Les islamistes somaliens revendiquent les attentats de Kampala
Afrique

@rib News, 12/07/2010 – Source Associated Press

L'insurrection islamiste somalienne a revendiqué lundi les attentats commis la veille au soir à Kampala (Ouganda) contre un restaurant éthiopien et un club de rugby où l'on diffusait la finale de la Coupe du monde de football. Les autorités ougandaises font état d'au moins 74 morts.

Cheikh Ali Mohamud Rage, un porte-parole des milices Al-Shabab, qui tentent de renverser le fragile gouvernement soutenu par les Nations Unies en Somalie et sont considérées comme proches d'Al-Qaïda, a revendiqué les attaques depuis Mogadiscio. C'est la première opération de ce groupe à l'étranger.

"L'Ouganda est l'un de nos ennemis. Tout ce qui le fait pleurer nous rend heureux. Que la colère de Dieu s'abatte sur ceux qui sont contre nous", a déclaré l'un des commandants des Shabab, Yusuf Cheikh Issa. Deux jours plus tôt, le mouvement avait appelé ses partisans à frapper en Ouganda et au Burundi, deux pays fournissant des troupes à la force de maintien de la paix de l'Union africaine en Somalie, forte d'environ 6.000 hommes.

Les autorités ougandaises privilégiaient la piste somalienne depuis le début. Le chef de la police de Kampala, Kale Kaihura, soulignait ainsi que l'une des cibles était un restaurant éthiopien. Or, les Shabab considèrent l'Ethiopie comme l'alliée du gouvernement somalien depuis son intervention militaire de 2006 à 2009 pour repousser les islamistes chez son voisin.

Selon le porte-parole du gouvernement ougandais, Fred Opolot, il semble que les attentats de dimanche soir, qui ont fait au moins 74 morts et des dizaines de blessés selon le dernier bilan, aient été commis par deux kamikazes. La première explosion s'est produite au restaurant Ethiopian Village à 22h55 locales, suivie par deux autres au club de rugby une vingtaine de minutes plus tard, en pleine finale du Mondial, a-t-il affirmé.

Le terroriste a apparemment déclenché sa charge dans la foule rassemblée pour suivre sur un écran géant le match opposant les Pays-Bas à l'Espagne. "Il y a eu une explosion très bruyante. Je suis tombé et j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, j'ai compris que j'était dans un lit d'hôpital avec une blessure profonde à la tête", a témoigné un rescapé, Andrew Oketa.

Florence Naiga, 32 ans, mère de trois enfants, a perdu son époux, qui suivait la finale au club. "Il n'est pas revenu. J'ai entendu parler des bombes ce matin (lundi). Quand je suis allé voir la police, on m'a dit qu'il faisait partie des morts", confie-t-elle.

Une organisation californienne d'aide aux enfants soldats, Invisible Children, a annoncé la mort de l'un de ses employés américains, Nate Henn, 25 ans. Des Ethiopiens, des Indiens et des Congolais ont également été tués ou blessés, selon la police ougandaise.

Néanmoins, cela ne remet pas en cause la tenue du sommet de l'UA qui doit rassembler de nombreux dirigeants africains du 19 au 27 juillet, selon des responsables ougandais.

Le président Yoweri Museveni, qui s'est rendu sur place lundi, a promis de pourchasser les terroristes "d'où qu'ils viennent. Nous les chercherons et les trouverons, comme nous le faisons toujours", a-t-il promis. Un porte-parole de l'armée, Felix Kulayigye, a toutefois jugé prématuré de spéculer sur une réaction militaire.

Le président américain Barack Obama a pour sa part dénoncé "de lâches attaques", selon le porte-parole de la Maison Blanche Tommy Vietor, qui a ajouté que les Etats-Unis fourniraient toute l'aide nécessaire au gouvernement ougandais.

Ces attentats suggèrent qu'Al-Shabab étend son rayon d'action aux autres pays d'Afrique de l'Est considérés comme des alliés du gouvernement somalien, qui ne contrôle guère que quelques quartiers de la capitale, Mogadiscio, avec l'aide des soldats de l'UA.

Les islamistes, qui tiennent de vastes secteurs du centre et du sud du pays, comptent notamment dans leurs rangs des militants ayant combattu en Irak, en Afghanistan ou au Pakistan, ainsi que des jeunes gens recrutés dans les communautés somaliennes aux Etats-Unis.