Double attentat à Kampala, on dénombre plusieurs dizaines de morts
Afrique

@rib News, 11/07/2010 - D'après Associated Press et AFP

Des bombes ont explosé à deux endroits de la capitale ougandaise Kampala dimanche en fin de journée faisant au moins 64 victimes, dont un Américain. Le chef de la police ougandaise, Kale Kayihura, a lié ce double attentat aux menaces récentes des insurgés islamistes al-Shabab en Somalie de s'en prendre à l'Ouganda et au Burundi, les deux pays qui contribuent à une force de paix de l'Union Africaine en Somalie (Amisom).

Une des bombes a explosé dans un restaurant éthiopien (al-Shabab considère l'Éthiopie comme un ennemi) du sud de la capitale ougandaise, et l'autre dans un restaurant appelé Kyadondo Rugby Club de l'est de la ville, où à chaque fois des gens s'étaient réunis en nombre pour regarder à la télévision la finale de la Coupe du monde de football entre l'Espagne et les Pays-Bas.

Plusieurs autres Américains ont été blessés, dont un groupe membre d'un groupe rattaché à une église de la Pennsylvanie. Parmi ce groupe se trouvait Kris Sledge, âgé de 18 ans, qui suivait le match à la télé avec cinq compatriotes. Le groupe devait rentrer aux États-Unis, mardi, après un séjour de trois semaines en Ouganda.

« Je me souviens d'avoir perdu connaissance et d'avoir entendu des gens crier et courir », a dit Sledge, dont le visage portait des brûlures et la jambe, un bandage.

Le chef de la police, Kale Kayihura, a déclaré que la milice la plus redoutée de la Somalie — al-Shabab, qui a prêté serment d'allégeance à al-Qaida, pourrait être à l'origine des attaques.

Selon M. Kayihura, 15 personnes auraient été tuées au restaurant éthiopien, mais le nombre de victimes pourrait s'élever à 49 au Rugby Club. Des chaises étaient renversées aux deux sites et il y avait du sang et des lambeaux de chair sur le plancher.

A Mogadiscio, le Sheik Yusuf Sheik Issa, un commandant d'al-Shabab, a dit qu'il était heureux des attaques perpétrées en Ouganda. Il n'a toutefois pas voulu confirmer ou nier qu'al-Shabab était responsable des explosions.

« L'Ouganda est l'un de nos ennemis. Tout ce qui les fait pleurer nous rend heureux, a dit le Sheik. Que la colère d'Allah s'abatte sur ceux qui sont contre nous ».

Lors de prières, vendredi, un autre commandant d'al-Shabab, le Sheik Muktar Robow, avait exhorté les militants à attaquer des sites en Ouganda et au Burundi, deux pays qui fournissent des soldats aux forces de maintien de la paix de l'Union africaine, à Mogadiscio.

Le 5 juillet, le chef d'al-Shabab, Ahmed Abdi Godane, avait appelé les Somaliens à s'unir pour chasser de Somalie l'Amisom, accusant ses troupes, composées à parts égales de soldats burundais et ougandais, d'être responsables de la mort de nombreux civils à Mogadiscio.

Le même jour, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe six pays d'Afrique de l'Est, avait décidé, lors d'un sommet extraordinaire à Addis Abeba, de déployer rapidement 2.000 hommes supplémentaires au sein de l'Amisom, pour porter la force à 8.100 soldats, soit les effectifs initialement prévus lors de sa création.

Cette force de paix, qui a pour mission de protéger le très fragile gouvernement provisoire en place à Mogadiscio, est considérée comme une force d'occupation par al-Shabab, qui contrôlent la plus grande partie de la Somalie.

L'Ouganda accueille aussi des soldats somaliens entraînés selon des programmes soutenus par les États-Unis et des pays européens.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Tommy Vietor, a dit que Washington était prêt à fournir toute forme d'aide qui serait nécessaire au gouvernement ougandais.

« Le président est profondément attristé par les pertes de vie résultant de ces attaques déplorables et lâches, et il envoie ses condoléances au peuple ougandais et aux êtres chers de ceux qui ont été tués ou blessés », a dit Vietor.

La Somalie est un repère de prédilection pour les militants internationaux, car les autorités ne contrôlent que quelques kilomètres carrés de la capitale, Mogadiscio, ce qui fait de la majorité du reste du pays un territoire sans loi, où les insurgés peuvent s'entraîner et préparer des attaques sans être inquiétés.

Al-Shabab est le groupe militant le plus dangereux de la Somalie. Ses membres ont été entraînés en partie par des vétérans de groupes militants afghans, pakistanais et irakiens, selon des responsables internationaux.

Si les soupçons initiaux de Kaihura se confirmaient quant à l'implication d'al-Shabab, ce serait la première fois que le groupe se livrerait à des attaques hors de la Somalie.