Burundi : Jean-Claude Kavumbagu en prison pour crime de lèse-majesté
Droits de l'Homme

RFI, 18 juillet 2010

Jean-Claude Kavumbagu, directeur de Netpress, un journal en ligne, a été arrêté pour « trahison » le 17 juillet à Bujumbura après avoir mis en doute, dans un article, la capacité des services de sécurité burundais à prévenir un attentat comme celui perpétré par les islamistes somaliens en Ouganda. L'attentat survenu à Kampala le 11 juillet 2010 a fait au moins 73 morts et de nombreux blessés.

Parce qu’un article de Netpress n’a pas plu en haut lieu, Jean-Claude Kavumbagu a été arrêté le 17 juillet à la mi-journée et écroué peu après à la prison centrale de Bujumbura. C’est le colonel David Nikiza, commissaire général de la police pour la région ouest du Burundi qui a procédé personnellement à son arrestation, et annoncé que le journaliste est poursuivi pour trahison, sans plus d’explication.

Mais selon des sources concordantes, le pouvoir burundais reproche à ce directeur du journal en ligne un article paru deux jours après le double attentat qui a fait au moins 73 morts, le 11 juillet, à Kampala. « Si les miliciens shebab voulaient tenter quelque chose dans notre pays, ils y réussiraient avec une facilité déconcertante tellement nos forces de défense et de sécurité brillent par leur capacité à piller et à tuer leurs compatriotes, plutôt que de défendre leur pays », pouvait-on lire alors sur Netpress.

Les islamistes somaliens avaient menacé à plusieurs reprises de représailles le Burundi et l’Ouganda, deux pays à avoir déployé jusqu’ici des troupes en Somalie, dans le cadre de la force de paix de l’Union africaine. Ils sont passés à l’acte à Kampala, dimanche dernier, pendant la finale du Mondial de football.

Le journaliste burundais a apparemment commis un acte de lèse-majesté en mettant en ligne un article incriminant la capacité des forces spéciales du Burundi à faire face à une telle attaque. Ce journaliste est un habitué des prisons burundaises. A quarante-cinq ans, Jean-Claude Kavumbagu est emprisonné pour la cinquième fois dans l’exercice de sa profession.