Rose Ntwenga : Cruel constat de la continuité depuis le génocide de 1972 |
Opinion | |||||||||||||||
@rib News, 31/07/2010 Les Lois d’exception du génocide de 1972 au Burundi sont de retour. Transmission de mémoire. Montpellier (France), le 29 juillet 2010. Point de vue. La présence de Gabriel Mpozagara[1] aux côtés du président Pierre Nkurunziza nécessite beaucoup d’éclaircissements. En effet, sept mois après « sa nomination[2] » du 6 septembre 2005, les Lois d’exception de 1972 ont été levées le 26 avril 2006[3] sans que leur contenu ne soit énoncé publiquement. Les citoyens burundais ont réalisé que le système répressif en vigueur au moment du génocide en mai et juin 1972[4] est resté intact. Pendant trente quatre ans, le pays a évolué dans ce climat à leur insu. D’un autre côté, les régimes successifs ont donné l’impression de s’être distanciés des pratiques violentes du génocide de 1972. Cependant, la confusion et les différentes péripéties autour des élections en cours ramènent au grand jour des violences semblables à cette époque. Des mesures de contrainte et de privation dans un cadre annoncé normalement pour l’expression démocratique s’installent. Le manque de repères communs entre les Burundais (de différentes générations et origines) et les observateurs étrangers mène à une vision incomplète et des appréciations disparates sur les problèmes du Burundi. Plusieurs avis suivent pour rappeler quelques uns des aspects peu connus du génocide de mai et juin 1972, où les deux experts Gabriel Mpozagara, Arthémon Simbananiye et leurs associés sont parmi les acteurs majeurs de la politique du Burundi. Le pays traverse, en ce moment, un pic sérieux des conséquences du génocide de 1972. Les dirigeants actuels (issus des résistances armées) pensent avoir trouvé une nouvelle situation politique en rupture avec les pratiques violentes du passé grâce aux accords politiques d’Arusha de 2002. Pour beaucoup d’entre-eux, ils sont les enfants des victimes des précédents épisodes sanglants du pays. Contre toute attente, les mêmes acteurs importants de l'époque assis à des places différentes ont gardé leur entière capacité à dicter leur bon vouloir. Le constat de la continuité depuis le génocide de 1972 est visible. Les Lois d’exception, clé du génocide de 1972. Annoncées, jamais énoncées entièrement mais toujours appliquées, elles sont un élément central de l’entreprise du génocide des Hutu du Burundi dit « de 1972 ». Qu’est ce qu’un génocide ? Dans sa réponse à cette question, Rafaël Lemkin[5], démontre simplement le champ d’application des Lois d’exception. (…) D’une manière générale, le génocide ne signifie pas nécessairement la destruction immédiate d’une nation sauf quand il est accompli par un massacre de tous ses membres. Il signifie plutôt la mise en œuvre de différentes actions coordonnées qui visent à la destruction des fondements essentiels de la vie de groupes nationaux, en vue de leur anéantissement. Une telle politique a pour objectifs la désintégration de leurs institutions politiques et sociales, de leur culture, de leur langue, de leur conscience nationale, de leur religion et de leur existence économique, la destruction de la sécurité, de la liberté, de la santé, de la dignité individuelle et de la vie même des individus. Le génocide est dirigé contre un groupe national en tant qu’entité et les actions menées contre les individus, non pour ce qu’ils ont, mais pour l’appartenance à ce groupe. Détourner l’Etat d’exception[6] pour « légaliser » un génocide d’Etat. « L’Etat d’exception est une réalité de la vie politique et juridique des nations. Presque tous les Etats possèdent une législation pertinente à cet égard et les conventions internationales sur les droits de l’Homme contiennent des dispositions en la matière »[7] « Dans de nombreux pays, pour faire face aux situations exceptionnelles, les Gouvernements ont recours à l’état d’exception et suspendent l’application de lois protégeant les libertés. »[8] C’est ainsi que Gabriel Mpozagara et Artémon Simbananiye, juristes de formation, ont consciencieusement détournés le concept de l’Etat d’exception pour en faire un instrument de légalisation du génocide des Hutu du Burundi et de la spoliation de tous leurs biens et leurs initiatives en 1972-1973. De connivence avec les rebelles (Tutsi rwandais et zaïrois, parmi eux, d’anciens compagnons de lutte de Che Guevara en 1965 dans le Sud-Kivu au Congo) rentrés en cette fin d’avril 1972 en convois armés par le sud du pays, les autorités politiques ont dénoncé une « agression ». L’occasion, de fait, s’est présentée pour les autorités politiques et militaires de décréter un « Etat d’exception » censé protéger les citoyens sur toute l’étendue du territoire. A cet effet, l’Etat burundais s’est figé dans une posture très démonstrative de légitime défense. Cette situation de guerre, montée de toute pièce, a permis à « l’Etat » de commettre les nombreux crimes à travers tout le pays avec « la loi » de son côté. De plus, les différentes coopérations militaires étrangères ont épaulé l’armée burundaise à défendre « en toute légalité » son territoire à cette époque. Un génocide au ressort crapuleux. Bertrand C. Bellaigue, journaliste à l’Agence France Presse (AFP) relate :[9] … Tandis que se produisaient ces tueries au mois d’avril 1972, j’ai appris par un ami proche de la présidence, qu’un laboratoire volant, un avion venu d’Europe avec tout un équipage de géologues avait commencé, au dessus du Burundi une campagne d’études systématiques de « scintillation » et d’évaluation de présence de nickel détecté dans un gisement métallique de vingt-cinq sur quinze kilomètres de large. Ces études allaient se prolonger pendant deux mois [10]. Personne n’y avait fait allusion en dépit des dépêches transmises à ce sujet. Mais depuis cette date, les massacres ont continué pendant trois décennies jusqu’à la fin du siècle dans cette région que les Belges avaient décrite, comme »super-catho » en raison de l’action des religieuses et des missionnaires qui lui consacraient leur vie. S’agissait-il d’une affaire tribale ou d’un conflit artificiel, effroyablement sanglant, suscité par quelque groupe financier, sidérurgique ou minier international pour s’assurer une mainmise sur ce territoire ? Je ne l’ai jamais su. Le tout, comme si rien de tout cela n’avait jamais existé. On a simplement affirmé très officiellement qu’il n’y avait naturellement aucun lien de cause à effet entre les évènements qui ensanglantaient le pays, l’apostolat de deux pasteurs venus des Etats-Unis et de Suède pour enseigner aux Hutus primitifs la parole du Seigneur et la présence de ces chercheurs d’or. Par contre, il ne fut pas possible de cacher plus longtemps, au bout de trois décennies que, de toute façon les travaux de prospection avaient été couronnés de succès puisqu’ils avaient permis d’évaluer à deux cents millions de tonnes le potentiel du gisement découvert. Le 31 janvier 1999, un rapport de l’Onu rappelant les études entreprises en 1924 prouvait qu’il existe au Burundi, dans les provinces de Basuri ( Bururi ?), Karusin ( Karuzi), Rutana, et Ruyinga ( Muyinga) dans l’Est du pays, des réserves de minerai s’élevant à plus de 200 millions de tonnes. Le Burundi selon cette dépêche, regorgerait d’autres métaux, dont l’or et la cassitérite. Des discussions pour l’exploitation de ce pactole avaient commencé en 1993, mais « la crise d’octobre » durant laquelle des centaines de milliers d’autres africains avaient été massacrés, avait interrompu le processus. (…) Gabriel Mpozagara livre (la moitié de) sa « part de vérité ». En août 2009, Gabriel Mpozagara a livré sa « part de vérité »[11] pour justifier quarante ans après, l’une des phases majeures de l’enclenchement du génocide de 1972. En effet, il a ordonné l’exécution expéditive des officiers Hutu en 1969 ainsi que l’emprisonnement abusif de nombreuses autres personnes d’origine Hutu dans des conditions désastreuses. C’est avec aplomb qu’il a dévoilé le bien fondé de sa démarche[12]. En réalité, l’épisode des évènements « dits de 1969 » a été une série de prétextes créés de toutes pièces, juxtaposés, puis répandus dans divers milieux pour les discréditer. Les groupes ciblés sont restés dans l’étonnement du brouhaha autour d’eux. A peine arrêtées, les personnes étaient déjà coupables de faits invraisemblables. Conformément à la loi d’exception, des sanctions ont aussitôt été appliquées. Ainsi, Gabriel Mpozagara a brisé, avec la « bonne conscience » pour soi, la vie de plusieurs personnes. Ces sentences, ne reposant sur aucun délit, ont plongé les différentes structures familiales et sociales dans une précarité à tous points de vue. En plus, ces familles ont été livrées injustement à la désapprobation publique organisée. Quel crédit lui accorder pour la préparation et les conseils juridiques à attendre sur la création de la cour spéciale de justice et de la commission vérité-réconciliation proposée depuis 2005? Nous sommes nombreux à souffrir des fausses accusations portées contre nos parents, amis et connaissances du même groupe d’âge. Nous en subissons toujours les conséquences, encore aujourd’hui. Des individus, burundais comme étrangers, continuent de relayer ces fausses accusations, certains, par ignorance ou par préjugés. Mais à force de les répéter sans souci de vérification, elles finissent par paraître comme réelles dans l’esprit de beaucoup de personnes. Cette attitude, plus qu’un manque de respect de mise, relève d’une forme de racisme cordial. Répercussion des Lois d’exception de 1972 sur ma vie personnelle et ma famille. Spolier sans relâche à des fins de disparition. Je ne peux pas compter le nombre de fois où des convocations émises à mon nom provenaient du bureau de la zone de Kamenge, du parquet ou de la sûreté nationale. « Quelqu’un » avait besoin d’un objet de notre maison. Il le prenait en notre absence (la mienne et celles de mes frères et sœurs) avec l’accord de maman. Dans la suite, une convocation était confiée à un enfant mineur du voisinage d’à peine six ans afin de nous la remettre. Si nous n’étions pas contents, nous n’avions qu’à nous rendre au parquet pour la réclamation. Le numéro du bureau où se présenter figurait sur la convocation. (…) Emprisonner à des fins de disparition. Au cours des années 80, Valère, mon jeune frère, a été détenu et battu à plusieurs reprises pour diverses raisons dont la contestation du calcul du montant des impôts locatifs et le refus de paiement. L’administration cherchait un prétexte pour le transférer légalement de la cellule de la zone de Kamenge à une cellule précise de la prison de Mpimba où Venant Ntwenga, notre père, avait passé ses derniers instants. C’est à ce moment qu’ « un Inconnu au courant des particularités de notre famille» s’est présenté à maman. Il lui a dit : « Si Valère met un seul pied sur le camion à destination de Mpimba, tu sais ce qui adviendra par ce geste pour tes frères et toi. » Aussitôt, maman s’est empressée d’aller à la zone réclamer sa relaxe obtenue sur le champ. En janvier 2009, maman a porté plainte contre Valère au Tribunal de première instance de Ngagara. Elle lui refusait le droit d’installer un taxi vélo sur une parcelle du Secteur D. de Kamenge. La plainte était « recevable ». Selon les consignes non-écrites lors des spoliations de 1972, Valère n’avait aucun droit sur la succession de son père. La maison du Secteur D de Kamenge appartenait aux locataires exilés Tutsi rwandais. Pourtant, lors des mesures dites d’Amnistie de 1974, la famille des locataires avait déménagé dans les vingt-quatre heures après notre demande de quitter les lieux. C’était sans compter avec leur discrétion efficace. Ils étaient partis en apparence pour mieux se manifester le moment venu. Le partage des biens des victimes du génocide de 1972 est le fruit d’un calcul froid. Spolier, d’abord, et tuer après. Dominique (Majorico), mon parrain était agent de la Poste. Il convoyait les fonds postaux en mai 1972. Il repose à un endroit sur la route Kirundo - Muyinga où les engins de terrassement ont travaillé nuit et jour pendant deux semaines pour ensevelir les nombreux corps au mois de mai 1972. L’argent est arrivé à la destination initiale. Mais, « des gens » se sont partagé la somme en pillards consciencieux. Les gardiens de la Mémoire ont assuré la continuité du travail d’information sur les circonstances exactes de la disparition de chaque membre du club des Bâtisseurs depuis l’assassinat de Pierre Ngendandumwe le 15 janvier 1965. Légende : Majorico (Dominique), mon parrain en juin 1968. A l’attention de sa famille, citez son nom. Priver d’identité, entraver la liberté de circulation et d’initiative. Dès l’arrestation de mon père Venant Ntwenga le 1er ou le 2 mai 1972, tous ses biens ont été « confisqués » dans la foulée y compris ses papiers personnels. Ainsi, ses enfants étaient condamnés à l’errance et à la pauvreté. Cette « confiscation » nous a privés de la preuve matérielle de notre domicile et de notre filiation. Une partie des papiers personnels de notre père a été rendue à maman, Marcelline Ndikumana, au moment des lois d’Amnistie de 1974. Mais, sur recommandation de ses frères, elle les a gardés pour un usage personnel. Faute de la carte d’identité du père, notre fratrie a éprouvé des difficultés à remplir l’élémentaire carte d’identité. De mon côté, pour ne rien faciliter, chacun de mes passeports a été « perdu » par les services de l’Immigration au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt dix. Il a fallu systématiquement procéder à une demande de renouvellement. (…) Pour différentes démarches de l’état civil, il a fallu des notifications (parfois verbales), du chef de zone de Kamenge, François Shishikaye, voire même du maire de la ville de Bujumbura.
Au cours des vacances de Noël 1974, Bernard Kayibigi[13] m’a appelé depuis sa voiture à Kamenge secteur D n°19. Il m’a demandé de l’accompagner à la Banque nationale de développement économique (B.N.D.E) dans le centre ville pour l’aider à s’approprier d’un petit crédit souscrit par mon père. Je l’ai envoyé promener. Quelques jours plus tard, j’ai été agressée sans violence par une connaissance de confiance. (…) Téléguider un « homme placé ». Frédéric Wembakoy[14], sur recommandation des exilés Tutsi rwandais (naturalisés burundais), m’a présenté un des cousins de son père. Ma relation avec Pierre Mundeke N’koy, a débuté dans une ambiance de quiproquos et d’ultimatums d’où naîtront deux enfants. La rupture s’est déroulée quatre années après à l’auditorat militaire du 135ième Bataillon d’infanterie[15] des Forces Armées Zaïroises (FAZ) pour violence aggravée sur femme enceinte. Pour échapper à son agression en pleine nuit, je m’étais engouffrée rapidement chez Marc Kogoshi et sa famille dans le camp des enseignants du Lycée Mwenge wa Taïfa de Baraka (Centre) dans le sud-Kivu en république démocratique du Congo. Choqué par le fait, que Pierre Mundeke N’koy ne respecte pas leur lieu de vie, ni leur choix de m’héberger momentanément, Marc Kogoshi avait porté plainte pour lui-même. Il bénéficiait de la protection du Haut Commissariat pour les Réfugiés (H.C.R .). Je me suis retrouvée en détention dans ce camp militaire pour une nuit.. Le lendemain, l’officier nous a départagés. Pierre Mundeke N’koy n’avait aucun droit sur moi. Je suis sortie libre de l’audition. Libre. Les parents de mes élèves se sont entendus pour que l’un d’eux m’héberge en attendant la fin de l’année scolaire. C’est à l’auditorat militaire de Baraka (Centre), que j’ai pris conscience pour la première fois de l’importance et l’efficacité des consignes d’exclusion, du harcèlement insoupçonné comme incessant liés au génocide de 1972 au Burundi. Lorsque l’officier lui a signifié que nous n’avions aucun lien officiel, Pierre Mundeke N’koy s’est effondré. Il s’est adossé au mur pour se retenir de ne pas tomber. « Ils » lui avaient dit qu’il pouvait faire de moi tout ce qu’il voulait, (…) personne ne viendrait réclamer ! « Avec le génocide de 1972, plus personne de sa famille n’existait ! », expliquait- il à l’envie. Pour éclairage, la présence de Pierre Mundeke N’koy au Burundi, s’explique par sa fuite du Zaïre après un coup d’état manqué en 1975 contre le président Mobutu. Ses proches connaissances ou ses parentés étaient impliquées dans la subversion. En échange d’un service à rendre, il a été engagé en milieu du premier trimestre de l’année scolaire 1975-1976 comme professeur à l’Athénée secondaire de Bujumbura par Aimable Nibishaka (exilé rwandais). Nier le statut d’Humain aux survivants. Quelques temps plus tard, la facette la plus incroyable au cours de cette « mésaventure », est la découverte d’avoir déjà été vendue par Pierre Mundeke N’koy. Il s’était débarrassé de moi comme d’une marchandise sans grande valeur ou d’une monnaie d’échange avec une plus value… dont un usurier se satisferait. Un épicier Mubembe, habitant le village avant celui de Mwamsombo sur la route principale en direction du marché d‘Atanga (avant d’atteindre la rivière Mutambala), m’avait « achetée ». Je l’ai vu arriver sans crier gare et m’expliquer que je savais tenir une épicerie. - Désormais « je lui appartenais » ! Pierre Mundeke N’koy lui devait beaucoup d’argent dont des dettes de boisson. Combien de litres de Togwa (alcool doux à base de maïs), de Kindingi (alcool fort à base maïs, de racine de manioc, de pelure de banane plantain séchée), de bière industrielle ont été dans la balance ? (…) Corrompre et compromettre pour mieux spolier. Pour services rendus, Pierre Mundeke N’koy, a aussi été gratifié par l’obtention d’un crédit en dehors des critères règlementaires à la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE) à Bujumbura. A peine, a-t-il reçu l’entièreté de la somme de la part d’une main « généreuse », que quelques heures après, une autre main la lui a « retirée ».[16]. Effacer les preuves, où quelles soient. A Montpellier, ma ville d’adoption depuis vingt ans, je subis au quotidien un dispositif de filature, harcèlement et de nuisances multiples, à la demande des commanditaires (et de leurs bénéficiaires) Tutsi burundais et Tutsi rwandais du génocide des Hutu du Burundi en 1972. Un exemple des agressions de ce dispositif permanent a été un vol par un artifice à l’intérieur de mon domicile. Effectué sans effraction visible, cette intrusion a permis aux commanditaires de s’emparer de la plupart des courriers et autres papiers administratifs certifiant de mon séjour dans cette partie de la République Démocratique du Congo de 1976 à 1980 (…) ainsi que le courrier de Bernard Kayibigi[17], le procureur de la république du Burundi en 1972. Ce que l’officier de police n’avait pas obtenu en août 1989 à la zone de Kamenge quelques heures avant mon départ pour la France, a été récupéré en toute simplicité, quelques années après, comme « un jeu d’enfant ». Juin - Juillet 2010 : les Lois d’exception sont de retour Chacun vient d’observer la poursuite du processus électoral, sur fond de tricheries (non-démenties avec preuve) aux élections communales. L’arbitraire des arrestations, les violences diverses et tant d’autres difficultés provoquent l’incompréhension chez la plupart des burundais. C’est l’application des Lois d’exception qui a vidé de son contenu démocratique le processus électoral en cours. Mais, personne ne rappelle qu’un acteur-incitateur-témoin, M. Artémon Simbananiye, actuel conseiller spirituel du président Pierre Nkurunziza était à l’œuvre aux élections de 1965 sous la Royauté.[18](cfr Chronologie des élections en 1965) S’opposer aux Lois d’exception et dénoncer leur substance nocive constitue un recours contre l’injustice et l’arbitraire, que l’on soit simple citoyen, politicien burundais ou démocrate ami du Burundi. Je demande que le contenu des Lois d’exception soit enfin rendu public et que leur abrogation soit effective. A l’attention des familles et des autres personnes qui se reconnaissent dans les parlementaires de 1965, comme de ceux de 1993, tués parce qu’élus légitimes, il est grand temps d’organiser des moments de recueillement à l’Unisson en leur souvenir. Il est grand temps, aussi, que le travail de justice se fasse. Rendez-leur, leur place et leur honneur. Rose Ntwenga, Montpellier, le 29/07/2010. ANNEXE CHRONOLOGIE DES FAITS LIES AU GENOCIDE DE 1972 -1973. Extraits choisis des chapitres « Burundi » de l’Année africaine 1972 (Birame Ndiaye) et L’Année africaine 1973 (Pierre Sanglar) AVRIL 1972
MAI 1972
JUIN 1972
JUILLET 1972
AOUT 1972
NOVEMBRE 1972
DECEMBRE 1972
FEVRIER 1973
MARS 1973
AVRIL 1973
MAI 1973
JUIN 1973
JUILLET 1973
NOVEMBRE 1973
[1] A partir du 9 octobre 2009, il adhère au parti Conseil national de défense de la démocratie- Force de Défense de la démocratie (CNDD-FDD) par une procédure d’exception ; voir l’article « Le couple Mpozagara Gabriel et Sinarinzi Candide entre au Cndd-Fdd par la petite porte » – burundibwiza.com le 14 octobre 2009. [2] Jusqu’à preuve du contraire, le décret officiel de cette nomination n’a pas été rendu public. [3] La procédure de levée enfreint tous les principes validés par les Nations Unies en matière d’Etat d’exception : principes de promulgation, de notification, de temporalité, de menace exceptionnelle, de proportionnalité, de non discrimination, pour ne citer que ceux –là. Voir rapport : http://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G97/128/80/pdf/G9712880.pdf?OpenElement Ces Lois d’exception sont illégales jusque dans la façon dont elles ont été levées. Aux juristes et aux spécialistes de la question d’apporter leur connaissance pointue. [4] Cfr : Le rapport de Whitaker. Commission économique et sociale des Nations-Unies sur les Droits de l’Homme. 2 juillet 1985. [5] Juriste polonais (1900-1959). (…) Il a forgé le mot »génocide » pour la première fois dans son ouvrage Axis Rule in Occupied Europe, publié en 1944 (…) Extrait de : Qu’est-ce qu’un génocide ? Raphaël Lemkin, Editions du Rocher décembre 2007, 317 p. [6] Ce sont les conclusions de deux textes, produits et avalisés au sein des Nations Unies, écrits par des experts reconnus et mandatés, qui font autorité aujourd’hui en matière de définition et délimitation de l’Etat d’exception : - L’étude de Nicole Questiaux, référence ONU E/CN.4/Sub2/1982/15, - L’étude de Léandro Despouy, rapporteur spécial, référence ONU E/CN.4/Sub2/1997/19 [7] Associations de consultants internationaux en droits de l’Homme. (C.I.D, Genève) [8] idem [9]Le Reportage : toute une vie, ailleurs. Ed Publibook 2005. [10] Nègre-Fûté (du Club des Bâtisseurs) résident à Kamenge-Mayengo (côté Terminus) le père de Jean-Marie Njakazi (et ses deux frères candidats médecins, tous deux « disparus » lors des rafles organisées par l’armée en février-mars 1994 dans le quartier de Kamenge). L’arrestation de Négre-fûté a eu lieu à cette période dans son bureau au ministère de Géologie et des Mines. Toutes les cartes de prospection (dont celles du Haut-Congo) laissées par son prédécesseur belge ont disparu en même temps que lui. A l’attention de sa famille : Citer son nom. (…) [11] Le site web iwacu-burundi.org a publié la première partie de « ma part de vérité » le 17 août 2009. [12] Twarabishe, Turabacira urubanza, ubu ni twebwe tubavugira ijambo ! [13] A southern Tutsi. In 1971, he was UTB, Second National Secretary, Judiciary cadre section. He worked at Bujumbura parquet and was known as “the hangman” of Bujumbura, because he tortured prisoners. In April 1972, he was appointed Attorney General, replacing Nduwayo. During May 1972, he played a major role in reprisals against Hutu. (extrait du Dictionnaire du Burundi, Warren Weinstein, 1973) [14] Son père Otetela (congoman) et le mien (du clan des Abahanza) partageaient le même statut de « commis » de l’administration de la Tutelle belge, comme auxiliaires, c’est à dire l’un dans le domaine de la santé, l’autre dans l’administration. Nous étions scolarisés dans la même école primaire Stella Matutina. [15] Ce bataillon état commandé par le major Lubi, tombé au combat à Moba I. [16] Plus si nécessité. [17] Dans les années 80, ce dernier avait saisi le parquet de Bujumbura contre un exilé rwandais, l’occupant illégal d’une des maisons de l’Ocaf au quartier 1 de mon père. La grande conversation entre les profiteurs des biens des victimes Hutu de 1972 n’a pas encore eu lieu. Plusieurs contentieux subsistent entre les réels propriétaires de droit et les différents usurpateurs ou profiteurs des maisons, parcelles et autres biens en provenance du nord de la ville de Bujumbura. Etc. Nul besoin de fin limier pour retrouver la trace des uns et des autres. Certains auraient dû se méfier. [18] L’Année Africaine 1965. Robert Cornevin. « - Le 10 mai 1965 : Début des opérations électorales qui ont comporté des incidents obligeant à recommencer les opérations dans 10% des bureaux de vote. U.P.R.O.N.A : 21 sièges. Parti du Peuple : 10 sièges ; Individuels : 2 sièges. - Le 19 juillet : Réunion de l’Assemblée à Kitega. M. Bucumi élu président. MM.Mirerekano et Mayondo. 1 er et 2ième vice-présidents. - Le 24 juillet : Retour du Mwami au Burundi. Discours du Mwami sur la Constitution et la Justice. Le Mwami prend sous son autorité directe armée et gendarmerie. - Le 2 août : Message du roi Mwambutsa aux députés, les invitant à procéder, conformément à la Constitution, à l’élection de huit sénateurs. - Le 5 août : Les députés désignent huit sénateurs. - Le 11 août : Les sénateurs cooptent les quatre autres. - Le 2 septembre : arrêté - loi précisant la nouvelle législation de l’organisation communale qui ramène le nombre des communes de 181 à 78. - Le 4 septembre : M. Bamina élu président du Sénat. - Le 14 septembre : Le Mwami désigne M. Léopold Biha, jusqu’alors son secrétaire privé, comme formateur du prochain gouvernement qui doit mettre fin à une crise gouvernementale de quatre mois. (…) - Le 2 octobre : Le Sénat et l’Assemblée adressent au roi Mwambutsa IV une protestation contre l’arrêté-loi de réforme communale. Ils exigent la ratification préalable par le Parlement et sinon, menacent de boycotter les prochaines élections communales. - Le 6 octobre : Les présidents et vice-présidents de l’Assemblée s’élèvent contre le décret royal. - Le 7 octobre : le Mwami réunit le Conseil de la Couronne, les présidents des Chambres, le premier ministre. Les mesures sont prises quant à l’autorisation des réunions publiques. - Le 22 octobre : Conférence de presse de M. Micombero, secrétaire d’état à la Défense nationale, qui fait le point de la situation et annonce que M.M. Bamina, Bucumi et Nacohoruri sont en état d’arrestation. Le 28 octobre : Exécution d’Emile Bucumi, Président de l’Assemblée Nationale ; Mirerekano, Premier Vice-Président ; Mayondo, deuxième Vice-Président de l’Assemblée Nationale ; Ndimanya, premier Vice-Président du Sénat ; Karibwami, deuxième Vice-Président. ( …) Le 29 novembre : -Paris : conférence de presse de M. Artémon Simbananiye, secrétaire d’Etat à la Justice, qui s’élève contre les interventions de la Croix-Rouge internationale, du B.I.T., de la Commission internationale des Juristes en faveur des accusés houtou (hutu). Le 10 décembre : Notification aux autorités du Burundi de l’arrivée de M. Philippe Graven (de nationalité suisse), observateur de la Commission internationale des Juristes. Le 14 décembre : - Bujumbura : arrivée de M. Philippe Graven (de nationalité suisse), observateur de la commission Internationale des Juristes. Le 16 décembre : Exécution de 22 condamnés (dont Joseph Bamina, Président du Sénat.) Le 17 décembre : M. Graven est reçu par le secrétaire d’Etat à la Justice M. Artémon Simbananiye. Le 22 décembre : M. Graven est informé que les autorités du Burundi n’étaient pas disposées à communiquer les pièces du procès au secrétaire général de la Commission. » Honneur à : - Emile Bucumi, Président de l’Assemblée, en octobre 1965. Il habitait au Quartier 5 de l’Office des Cités Africaines. Il travaillait dans un des services de la province de Muramvya. Il faisait la navette avec sa voiture chaque jour. Sa femme légitime est Tutsi. Malgré les pendaisons et autres exécutions, elle était passée nous réconforter (ma sœur et mon frère) en ce début des vacances de Noël 1965. Sa fille (aînée) s’appelle Marie. Comme Zacharie Ntiryica (ministre des travaux publics en 1963), Emile Bucumi n’était pas très enthousiaste pour acquérir une parcelle dans le quartier de Kamenge comme l’avait recommandé mon père à tous les des membres du Club Bâtisseurs. Il ne se voyait pas lui et sa famille revivre dans le quartier populaire. Rendez-lui sa place et son honneur ! A compléter par les autres dépositaires. - Paul Mirerekano, Premier vice-Président de l’Assemblée, en octobre 1965. Il habitait Rohero I, puis Rohero II, Rendez-lui sa place et son honneur ! A compléter par les autres dépositaires. - Patrice Mayondo, deuxième vice-Président de l’Assemblée nationale, résident en octobre 1965 à Kamenge ( ?). Je ne me souviens pas de beaucoup d’éléments à son sujet, à l’exception du récit de son travail à la coopérative ( Ikigega ca Mayondo) . Rendez-lui sa place et son honneur ! A compléter par les autres dépositaires. - Ignace Ndimanya, vice-président du Sénat, résident en octobre 1965 ( ?), sa famille et ses enfants habitaient le quartier de Kamenge après les exécutions. Rendez-lui sa place et son honneur. A compléter par les autres dépositaires - Joseph Bamina, président du Sénat. Rendez-lui sa place et son honneur. |