Burundi : La lutte contre le Sida minée par des soupçons de corruption |
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Youphil, 24/08/2010 Chemk'Africa| Edgar C. Mbanza Alors que les séropositifs s'inquiètent de la mauvaise gestion des médicaments, une ministre des droits de l'Homme est accusée de vol. Les associations se mobilisent. L'association burundaise de lutte contre la corruption (Olucome) est catégorique : après enquête, elle affirme que l'ancienne ministre Rose Nduwayo, chargée des droits de l'Homme jusqu'en février dernier, a détourné plus de 60 millions de francs locaux (environ 40.000 euros). Elle aurait retiré cet argent du trésor public en prétextant un projet d’assistance aux femmes victimes des violences "sauf que ce programme n'a jamais eu lieu", affirme un cadre actuel du ministère. L'ancienne ministre vit actuellement à l'étranger. Burundi : La lutte contre le Sida minée par des soupçons de corruption Youphil, 24/08/2010 Chemk'Africa| Edgar C. Mbanza Alors que les séropositifs s'inquiètent de la mauvaise gestion des médicaments, une ministre des droits de l'Homme est accusée de vol. Les associations se mobilisent. L'association burundaise de lutte contre la corruption (Olucome) est catégorique : après enquête, elle affirme que l'ancienne ministre Rose Nduwayo, chargée des droits de l'Homme jusqu'en février dernier, a détourné plus de 60 millions de francs locaux (environ 40.000 euros). Elle aurait retiré cet argent du trésor public en prétextant un projet d’assistance aux femmes victimes des violences "sauf que ce programme n'a jamais eu lieu", affirme un cadre actuel du ministère. L'ancienne ministre vit actuellement à l'étranger. Au début de cette année, elle avait déjà défrayé la chronique lorsque la presse avait révélé qu'elle percevait un double salaire, celui de ministre et celui d’enseignant qu’elle aurait continué à percevoir après sa nomination au gouvernement. Elle avait été immédiatement limogée. Malversations financières."Ce cas de détournement nous invite à la vigilance quant à la recrudescence de nouvelles formes de malversations financières et de corruption des fonds destinés au développement et aux programmes d'assistance humanitaire", rappelle un responsable d'une association d'aide aux sinistrés de la guerre. D'après un autre responsable burundais de la société civile, "l'argent de la reconstruction est de plus en plus détourné parce que les dispositifs de financements ainsi que l'évaluation des projets sont souvent très lourds, ce qui ne facilite pas la transparence et le contrôle citoyen". C'est un autre cas, cette fois de "mauvaise gestion" qui agite le monde associatif burundais, plus précisément les organisations des communautés vivant avec le sida. Le Collectif des associations des personnes vivant avec le sida (Capes) s’inquiète de la non-disponibilité des médicaments contre les infections opportunistes et des antirétroviraux, demandant même une commission d'enquête. "C’est à partir des investigations menées par cette commission qu’on saura qui est responsable de la mauvaise gestion des médicaments", déclare Hamza Venant, président et représentant légal du collectif. Non-transparence. La situation inquiète sérieusement les associations. En plus des cas de mauvaise gestion et de manque de coordination signalés au niveau des diverses structures partenaires du dispositif de soins (communautés, centrale d'achat, ministère de la santé, ministère de lutte contre le sida, le CNLS, les structures hospitalières...), le Burundi a vu sa demande de financement rejeté par le Fonds mondial de lutte contre le sida en 2008. Le pays doit donc trouver des alternatives afin de payer les factures. D'après les chiffres officiels, sur 59.000 Burundais ayant besoin d’antiretroviraux, seulement 20.000 en reçoivent. "Ce n'est pas avec une gestion lourde, inefficace et non-transparente que nous allons convaincre les bienfaiteurs", regrette un responsable associatif. Des membres du réseau burundais des personnes vivant avec le VIH (Rbp+) affirment ne plus bénéficier d'un système qui leur permettait jusqu'aujourd'hui de recevoir gratuitement des traitements. Par ailleurs, les médicaments, comme le Bactrim, manquent dans les stocks comme au Prince Régent Charles de Bujumbura, le principal hôpital public du pays. "S’il n’y a pas de nouvel approvisionnement, nous ne couvrirons pas ce mois (août)", déclare à la presse locale le responsable de l'unité sida de l'hôpital, qui précise que le gouvernement n'assure plus les livraisons habituelles depuis juillet dernier. Incompréhensions. Dans les communautés vivant avec le VIH, la colère est grande d'autant plus qu'il y aurait en réalité des médicaments dans les principaux stocks, mais qu'ils seraient très mal distribués. De leur côté, les autorités multiplient les messages pour tranquiliser les patients et leurs familles. Elles affirment avoir demandé aux structures sanitaires de continuer à offrir un soutien médical gratuit aux patients, exigeant en revanche la transmission des factures accompagnées par "des preuves que les réserves avaient été faites pour soigner les nécessiteux", précise-t-on. Victimes de la corruption. Des sources médicales confirment en effet que l'une des causes de cette désorganisation serait le fait que les médicaments "ne vont pas toujours à ceux qui devraient en recevoir. (...) Nous soupçonnons un certain manque de rigueur dans la détermination qui a droit ou non aux médicaments", confie un médecin du nord du pays. Le Burundi, qui sort de plusieurs années de guerre civile, fait partie des pays les plus touchés par le sida. En attendant l'assainissement du dispositif de prise en charges des sidéens, les associations s'impatientent: d'après elles, 17 personnes seraient déjà mortes par manque de ces médicaments, ces dernières semaines... A bientôt. |