en passant par le Burundi, et qui devrait permettre de désenclaver le Sud-Kivu et le Maniema, dans l’est de la RDC. « C’est le projet qui me tient le plus à cœur », avait indiqué Felix Tshisekedi, dès son arrivée au Burundi.

Enfin, le président congolais a visité notamment des coopératives agricoles civiles et militaires, un modèle qu’il s’est dit prêt à « dupliquer » dans son pays.

Signe de rapprochement

Pas de communiqué conjoint lu à la presse comme cela se fait d’habitude, aucune question sur les points abordés lors de leurs nombreux tête-à-tête, Felix Tshisekedi et son hôte Evariste Ndayishimiye se sont contentés de quelques minutes de discours chacun pendant lesquels ils ont fait assaut d’amabilité.

« Je brûle d’envie de vous revoir », a même lancé Tshisekedi à son « frère Evariste », en lui donnant rendez-vous dans deux jours lors du sommet de l’Union africaine qui s’ouvre demain à Malabo. Est-ce en raison de leur « méfiance » réciproque envers le Rwanda de Paul Kagame ?

Les deux pays semblent filer aujourd’hui une parfaite « lune de miel », la porte-parole de Tshisekedi, Tina Salama, a même évoqué sur une radio congolaise d’un axe Kinshasa-Gitega « qui se développe de plus en plus », en assurant que le président congolais a dit que « le Burundi de Evariste Ndayishimiye est un solide allié, un pays frère et ami sur lequel la RDC pouvait copter ».

« Nos relations sont empreintes de beaucoup de confiance », a reconnu un haut responsable burundais, ce qui s’est traduit sur le plan militaire par l’autorisation donnée depuis six mois à l’armée burundaise pour qu’elle opère sur le sol congolais contre les rebelles burundais qui y sont basés, malgré les dénégations des deux capitales.