Investiture de Nkurunziza : A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire
Analyses

L'Observateur Paalga, 29 août 2010

Une chose est sûre : le président burundais, Pierre Nkurunziza, investi le 26 août 2010, ne devrait pas être très fier du contenu de sa tribune officielle. A moins d’être désincarné, il se dira qu’il manque de consistance. De tous les chefs d’Etats invités, seul son voisin du Rwanda, Paul Kagamé, était à ses côtés.

Il n’y avait donc que Pierre …et Paul. Etaient néanmoins présents les vice-présidents de l’Angola, du Nigeria et de la Zambie, ainsi qu’une vingtaine de délégations étrangères. Mais quel maigre lot de consolation !

Tous les calendriers de ses homologues étaient-ils chargés ce jour-là au point de décliner son invitation ? Pire, même les voisins immédiats de cet ancien professeur d’éducation physique, devenu président en 2005, que sont Joseph Kabila (République démocratique du Congo) et Jakaya Kikwete (Tanzanie) se sont inscrits aux abonnés absents. Ne parlons surtout pas de ceux qui devraient venir de loin pour assister à la cérémonie.

Il est quelque part vrai que ceux qui n’ont pas effectué le déplacement de Bujumbura ne sont pas de grands exemples de probité politique ; à quelques exceptions près bien sûr. La défection de part et d’autre peut avoir plusieurs origines. Parmi lesquelles, l’on peut citer la qualité du scrutin remporté par l’ex-chef rebelle, qui a fait cavalier seul après le boycott total de l’opposition dont le principal leader est d’ailleurs en fuite.

Les élections d’avant, les municipales, auraient été entachées de fraudes massives, selon bien des observateurs. Pour cette présidentielle, le nouveau président s’en est tiré avec un score de 91%. Difficile donc d’en être très fier quand on voit la défection des potentiels candidats et le taux d’abstention. Alors, est tout trouvé le prétexte pour beaucoup de dirigeants de ne pas se présenter à son investiture. Le petit côté moral de cette histoire est qu’« à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».