Rose Ntwenga : Cruel constat de la continuité depuis le génocide de 1972
Opinion

@rib News, 31/07/2010

Les Lois d’exception du génocide de 1972 au Burundi sont de retour.

Transmission de mémoire.

Montpellier (France), le 29 juillet 2010.

Point de vue.

La présence de Gabriel Mpozagara[1] aux côtés du président Pierre Nkurunziza nécessite beaucoup d’éclaircissements. En effet, sept mois après « sa nomination[2] » du 6 septembre 2005, les Lois d’exception de 1972 ont été levées le 26 avril 2006[3] sans que leur contenu ne soit énoncé publiquement. Les citoyens burundais ont réalisé que le système répressif en vigueur au moment du génocide en mai et juin 1972[4] est resté intact. Pendant trente quatre ans, le pays a évolué dans ce climat à leur insu. D’un autre côté, les régimes successifs ont donné l’impression de s’être distanciés des pratiques violentes du génocide de 1972. Cependant, la confusion et les différentes péripéties autour des élections en cours ramènent au grand jour des violences semblables à cette époque. Des mesures de contrainte et de privation dans un cadre annoncé normalement pour l’expression démocratique s’installent.

Le manque de repères communs entre les Burundais (de différentes générations et origines) et les observateurs étrangers mène à une vision incomplète et des appréciations disparates sur les problèmes du Burundi.

Plusieurs avis suivent pour rappeler quelques uns des aspects peu connus du génocide de mai et juin 1972, où les deux experts Gabriel Mpozagara, Arthémon Simbananiye et leurs associés sont parmi les acteurs majeurs de la politique du Burundi. Le pays traverse, en ce moment, un pic sérieux des conséquences du génocide de 1972.

Les dirigeants actuels (issus des résistances armées) pensent avoir trouvé une nouvelle situation politique en rupture avec les pratiques violentes du passé grâce aux accords politiques d’Arusha de 2002. Pour beaucoup d’entre-eux, ils sont les enfants des victimes des précédents épisodes sanglants du pays. Contre toute attente, les mêmes acteurs importants de l'époque assis à des places différentes ont gardé leur entière capacité à dicter leur bon vouloir.

Le constat de la continuité depuis le génocide de 1972 est visible.

Les Lois d’exception, clé du génocide de 1972.

Annoncées, jamais énoncées entièrement mais toujours appliquées, elles sont un élément central de l’entreprise du génocide des Hutu du Burundi dit « de 1972 ».

Qu’est ce qu’un génocide ?

Dans sa réponse à cette question, Rafaël Lemkin[5], démontre simplement le champ d’application des Lois d’exception.

(…) D’une manière générale, le génocide ne signifie pas nécessairement la destruction immédiate d’une nation sauf quand il est accompli par un massacre de tous ses membres. Il signifie plutôt la mise en œuvre de différentes actions coordonnées qui visent à la destruction des fondements essentiels de la vie de groupes nationaux, en vue de leur anéantissement.

Une telle politique a pour objectifs la désintégration de leurs institutions politiques et sociales, de leur culture, de leur langue, de leur conscience nationale, de leur religion et de leur existence économique, la destruction de la sécurité, de la liberté, de la santé, de la dignité individuelle et de la vie même des individus.

Le génocide est dirigé contre un groupe national en tant qu’entité et les actions menées contre les individus, non pour ce qu’ils ont, mais pour l’appartenance à ce groupe.

Détourner l’Etat d’exception[6] pour « légaliser » un génocide d’Etat.

« L’Etat d’exception est une réalité de la vie politique et juridique des nations. Presque tous les Etats possèdent une législation pertinente à cet égard et les conventions internationales sur les droits de l’Homme contiennent des dispositions en la matière »[7]

« Dans de nombreux pays, pour faire face aux situations exceptionnelles, les Gouvernements ont recours à l’état d’exception et suspendent l’application de lois protégeant les libertés. »[8] 

C’est ainsi que Gabriel Mpozagara et Artémon Simbananiye, juristes de formation, ont consciencieusement détournés le concept de l’Etat d’exception pour en faire un instrument de légalisation du génocide des Hutu du Burundi et de la spoliation de tous leurs biens et leurs initiatives en 1972-1973. De connivence avec les rebelles (Tutsi rwandais et zaïrois, parmi eux, d’anciens  compagnons de lutte de Che Guevara en 1965 dans le Sud-Kivu au Congo)  rentrés en cette fin d’avril 1972 en convois armés par le sud du pays, les autorités politiques ont dénoncé une « agression ». L’occasion, de fait, s’est présentée pour les autorités politiques et militaires de décréter un « Etat d’exception » censé protéger les citoyens sur toute l’étendue du territoire. A cet effet, l’Etat burundais s’est figé dans une posture très démonstrative de légitime défense. Cette situation de guerre, montée de toute pièce, a permis à « l’Etat » de commettre les nombreux crimes à travers tout le pays  avec « la loi » de son côté. De plus, les différentes coopérations militaires étrangères ont épaulé l’armée burundaise à défendre  « en toute légalité »  son territoire à cette époque.

Un génocide au ressort crapuleux.

Bertrand C. Bellaigue, journaliste à l’Agence France Presse (AFP) relate :[9]

… Tandis que se produisaient ces tueries au mois d’avril 1972, j’ai appris par un ami proche de la présidence, qu’un laboratoire volant, un avion venu d’Europe avec tout un équipage de géologues avait commencé, au dessus du Burundi une campagne d’études systématiques de « scintillation » et d’évaluation de présence de nickel détecté dans un gisement métallique de vingt-cinq sur quinze kilomètres de large.

Ces études allaient se prolonger pendant deux mois [10]. Personne n’y avait fait allusion en dépit des dépêches transmises à ce sujet. Mais depuis cette date, les massacres ont continué pendant trois décennies jusqu’à la fin du siècle dans cette région que les Belges avaient décrite, comme »super-catho » en raison de l’action des religieuses et des missionnaires qui lui consacraient leur vie.

S’agissait-il  d’une affaire tribale ou d’un conflit artificiel, effroyablement sanglant, suscité par quelque groupe financier, sidérurgique ou minier international pour s’assurer une mainmise sur ce territoire ?

Je ne l’ai jamais su. Le tout, comme si rien de tout cela n’avait jamais existé.

On a simplement affirmé très officiellement qu’il n’y avait naturellement aucun lien de cause à effet entre les évènements qui  ensanglantaient le pays, l’apostolat de deux pasteurs venus des Etats-Unis et de Suède pour enseigner aux Hutus primitifs la parole du Seigneur et la présence de ces chercheurs d’or.

Par contre, il ne fut pas possible de cacher plus longtemps, au bout de trois décennies que, de toute façon les travaux de prospection avaient été couronnés de succès puisqu’ils avaient permis d’évaluer à deux cents millions de tonnes le potentiel du gisement découvert. Le 31 janvier 1999, un rapport de l’Onu rappelant les études entreprises en 1924 prouvait qu’il existe au Burundi, dans les provinces de Basuri ( Bururi ?), Karusin ( Karuzi), Rutana, et Ruyinga ( Muyinga) dans l’Est du pays, des réserves de minerai s’élevant à plus de 200 millions de tonnes.

Le Burundi  selon cette dépêche, regorgerait d’autres  métaux, dont l’or et la cassitérite.

Des discussions pour l’exploitation de ce pactole avaient commencé en 1993, mais « la crise d’octobre » durant laquelle des centaines de milliers d’autres africains avaient été massacrés, avait interrompu le processus. (…)

Gabriel Mpozagara livre (la moitié de) sa « part de vérité ».

En août 2009, Gabriel Mpozagara a livré sa « part de vérité »[11] pour justifier quarante ans après, l’une des phases majeures de l’enclenchement du génocide de 1972. En effet, il a ordonné l’exécution expéditive des officiers Hutu en 1969 ainsi que l’emprisonnement abusif de nombreuses autres personnes d’origine Hutu  dans des conditions désastreuses.

C’est avec aplomb qu’il a dévoilé le bien fondé de sa démarche[12].

En réalité, l’épisode des évènements « dits de 1969 » a été une série de prétextes créés de toutes pièces, juxtaposés, puis répandus dans divers milieux pour les discréditer. Les groupes ciblés sont restés dans l’étonnement du brouhaha autour d’eux.  A peine arrêtées, les personnes étaient déjà coupables de faits invraisemblables. Conformément à la loi d’exception, des sanctions ont aussitôt été appliquées.

Ainsi, Gabriel Mpozagara a brisé, avec la « bonne conscience » pour soi, la vie de  plusieurs personnes. Ces sentences, ne reposant sur aucun délit, ont plongé les différentes structures familiales et sociales dans une précarité à tous points de vue. En plus, ces familles ont été livrées injustement à la désapprobation publique organisée.

Quel crédit lui accorder pour la préparation et les conseils juridiques à attendre sur la création de la cour spéciale de justice et de la commission vérité-réconciliation  proposée depuis 2005?

Nous sommes nombreux à souffrir des fausses accusations portées contre nos parents, amis et connaissances du même groupe d’âge. Nous en subissons toujours les conséquences, encore aujourd’hui. Des individus, burundais comme étrangers, continuent de relayer ces fausses accusations, certains, par ignorance ou par préjugés. Mais à force de les répéter sans souci de vérification, elles finissent par paraître comme réelles dans l’esprit de beaucoup de personnes. Cette attitude, plus qu’un manque de respect de mise, relève d’une forme de racisme cordial.

Répercussion des Lois d’exception de 1972 sur ma vie personnelle et ma famille.

Spolier sans relâche à des fins de disparition.

Je ne peux pas compter le nombre de fois où des convocations émises à mon nom provenaient du bureau de la zone de Kamenge, du parquet ou de la sûreté nationale. « Quelqu’un » avait besoin d’un objet de notre maison. Il le prenait en notre absence (la mienne et celles de mes frères et sœurs)  avec  l’accord de maman.  Dans la suite, une convocation était confiée à un enfant mineur du voisinage d’à peine six ans afin de nous la remettre. Si nous n’étions pas contents, nous n’avions qu’à nous rendre au parquet pour la réclamation. Le numéro du bureau où se présenter figurait sur la convocation. (…)

Emprisonner à des fins de disparition.

Au cours des années 80, Valère, mon jeune frère, a été détenu et battu à plusieurs reprises pour diverses raisons dont la contestation du calcul du montant des impôts locatifs et le refus de paiement. L’administration cherchait un prétexte pour le transférer légalement de la cellule de la zone de Kamenge à une cellule précise de la prison de Mpimba où Venant Ntwenga, notre père, avait passé ses derniers instants. C’est à ce moment qu’ « un Inconnu  au courant des particularités de notre famille» s’est présenté à maman. Il lui a dit : « Si Valère met un seul pied sur le camion à destination de Mpimba, tu sais ce qui adviendra par ce geste pour tes frères et toi. » Aussitôt, maman s’est empressée d’aller à la zone réclamer sa relaxe obtenue sur le champ.  

En janvier 2009, maman a porté plainte contre Valère au Tribunal de première instance de Ngagara. Elle lui refusait le droit d’installer un taxi vélo sur une parcelle du Secteur D. de  Kamenge. La plainte était « recevable ». Selon les consignes non-écrites lors des spoliations de 1972, Valère n’avait aucun droit sur la succession de son père. La maison du Secteur D de Kamenge appartenait aux locataires exilés Tutsi rwandais. Pourtant, lors des mesures dites d’Amnistie de 1974, la famille des locataires avait déménagé dans les vingt-quatre heures après notre demande de quitter les lieux. C’était sans compter avec leur discrétion efficace. Ils étaient partis en apparence pour mieux se manifester le moment venu. Le partage des biens des victimes du génocide  de 1972 est le fruit d’un calcul froid.

Spolier, d’abord, et tuer après.

Dominique (Majorico), mon parrain était agent de la Poste. Il convoyait les fonds postaux en mai 1972. Il repose à un endroit sur la route Kirundo - Muyinga où les engins de terrassement ont travaillé nuit et jour pendant deux semaines pour ensevelir les nombreux corps au mois de mai 1972. L’argent est arrivé à la destination initiale. Mais, « des gens » se sont  partagé la somme en pillards consciencieux. Les gardiens de la Mémoire ont assuré la continuité du travail d’information sur les circonstances exactes de la disparition de chaque membre du club des Bâtisseurs depuis l’assassinat de Pierre Ngendandumwe le 15 janvier 1965.

Légende : Majorico (Dominique), mon parrain en juin 1968.

A l’attention de sa famille, citez son nom.

Priver d’identité, entraver la liberté de  circulation et d’initiative.

Dès l’arrestation de mon père Venant Ntwenga le 1er ou le 2 mai 1972, tous ses biens ont été « confisqués »  dans la foulée y compris ses papiers personnels. Ainsi, ses enfants étaient condamnés à l’errance et à la pauvreté. Cette « confiscation » nous a privés de la preuve matérielle de notre domicile et de notre filiation. Une partie des papiers personnels de notre père a été rendue à maman, Marcelline Ndikumana, au moment des lois d’Amnistie de 1974. Mais, sur recommandation  de ses frères, elle les a gardés pour un usage personnel. Faute de la carte d’identité du père, notre fratrie a éprouvé des difficultés à remplir l’élémentaire carte d’identité. De mon côté, pour ne rien faciliter, chacun de mes passeports a été « perdu » par les services de l’Immigration au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt dix. Il a fallu systématiquement procéder à une demande de renouvellement. (…) Pour différentes démarches de l’état civil, il a fallu des notifications (parfois verbales), du chef de zone de Kamenge, François Shishikaye, voire même du maire de la ville de Bujumbura.

Majorico (Dominique)Spolier encore et toujours, puis agresser.

Au cours des vacances de Noël 1974, Bernard Kayibigi[13] m’a appelé depuis sa voiture à Kamenge secteur D n°19. Il m’a demandé de l’accompagner à la Banque nationale de développement économique  (B.N.D.E) dans le centre ville pour l’aider à s’approprier d’un petit crédit souscrit par mon père.

Je l’ai envoyé promener.

Quelques jours plus tard, j’ai été agressée sans violence par une connaissance de confiance.  (…)

Téléguider un « homme placé ».

Frédéric Wembakoy[14], sur recommandation des exilés Tutsi rwandais (naturalisés burundais), m’a présenté un des cousins de son père. Ma relation avec Pierre Mundeke N’koy, a débuté dans une ambiance de quiproquos et d’ultimatums d’où naîtront deux enfants. La rupture s’est déroulée quatre années après à l’auditorat militaire du 135ième Bataillon d’infanterie[15] des Forces Armées Zaïroises (FAZ) pour violence aggravée sur femme enceinte. Pour échapper à son agression en pleine nuit, je m’étais engouffrée rapidement chez Marc Kogoshi et sa famille dans le camp des enseignants du Lycée Mwenge wa Taïfa de Baraka (Centre)  dans le sud-Kivu en république démocratique du Congo. Choqué par le fait, que Pierre Mundeke N’koy ne respecte pas leur lieu de vie, ni leur choix de m’héberger momentanément, Marc Kogoshi avait porté plainte pour lui-même. Il bénéficiait de la protection du Haut Commissariat pour les Réfugiés (H.C.R .).  Je me suis retrouvée en détention dans ce camp militaire pour une nuit.. Le lendemain, l’officier nous a départagés.

Pierre Mundeke N’koy n’avait aucun droit sur moi.

Je suis sortie libre de l’audition.

Libre.

Les parents de mes élèves se sont entendus pour que l’un d’eux m’héberge en attendant la fin de l’année scolaire.

C’est à l’auditorat militaire de Baraka (Centre), que j’ai pris conscience pour la première fois de l’importance et l’efficacité des consignes d’exclusion, du harcèlement insoupçonné comme incessant liés au génocide de 1972 au Burundi. Lorsque l’officier lui a signifié que nous n’avions aucun lien officiel, Pierre Mundeke N’koy s’est effondré. Il s’est adossé au mur pour se retenir de ne pas tomber. « Ils » lui avaient dit qu’il pouvait faire de moi tout ce qu’il voulait, (…) personne ne viendrait réclamer !  « Avec le génocide de 1972, plus personne  de sa famille n’existait ! », expliquait- il à l’envie.

Pour éclairage, la présence de Pierre Mundeke N’koy au Burundi, s’explique par sa fuite du Zaïre après un coup d’état manqué en 1975 contre le président Mobutu. Ses proches connaissances ou ses parentés étaient impliquées dans la subversion. En échange d’un service à rendre, il  a été engagé en milieu du premier trimestre de l’année scolaire 1975-1976 comme professeur à l’Athénée secondaire de Bujumbura par Aimable Nibishaka  (exilé rwandais).

Nier le statut d’Humain aux survivants.

Quelques temps plus tard, la facette la plus incroyable au cours de cette « mésaventure », est la découverte d’avoir déjà été vendue par Pierre Mundeke N’koy. Il s’était débarrassé de moi comme d’une marchandise sans grande valeur ou d’une monnaie d’échange avec une plus value… dont un usurier se satisferait. Un épicier Mubembe, habitant le village avant celui de Mwamsombo sur la route principale en direction du  marché d‘Atanga (avant d’atteindre la rivière Mutambala), m’avait « achetée ». Je l’ai vu arriver sans crier gare et  m’expliquer que je savais tenir une épicerie.

- Désormais « je lui appartenais » !

Pierre Mundeke N’koy lui devait beaucoup d’argent dont des dettes de boisson. Combien de litres de Togwa (alcool doux à base de maïs), de Kindingi (alcool fort à base maïs, de racine de manioc, de pelure de banane plantain séchée), de bière industrielle ont été dans la balance ?  (…)    

Corrompre et compromettre pour mieux spolier.

Pour services rendus, Pierre Mundeke N’koy, a aussi été gratifié par l’obtention d’un crédit en dehors des critères règlementaires à la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE) à Bujumbura. A peine, a-t-il reçu l’entièreté de la somme de la part d’une main « généreuse », que quelques heures après, une autre main la lui a « retirée ».[16].

Effacer les preuves, où quelles soient.

A Montpellier, ma ville d’adoption depuis vingt ans, je subis au quotidien un dispositif de filature, harcèlement et de nuisances multiples, à la demande des commanditaires (et de leurs bénéficiaires) Tutsi burundais et Tutsi rwandais du génocide des Hutu du Burundi en 1972. Un exemple des agressions de ce dispositif permanent a été un vol par un artifice à l’intérieur de mon domicile. Effectué sans effraction visible, cette intrusion a permis aux commanditaires de s’emparer de la plupart des courriers et autres papiers administratifs certifiant de mon séjour dans cette partie de la République Démocratique du Congo de 1976 à 1980 (…) ainsi que le courrier de Bernard Kayibigi[17], le procureur de la république du Burundi en 1972.

Ce que l’officier de police n’avait pas obtenu en août 1989 à la zone de Kamenge quelques heures avant mon départ pour la France, a été récupéré en toute simplicité, quelques années après, comme « un jeu d’enfant ».        

Juin - Juillet 2010 : les Lois d’exception sont de retour

Chacun vient d’observer la poursuite du processus électoral, sur fond de tricheries (non-démenties avec preuve) aux élections communales. L’arbitraire des arrestations, les violences diverses et tant d’autres difficultés provoquent l’incompréhension chez la plupart des burundais. C’est l’application des Lois d’exception qui a vidé de son contenu démocratique le processus électoral en cours.

Mais, personne ne rappelle qu’un acteur-incitateur-témoin, M. Artémon Simbananiye, actuel conseiller spirituel du président Pierre Nkurunziza était à l’œuvre aux élections de 1965 sous la Royauté.[18](cfr Chronologie des élections en 1965)   

S’opposer aux Lois d’exception et dénoncer leur substance nocive constitue un recours contre l’injustice et l’arbitraire, que l’on soit simple citoyen, politicien burundais ou démocrate ami du Burundi.

Je demande que le contenu des Lois d’exception soit enfin rendu public et que leur abrogation soit effective.

A l’attention des familles et des autres personnes qui se reconnaissent dans les parlementaires de 1965, comme de ceux de 1993, tués parce qu’élus légitimes, il est grand temps d’organiser des moments de recueillement à l’Unisson en leur souvenir.

Il est grand temps, aussi, que le travail de justice se fasse.

Rendez-leur, leur place et  leur honneur.

Rose Ntwenga,  Montpellier, le 29/07/2010.


ANNEXE

CHRONOLOGIE DES FAITS LIES AU GENOCIDE DE 1972 -1973.

Extraits choisis des chapitres « Burundi »

de l’Année africaine 1972 (Birame Ndiaye) et L’Année africaine 1973 (Pierre Sanglar)

AVRIL 1972

- Le 24  janvier : Le Tribunal militaire de Bujumbura condamne à mort 9 personnes accusées de complot contre le gouvernement. Parmi ces personnes accusées, 3 anciens ministres. Sept peines de détention à vie, une de 20 ans, six acquittements ont été prononcées.

Le 5 février : Le président Micombero décide de prendre des mesures de clémence. Des peines de mort sont commuées en détention à perpétuité.

Le 11mars : -la République populaire de Chine accorde un prêt d’un milliard sept cent soixante millions deux cent cinquante mille francs burundais (20 millions de dollars) à la République  du Burundi.

- La délégation de la République populaire de Corée conduite par le ministre des Finances, M. Kin Ryeun, a terminé jeudi sa visite officielle d’une semaine au Burundi.

Le 1 er avril (en réalité le 31 mars) : Arrestation de l’ex Ntare V du Burundi.

Le 2 avril : Manifestations de soutien au président Micombero après l’arrestation de l’ex-roi Ntare V d’avoir tenté, à partir de l’Ouganda, d’envahir le Burundi avec l’aide des mercenaires blancs.

Les manifestants réclament un « jugement exemplaire ».

Le 3 avril : l’Ouganda dément avoir participé à une quelconque conspiration contre le régime de Micombero  et rend compte des tentatives de médiation entre Ntare V et le gouvernement du  Burundi qui avaient abouti au retour de l’ex-roi dans son pays.

Le 29 avril : le colonel Michel Micombero, chef  de l’Etat et du gouvernement décide de révoquer :

-          Tous les membres du gouvernement :

-          Le Secrétaire général du parti Union et Progrès national (UPRONA)

-          Les membres de cabinet

Les directeurs généraux des ministères expédient les affaires courantes.

 

MAI 1972

Le 1er mai : Mort de l’ex-roi Ntare au cours d’incidents sanglants où s’opposaient partisans et opposants  des  décisions du Président de la République Michel Micombero.

-          La situation à Bujumbura est entre les mains de l’armée.

-          Nomination de gouverneurs militaires dans chacune des huit provinces. Ils sont placés sous l’autorité directe de l’armée dont le colonel Micombero est le chef suprême.

Le 2 mai : M. [Térence] Nsanze, représentant du Burundi aux Nations Unies, au cours d’un déjeuner de presse, a rejeté les vieux clichés sur les luttes ethniques pour expliquer les évènements sanglants qui se sont produits dans son pays. Pour lui, la responsabilité de ces évènements incombe à des individus ou des intérêts privés qui ont financé l’opération dans le but de perpétrer un génocide, de prendre le pouvoir au Burundi, pour constituer une base d’attaque en vue d’un putsch contre le gouvernement de Kinshasa.  

Le 3 mai : Le ministre des Affaires Etrangères belge donne un avertissement au gouvernement du Burundi.

Le 4 mai : La voix de la Révolution commente la menace belge d’interrompre son assistance et la qualifie de « néocolonialiste rétrograde et paternaliste d’un autre âge ».

-          Mission de forces zaïroises au Burundi : protection de l’aéroport et du palais présidentiel

Le 7 mai : Les combats se poursuivent dans le sud du pays près de la frontière zaïroise. On enregistre les premières condamnations à mort prononcées par le conseil de guerre et suivies d’exécution à Bujumbura et à Gitega.

Le 12 mai : Départ des forces zaïroises.

Le 17 mai : Une version officielle des évènements parle d’une invasion du territoire par des nationaux armés et des rebelles mulelistes. Selon cette même source, les envahisseurs seraient partis de la Tanzanie et auraient pour objectif de renverser la République et instaurer un ordre fondé sur la suprématie Hutue.

Le 23 mai : Escale à Bujumbura du premier ministre tanzanien, du président du Conseil révolutionnaire de Somalie, du Secrétaire général de l’O.U.A, qui ont eu des entretiens avec le Président après avoir assisté au congrès du Mouvement populaire de la Révolution.

Le 24 mai : Le gouvernement belge charge son ambassadeur en consultation à Bruxelles, d’ « exprimer au chef de l’Etat du Burundi sa préoccupation et son espoir inquiet de voir restaurer l’ordre et la paix ».

Le 25 mai : Le représentant permanent du Burundi remet au Secrétaire général des Nations Unies le discours du président Micombero sur les évènements qui se sont récemment produits dans cet Etat.

Le 26 mai : La  Croix –Rouge internationale envoie une délégation.

Le 30 mai : On annonce à Kinshasa l’envoi d’une compagnie de forces armées zaïroises au Burundi à la demande de ce pays. 

 

JUIN 1972

Le 2 juin : Le ministre belge des Affaires étrangères, M. Pierre Harmel, informe le Sénat des évènements survenus au Burundi. Qualifiant les luttes intestines de tribalistes, M. Pierre Harmel a dit : « il n’appartient pas à un gouvernement aujourd’hui étranger, de porter un jugement sur les raisons qui ont contrecarré cette évolution pacifique et qui ont à nouveau fait surgir l’affrontement fratricide. Mais, un gouvernement ne restera pas indifférent lorsque les évènements d’une telle gravité surgissent dans un pays avec lequel, de la volonté commune, il est lié par des relations de coopérations.

-Le gouvernement belge demande aux autorités burundaises de réexaminer avec elles avant la fin du mois de juin, les « ajustements nécessaires aux accords de coopérations ».

Le 6 juin : Trente soldats burundais tués dans la région de Nyanza-Lac, au cours d’une attaque à laquelle auraient participé des éléments rebelles venus d’un camp muléliste situé en Tanzanie.

-Message du président Rwandais au colonel Michel Micombero pour l’exhorter à ramener la paix et faciliter le retour des fugitifs.

Le 8 juin : Dans une interview, le président Micombero, a entre autre, déclaré »une chose est certaine, c’est qu’il y a eu une véritable tentative de génocide contre les Tutsis. Tous devaient être tués de même que les Hutus, qui refusaient de suivre les rebelles… » « Nous menons une campagne de pacification » … »Ce sont les syndicats chrétiens et les autorités de la tutelle qui ont semé les divisions chez nous. Et voilà que l’on parle en Belgique de supprimer l’aide au Burundi parce que le drame  préparé par les Belges se produit ».

-          La délégation du Burundi aux Nations –Unies, publie un « Livre blanc » sur les causes et les conséquences réelles de la tentative de génocide contre l’ethnie Tutsi au Burundi. Il y est affirmé que la rébellion armée déclenchées le 29 avril a causé 50.000 victimes » sans compter les disparus et ceux qui se sont réfugiés en Tanzanie et au Zaïre ».

Le 14 juin : Bagarres entre étudiants hutus et tutsis à Liège;

-Discussions à la Commission du président européen pour les relations avec les Etats africains associés à la C.E.E. sur  les évènements du Burundi. Les parlementaires ont demandé à l’unanimité que la  C.E.E.  prenne des mesures de caractère humanitaire.

LE 17 juin : Mission d’aide humanitaire de l’O.N.U. au Burundi sous la direction de M.  Issoufou Djermakoye.

Le 21 juin : Le commandant en chef des forces armées burundaises, le lieutenant-colonel Thomas Ndabemeye, annonce la fin des opérations militaires au cours d’une réception offerte en l’honneur de tous les officiers burundais de l’armée nationale et coopérants militaires étrangers.

Le 23 juin : Arrivée d’une mission de l’O.N.U, chargée par le Secrétaire général de déterminer quelle forme d’aide humanitaire les Nations U nies pourraient apporter au Burundi.

Le 24 juin : M ; Djermakoye, secrétaire adjoint des Nations Unies et envoyé spécial de L. Kurt Waldheim, a visité vendredi matin les zones sinistrées du Burundi. Il s’est entretenu, à cette occasion, avec les autorités provinciales et religieuses des régions visitées.

Le 25-26 juin : Le Président de la République, M.Micombero, recevant la mission spéciale de l’O.N.U., a rendu hommage à la magnanimité du Secrétaire général Kurt Waldheim.

Le 28 juin : La mission spéciale des Nations –Unies conduite par le Secrétaire général adjoint, M. Djermakoye, a quitté Bujumbura aux termes d’un séjour d’une semaine.

Le  30 juin : Arrivée d’une délégation nord-coréenne conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères.

 

JUILLET 1972

Le 12 juillet : A Bujumbura, levée partielle du couvre –feu instauré sur toute l’étendue de la République, depuis le 1er mai, à la suite d’évènements sanglants.

Le 15 Juillet : Formation d’un nouveau gouvernement :

-M.Albin Nyamayar ( Nyamoya) (précédemment ministre de l’Agriculture et de l’Elevage) est nommé Premier  ministre ( poste nouvellement crée).

M. Albin Nyamayar ( Nyamoya) cumulera ses fonctions de Premier ministre avec celles de secrétaire exécutif du parti  et de ministre de l’intérieur.

- Affaires étrangères, M. Gabriel Mpozagara (anciennement procureur général).

- Santé Publique : Dr Charles Bitariho.

- Travaux  publics, Transport et Equipement : M. Longin Kanuma.

- Education nationale : M. Gilles Bimazubute (précédemment ambassadeur au Zaïre).

- Affaires sociales : M. Benoit Bihorubusa.

- Fonction Publique : M. Grégoire Barakamfitiye.

- Ministre délégué à la présidence : M. Antoine Ntahokaja (conserve son portefeuille).

- Ministre des Finances : Joseph Hicuburundi (conserve son portefeuille). 

- Ministre de l’Economie : Damien Barakamfitiye.

- Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage : M.Pierre Bigayimpuzi (précédemment ambassadeur à Bonn)

- Communications et aéronautique : M. Melchior Bwakira.

- Le 26 juillet : M. Simbananiye, ministre des  Affaires étrangères du Burundi a séjourné à Bruxelles où il a été reçu par son homologue belge, Pierre Harmel. Leurs entretiens ont été qualifiés de positifs par  le porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères.

- Le 29 juillet : La mission spéciale de l’O.N.U., dirigée par Issoufou Djermakoye et envoyée par Kurt Walfheim au Burundi, y a séjourné du 22 au 28 juin. Dans un rapport présenté par Kurt Waldheim sur la mission, il y est dit notamment :

« Le gouvernement du Burundi lui-même a informé la mission spéciale que 80.000personnes avaient péri depuis le 29 avril 1972 et que 500.000 personnes, y compris  50.000 veuves et des dizaines de milliers d’orphelins étaient en proie à de graves souffrances et avaient besoin d’une assistance humanitaire. »

 

AOUT 1972

Le 3 août : Arrivée à Bujumbura d’une mission technique de l’O.N.U., composée de M. Stanissis et Eugène Adobali. Elle est chargée, sur la demande des autorités burundaises, d’évaluer l’aide à apporter aux sinistrés.

 

NOVEMBRE 1972

Le 1er novembre : L’O.N.U.  envoie une aide alimentaire de 430.000$ aux réfugiés burundais en Tanzanie.

Le 17 novembre : Le Président de la République, secrétaire général du parti (UPRONA) nomme les membres du Comité central du parti.

Le 25 novembre : Le lieutenant-colonel Thomas Nolabemeye (Ndabemeye) nommé chef d’Etat-Major  général avec rang de ministre. 

 

DECEMBRE 1972

Le 2 décembre : Selon le ministre des Affaires étrangères, le gouvernement est en possession d’informations d’après lesquelles un nouveau »plan de massacre serait en cours  d’exécution ».

 

FEVRIER 1973

Le 19 février : Départ de M. Sékou Cissoko, secrétaire général du Mouvement panafricain de la Jeunesse (M.P.J.). Il assuré le soutien de son mouvement à l’UPRONA, parti de l’Unité et du progrès national, et à la jeunesse du Burundi. Le M.P.J. a pris fait et cause pour le Burundi lors de l’agression de mai 1972.

 

MARS 1973

Le 7 mars : inauguration d’un monument  «  aux membres  des forces armées tombées au champ d’honneur pour la préservation de la paix et de l’unité du pays » par le colonel Micombero.

Le 21 mars : Un communiqué du gouvernement  tanzanien affirme qu’un avion  burundais a bombardé le 15mars dernier  3 villages tanzaniens et fait 36morts : 8 tanzaniens et 28 réfugiés. L’attaque aurait eu lieu dans la partie nord du district de Kigoma.

 

AVRIL 1973

Le 3 avril : Le Burundi présente ses excuses au gouvernement tanzanien concernant le raid de l’aviation burundaise en territoire tanzanien.

(…)

 

MAI 1973

Le 11 mai : La radio du Burundi annonce que « des éléments rebelles munis d’armes automatiques, de flèches et de lances ont attaqué dans la nuit de jeudi à vendredi des populations paisibles, dans les régions de Nyanza-lac, Mabanda et Kiofi (Gihofi), dans le sud du pays, à la frontière tanzano-burundaise ». Il y aurait des morts et des blessés, sans toutefois préciser le nombre. La radio invite la population à la vigilance.

Le 12 mai : Réunion du Bureau politique national, instance suprême du Parti Uprona, afin d’analyser la situation posée par l’attaque de la nuit précédente.

De source tanzanienne, on annonce que des ressortissants burundais se sont réfugiés en Tanzanie.

Le 14 mai : Selon la radio du Burundi, la situation est « très calme » dans le sud du pays. Elle réfute des informations en provenance de Dar-Es-Salaam (Tanzanie) qui faisaient état d’une vaste progression des forces anti-gouvernementales vers Bujumbura.

M Arthémon Simbananiye, ministre des Affaires étrangères, convoque le corps diplomatique et consulaire pour l’informer de l’attaque de son pays par des éléments rebelles à partir de la Tanzanie et du Rwanda.

Le Président Amine, de l’Ouganda,  fait savoir au Président Micombero qu’il le soutient pour lutter contre les rebelles et lui propose une aide.

15 mai : Déclaration du Bureau politique du parti unique (Uprona) qui s’en prend aux « milieux politiques syndicaux chrétiens belges » qui soutiennent « certains étudiants burundais » dans leur haine tribale en leur permettant de se réunir et de collecter des fonds.

Le Rwanda est également accusé « non seulement d’armer les réfugiés burundais sur son territoire, mais d’envoyer des criminels attaquer le Burundi à partir de la Tanzanie ».

(…)

22 mai : M. Arthémon Simbananiye accuse en séance plénière des ministres de l’O.U.A. à Addis Abéba, la république du Rwanda d’être responsable des incidents survenus le 12 mai.

31 mai : Le gouvernement du Burundi exige du gouvernement rwandais :

-          Le respect de l’intégrité territoriale du Burundi ;

-          La non-immixtion dans les affaires intérieures du Burundi : éloignement des réfugiés ;

-          Le dédommagement des victimes de l’agression.

(…)

 

JUIN 1973

Le 20 juin : Création d’une Commission de la Défense par décret présidentiel.

Le 21 juin : Déclaration de l’épiscopat du Burundi qui fait appel aux chrétiens du monde entier afin de trouver les meilleures voies à la réconciliation et à l’unité. L’appel s’insurge contre la stratégie malicieuse qui n’aboutit qu’à favoriser la haine, la division et la conscientisation par le fait de martyrs provoqués.

(…)

Le 29 juin : La radio du Burundi annone que des rebelles ont attaqué des « populations paisibles » dans les régions frontalières du sud et de l’est du Burundi, dans les régions de Nyanza-lac et de Kiteranyi.

Le 30 juin : Dar-Es-Salaam (Tanzanie) fait état d’incidents frontaliers entre le Burundi et l a Tanzanie faisant 78 morts dans trois villages de réfugiés situés en territoire tanzanien. Le Burundi, après avoir démenti l’attaque, admet que ses troupes ont franchi la frontière et propose de dédommager les familles des victimes.

 

JUILLET 1973

Le 2 juillet :

-          Démenti de la « Voix de la Révolution » au sujet des incidents frontaliers ente le Burundi et la Tanzanie.

-          Décision des dockers tanzaniens de boycotter totalement le commerce avec le Burundi. Mesure très sévère puisque 85% des produits du Burundi transitent par la Tanzanie.

Le 3 juillet :

-          La Tanzanie remet au Burundi une note de protestation au sujet de l’attaque effectuée le 29 juin précédent par les troupes burundaises contre des villages tanzaniens. L’ordre de boycott lancé par les dockers tanzaniens est effectif et total dans les ports de Kigoma (sur le lac Tanganyika) et Dar –Es-Salaam (sur l’océan indien).

-          Le Président Micombero intervient auprès du général Gowon, président en exercice de l’O.U.A. et auprès de M. Nzo Ekangaki, secrétaire général de l’O.U.A., au sujet des différends frontaliers que connaît le Burundi ave leRwanda et la Tanzanie.

(…)

Le 9 juillet : Message du Président Micombero au Président Nyerere pour lui demander de lever le blocus qui « étrangle tout un peuple engagé dans la lutte contre l’impérialisme et contre toute exploitation ».

(…)

Le 12 juillet : Le colonel Micombero révèle à l’A.F.P. qu’une unité de l’armée tanzanienne a attaqué un poste de l’armée burundaise situé à Mugina, à 4 kms de la frontière près de Mabanda, dans le sud du pays. Une seconde attaque aurait eu lieu, le même jour et au même endroit, mais au mortier cette fois-ci. L’armée burundaise a été mise en état d’alerte ;

(…)

Le 15 juillet : M. Arthémon Simbananiye est reçu en audience par le Président Nyerere de Tanzanie.

(…)

Le 17 juillet : Le Président Nyerere a violement attaqué le Burundi dans une lettre adressée au général Gowon, Président de l’O.U.A. La lettre fait état de massacres qui se perpétuent.

Le 18 juillet : Entrevue tri-partite à Goma  (Zaïre) entre les Présidents Mobutu, Habyalimana et Micombero. Y assistait aussi le secrétaire général de l’O.U.A., M. Nzo Ekangaki. Le Burundi a retiré sa plainte contre le Rwanda devant les assises du dixième sommet de l’O.U.A. Les deux pays s’engagent dans la voie de la coopération et de l’amitié.

Le 19 juillet : M. Nzo Ekangaki arrive à Bujumbura et l’entretien qu’il a avec le colonel Micombero porte sur les incidents frontaliers avec la Tanzanie et sur le blocus économique dont est l’objet le Burundi.

Le 22 juillet : Rencontre au sommet à Dar-Es-Salaam entre le Président Mobutu, le Président Micombero et M. Julius Nyerere, Président de la Tanzanie. Dans le communiqué publié à l’issue de l’entretien, le Burundi exprime ses regrets pour l’attaque du 29 juin dernier, tandis que la Tanzanie s’engage à restaurer les relations normales, notamment commerciales, entre les deux pays.

Le 24 juillet : Les dockers tanzaniens mettent fin au boycottage des produits en provenance ou en partance du Burundi.

Le 25 juillet : Une ordonnance ministérielle signée du Président Micombero interdit l’Association d’entraide des Eglises de Pentecôte, accusée de subversion.

 

NOVEMBRE 1973

Le 6 novembre : De la Cité du Vatican, un missionnaire catholique au Burundi lance un appel à l’opinion publique étrangère pour qu’elle prenne conscience de la situation tragique qui se perpétue au Burundi, précisément à Gitéra [probablement Gitega] où se poursuivent des massacres et où le gouverneur a interdit l’Action catholique des enfants de Marie. De même à Gisanza (Gisanze), dans le diocèse de Muyinga, des missionnaires ont été mis aux arrêts. De la même source, le gouverneur burundais aurait déclaré publiquement son hostilité aux missionnaires, et plus généralement, au clergé catholique.

 


[1] A partir du 9 octobre  2009,  il adhère au parti Conseil national de défense de la démocratie- Force de Défense de la démocratie (CNDD-FDD) par une procédure d’exception ; voir l’article « Le couple Mpozagara Gabriel et Sinarinzi Candide entre au Cndd-Fdd par la petite porte » – burundibwiza.com le 14 octobre 2009.

[2] Jusqu’à preuve du contraire, le décret officiel de cette nomination n’a pas été rendu public.

[3] La procédure de levée enfreint tous les principes validés par les Nations Unies en matière d’Etat d’exception : principes de  promulgation, de notification, de temporalité, de menace exceptionnelle, de proportionnalité, de non discrimination, pour ne citer que ceux –là.

Voir rapport :   http://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G97/128/80/pdf/G9712880.pdf?OpenElement

Ces Lois d’exception sont illégales jusque dans la façon dont elles ont été levées.

Aux juristes et aux spécialistes de la question d’apporter leur connaissance pointue.

[4] Cfr : Le rapport de Whitaker. Commission économique et sociale des Nations-Unies sur les Droits de l’Homme. 2 juillet 1985.

[5] Juriste polonais (1900-1959).  (…) Il a forgé le mot »génocide » pour la première fois dans son ouvrage Axis Rule in Occupied Europe, publié en 1944 (…)

Extrait de : Qu’est-ce qu’un génocide ? Raphaël Lemkin, Editions du Rocher décembre 2007, 317 p.

[6] Ce sont les conclusions de deux textes, produits et avalisés au sein des Nations Unies, écrits par des experts reconnus et mandatés, qui font autorité aujourd’hui en matière de définition et délimitation de l’Etat d’exception :

-          L’étude de Nicole Questiaux, référence ONU E/CN.4/Sub2/1982/15,

-          L’étude de Léandro Despouy, rapporteur spécial, référence ONU E/CN.4/Sub2/1997/19

[7] Associations de consultants internationaux en droits de l’Homme. (C.I.D, Genève)

[8] idem

[9]Le Reportage : toute une vie, ailleurs. Ed Publibook 2005.

[10] Nègre-Fûté (du Club des Bâtisseurs) résident à Kamenge-Mayengo (côté Terminus) le père de Jean-Marie Njakazi (et ses deux frères candidats médecins, tous deux « disparus » lors des rafles organisées par l’armée en février-mars 1994 dans le quartier de Kamenge).

 L’arrestation  de Négre-fûté a eu lieu à cette période dans son bureau au ministère de Géologie et des  Mines. Toutes les cartes de prospection (dont celles du Haut-Congo) laissées par son prédécesseur belge ont disparu en même temps que lui.

A l’attention de sa famille : Citer son  nom. (…)

[11] Le site web iwacu-burundi.org a publié la première partie de « ma part de vérité » le 17 août 2009.

[12] Twarabishe, Turabacira urubanza, ubu ni twebwe tubavugira ijambo !

[13] A southern Tutsi. In 1971, he was UTB, Second National Secretary, Judiciary cadre section. He worked at Bujumbura parquet and was known as “the hangman” of Bujumbura, because he tortured prisoners. In April 1972, he was appointed Attorney General, replacing Nduwayo. During May 1972, he played a major role in reprisals against Hutu. (extrait du Dictionnaire du Burundi, Warren Weinstein, 1973)

[14] Son père Otetela (congoman) et le mien (du clan des Abahanza) partageaient le même statut de « commis » de l’administration de la Tutelle belge, comme auxiliaires, c’est à dire l’un dans le domaine de la santé, l’autre dans l’administration. Nous étions scolarisés dans la même école primaire Stella Matutina.

[15] Ce bataillon état commandé par le major Lubi, tombé au combat à Moba I.

[16] Plus si nécessité.

[17] Dans les années 80, ce dernier avait saisi le parquet de Bujumbura contre un exilé rwandais, l’occupant illégal d’une des maisons de l’Ocaf au quartier 1 de mon père. La grande conversation entre les profiteurs des biens des victimes Hutu de 1972 n’a pas encore eu lieu. Plusieurs contentieux subsistent entre les réels propriétaires de droit et les différents usurpateurs ou profiteurs des maisons,  parcelles et autres biens en provenance du  nord de la ville de Bujumbura. Etc.

Nul besoin de fin limier pour retrouver la  trace des uns et des autres.

Certains auraient dû se méfier.

[18] L’Année Africaine 1965. Robert Cornevin.

« - Le 10 mai 1965 : Début des opérations électorales qui ont comporté des incidents obligeant à recommencer les opérations dans 10% des bureaux de vote.

U.P.R.O.N.A : 21 sièges.

Parti du Peuple : 10 sièges ;

Individuels : 2 sièges.

- Le 19 juillet : Réunion de l’Assemblée à Kitega.

M. Bucumi élu président.

MM.Mirerekano et Mayondo. 1 er et 2ième vice-présidents.

- Le 24 juillet : Retour du Mwami au Burundi.

Discours du Mwami sur la Constitution et la Justice.

Le Mwami prend sous son autorité directe armée et gendarmerie.

- Le 2 août : Message du roi Mwambutsa aux députés, les invitant à procéder, conformément à la Constitution, à l’élection de huit sénateurs.

- Le 5 août : Les députés désignent huit sénateurs.

- Le 11 août : Les sénateurs cooptent les quatre autres.

- Le 2 septembre : arrêté - loi précisant la nouvelle législation de l’organisation communale qui ramène le nombre des communes de 181 à 78.

- Le 4 septembre : M. Bamina élu président du Sénat.

- Le 14 septembre : Le Mwami désigne M. Léopold Biha, jusqu’alors son secrétaire privé, comme formateur du prochain gouvernement qui doit mettre fin à une crise gouvernementale de quatre mois. (…)

- Le 2 octobre : Le Sénat et l’Assemblée adressent au roi Mwambutsa IV une protestation contre l’arrêté-loi de réforme communale. Ils exigent la ratification préalable par le Parlement et sinon, menacent de boycotter les prochaines élections communales.

- Le 6 octobre : Les présidents et vice-présidents de l’Assemblée s’élèvent contre le décret royal.

- Le 7 octobre : le Mwami réunit le Conseil de la Couronne, les présidents des Chambres, le premier ministre.

Les mesures sont prises quant à l’autorisation des réunions publiques.

- Le 22 octobre : Conférence de presse de M. Micombero, secrétaire d’état à la Défense nationale, qui fait le point de la situation et annonce que M.M. Bamina, Bucumi et Nacohoruri sont en état d’arrestation.

Le 28 octobre : Exécution d’Emile Bucumi, Président de l’Assemblée Nationale ; Mirerekano, Premier Vice-Président ; Mayondo, deuxième Vice-Président de l’Assemblée Nationale ; Ndimanya, premier Vice-Président du Sénat ; Karibwami, deuxième Vice-Président. ( …)

Le 29 novembre : -Paris : conférence de presse de M. Artémon Simbananiye, secrétaire d’Etat à la Justice, qui s’élève contre les interventions de la Croix-Rouge internationale, du B.I.T., de la Commission internationale des Juristes en faveur des accusés houtou (hutu).

Le 10 décembre : Notification aux autorités du Burundi de l’arrivée de M. Philippe Graven (de nationalité suisse), observateur de la Commission internationale des Juristes.

Le 14 décembre : - Bujumbura : arrivée de M. Philippe Graven (de nationalité suisse), observateur de la commission Internationale des Juristes.

Le 16 décembre : Exécution de 22 condamnés (dont Joseph Bamina, Président du Sénat.)

Le 17 décembre : M. Graven est reçu par le secrétaire d’Etat à la Justice M. Artémon Simbananiye.

Le 22 décembre : M. Graven est informé que les autorités du Burundi n’étaient pas disposées à communiquer

les pièces  du procès au secrétaire général  de la Commission. »

Honneur à :

- Emile Bucumi, Président de l’Assemblée, en octobre 1965. Il habitait au Quartier 5 de l’Office des Cités Africaines. Il travaillait dans un des services de la province de Muramvya. Il faisait la navette avec sa voiture chaque jour. Sa femme légitime est Tutsi. Malgré les pendaisons et autres exécutions, elle était passée nous réconforter (ma sœur et mon frère) en ce début des vacances de Noël 1965. Sa fille (aînée) s’appelle Marie. Comme Zacharie Ntiryica (ministre des travaux publics en 1963), Emile Bucumi n’était pas très enthousiaste pour acquérir une parcelle dans le quartier de Kamenge comme l’avait recommandé mon père à tous les des membres du Club Bâtisseurs. Il ne se voyait pas  lui et sa famille revivre dans le quartier populaire.

Rendez-lui sa place et son honneur ! A compléter par les autres dépositaires.

- Paul Mirerekano, Premier vice-Président de l’Assemblée, en octobre 1965. Il  habitait Rohero I, puis Rohero II,

Rendez-lui sa place et son honneur ! A compléter par les autres dépositaires.

- Patrice Mayondo, deuxième vice-Président de l’Assemblée nationale, résident  en octobre 1965 à Kamenge ( ?). Je ne me souviens pas de beaucoup d’éléments à son sujet, à l’exception du récit de son travail à la coopérative ( Ikigega ca Mayondo) . Rendez-lui sa place et son honneur !  A compléter par les autres dépositaires.

- Ignace Ndimanya, vice-président du Sénat, résident en octobre 1965 ( ?), sa famille et ses enfants habitaient le quartier de Kamenge après les exécutions. Rendez-lui sa place et son honneur. A compléter par les autres dépositaires

- Joseph Bamina, président du Sénat.

Rendez-lui sa place et son honneur.