Tueries de Rukoko : un dissident du FNL essaie d'impliquer l’opposition
Politique

@rib News, 17/09/2010

Le président d’une aile dissidente du parti FNL, Emmanuel Miburo, est sorti de sa coquille pour accuser les membres et surtout les leaders des partis politiques de l’opposition d’être derrière la montée de l’insécurité généralisée qui prévaut actuellement dans le pays.

Au lendemain des attaques de Rukoko dans un champ de canne à sucre appartenant à un homme d’affaire du nom de Barankiriza, l’aile dissidente du parti FNL, soutenue par le parti présidentielle CNDD-FDD, a affirmé dans un communiqué que le président du FNL Agathon Rwasa et les autres opposants politiques sont impliqués dans ces attaques.

« Nous avons des preuves que même l’ancien porte-parole du parti FNL, que les uns croient qu’il a été kidnappé, Jean Bosco Havyarimana se trouve en Tanzanie en train de rassembler les jeunes pour se battre contre le pouvoir en place », a déclaré Emmanuel Miburo, qui passe à la vitesse supérieure pour accuser Agathon Rwasa de collaborer avec les FDLR, groupe rebelle des Hutu rwandais de l’Est de la RD Congo.

L’opposition burundaise réunie au sein de l’Alliance des Démocrates pour le Changement (ADC-Ikibiri) crie au scandale. Le vice-président du parti FRODEBU Frédéric Bamvuginyumvira se dit sidéré par le comportement d’Emmanuel Miburo d’accuser à tort et à travers un groupe politique qu’est l’ADC-Ikibiri. « Nous demandons que les innocents ne soient plus accusé comme ça », a déclaré le vice-président du FRODEBU qui trouve qu’il y a aussi d’autres moyens de chercher des avantages auprès des dirigeant sans pour autant accuser les innocents.

Le chef de l’aile dissidente du FNL qui tente d’établir un lien entre ce qui se passe à Rukoko et les FDLR le fait sciemment. Emmanuel Miburo a eu l’aval du pouvoir pour évincer Agathon Rwasa de la tête du parti FNL. Cependant, il était en congé car ça faisait longtemps qu’il ne parle pas sur les ondes des radios locales.

Selon les observateurs de la politique burundaise, cette sortie médiatique est une preuve de plus que son groupe au service du parti présidentiel. Selon eux, ce que le pouvoir en place ne peut pas affirmer directement, il le fait à travers d’autres canaux, à savoir Miburo Emmanuel et son aile dissidente du FNL.

Des interrogations ne manquent pas : comment Miburo et son aile puissent se substituer à la police pour  accuser l’opposition de commanditer ces attaques ? Pourquoi le pouvoir nie toujours l’existence de groupes armés qui ne cessent pas de faire des attaques au Burundi mais passe par Miburo pour faire des déclarations comme si c’est à lui, plutôt qu’à la police, de rendre des comptes à la population ?

Pour rappel, ces attaques avaient eu lieu avant-hier mercredi dans la réserve de Rukoko dans une plantation de sucre où plus de 10 personnes essentiellement des travailleurs avaient trouvé la mort.

Quelques heures plus tard, une autre attaque a eu lieu dans un secteur pastoral de Musigati. Une quarantaine de vaches ont été tuées par balles et machettes. 7 autres et une multitude de moutons ont été aussi volés, a-t-on constaté sur place.  Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres.

A l’issu de ces attaques dans ce secteur pastoral, une vache dont le coût s’élevait à 600$ est retombée à moins de 50$, attirant ainsi les populations de Bubanza et des environs, des populations qui aiment, de part la culture, la viande. [ND]