Castelnaudary. Du Burundi à la Raque : récit d’un parcours réussi
Société

La Dépêche, 10/12/2022

 Il s’appelle Gaël, il vient du Burundi, ce pays d’Afrique de l’Est, situé dans la Région des Grands Lacs et enclavé entre le Rwanda, le Congo et la Tanzanie.

Gaël est arrivé en terres lauragaises en septembre 2021, quelques euros en poche et son visa étudiant pour étudier la gestion et maîtrise de l’eau, formation dispensée à l’Ecole supérieure La Raque. Fort d’une licence en génie civil, il avait déjà effectué et apprécié des stages sur la gestion de l’eau, il allait donc de soi que son choix se porterait sur cette filière.

C’était la première fois que Gaël quittait son pays natal, près du lac Tanganyika, la première fois qu’il prenait l’avion ou qu’il utilisait un escalator. Il lui en a fallu de l’audace et de la débrouille pour arriver jusqu’ici ! "Ma maman nous a élevés, mes frères et moi, comme des soldats et encouragé à avancer quels que soient les obstacles sur notre chemin" souligne-t-il.

Victime de fausses promesses d’hébergement, Gaël a pu compter sur deux personnes bienveillantes à Castelnaudary, chacune propriétaire d’hébergements de tourisme, le temps de trouver une solution. Elles l’ont aidé à s’adapter à nos us et coutumes et l’ont amené à se rapprocher d’associations locales comme SOS Entraide, les Restos du Cœur et le Secours Catholique. De son côté, il s’est mis en contact avec la diaspora burundaise de France qui l’a mis en relation avec la communauté burundaise de Toulouse, auprès de laquelle il a trouvé soutien matériel et moral.

Quand d’autres vont au ski ou à la plage pendant les vacances scolaires, Gaël s’inscrit dans une agence d’intérim pour assumer les dépenses liées à la vie étudiante et quotidienne. Très croyant, fidèle à l’office du dimanche à la Collégiale Saint-Michel, il n’a jamais baissé les bras et s’en est remis à la providence. Et même si cela n’a pas toujours été facile (racisme, petites difficultés d’adaptation au départ), il relativise. "Si moi je suis tombé dans de bons endroits, ce n’est pas le cas pour tout le monde" reconnaît-il.

Côté études, en faisant reconnaître en France sa licence obtenue au Burundi, Gaël a pu faire sa rentrée scolaire 2 022 directement en bachelor responsable système qualité santé sécurité environnement, formation également proposée par l’école supérieure La Raque. Durant son année de BTSA Gemeau, il avait effectué son stage au sein du service assainissement de la communauté des communes Castelnaudary Lauragais audois, qui l’a gardé pour effectuer son apprentissage en alternance. "Je garde un bon souvenir de ma première année à La Raque. Grâce aux voyages d’études j’ai découvert la neige et la mer. J’ai aussi dû m’habituer au froid et aux grosses chaleurs que nous n’avons pas au Burundi, et à la nourriture, beaucoup trop riche ici ! Vous mangez trop !" s’exclame le jeune étudiant en riant.

Loin de son pays marqué par les conflits entre ethnies et violations des droits humains, Gaël a été frappé par la grande liberté d’expression dont nous jouissons ici en France, et par la mentalité des Français "qui râlent beaucoup".

Totalement indépendant aujourd’hui, il lui tient à cœur de réussir ses études, d’abord pour sa maman, mais aussi par respect pour les personnes qui ont contribué à faciliter son intégration et sa réussite.