Cadavres découverts dans la Rusizi : réactions des familles de disparus
Société

@rib News, 28/09/2010

Les familles des personnes retrouvées mortes la semaine dernière dans la rivière Rusizi disent avoir été étonné par l’annonce de la mort des leurs alors qu’ils les croyaient partis à la recherche de revenus.

Ezechiel Hatungimana, père de feu Ndikumukiza Siméon retrouvé mort la semaine dernière, souligne qu’il a été informé par la voie des ondes de la mort de son fils. « Je croyais que mon fils était dans la province de Cibitoke comme la plupart des jeunes de notre commune » nous a-t-il dit. « C’est à grande surprise que j’ai appris sa mort par la voie des ondes des radios », a-t-il poursuivi avant d’exploser en larmes.

Une autre personne dont le frère a été découvert mort à Rukoko nous a déclaré que son fils était un démobilisé du parti FNL, qui avait quitté la rébellion avec le grade de major et qu’il vendait depuis des arachides. « Il ne vendait que des arachides en provenance de Muyinga » nous a révélé Sindihebura Frédéric, frère de Banani Emmanuel, lui aussi trouvé mort et enterré à Kajaga il y a une semaine.

Cependant, l’une des personnes que l’on croyait morte est en vie. C’est un démobilisé appelé Ndayishimiye Jean Marie. Il a révélé qu’il avait donné son identité à Banani Emmanuel lorsqu’ils revenaient de la commune Nyamurenza pour enregistrer à l’état civil son enfant qui venait de naître, nous a-t-il déclaré. « Banani, qui était l’un de mes meilleurs amis serait parti sans me rendre mon identité et est mort avec », a indiqué Ndayishimiye.

Les familles des victimes rencontrées à Mushonge en commune de Nyamurenza ont demandé au président de la République Pierre Nkurunziza d’user de son pouvoir pour ordonner des enquêtes urgentes et neutres afin d’établir les responsabilités dans ces meurtres.

Pour rappel, une vingtaine de cadavres avaient été découverts frottant dans le lac Tanganyika et avaient été descendu par la rivière Rusizi, servant de frontière entre la RD Congo et le Burundi.

Le directeur de la police Fabien Ndayishimiye avait cependant déclaré qu’aucune preuve ne montre jusqu’à présent que les victimes seraient burundaises et semblait privilégier que les cadavres seraient d’origine congolaise. Ces corps qui dégageaient déjà une odeur nauséabonde présentaient des taches d’une mutilation car certains étaient ligotés tandis que d’autres témoignaient d’une décapitation.

Les leaders de la société civile burundaise ont à leur tour soulevé leurs inquiétudes quant à la disparition ces derniers jours de plusieurs personnes et avaient même accusé le service des renseignements, la police présidentielle, d’être le moteur de ces arrestations et exécutions extrajudiciaires.

Comme riposte, le Directeur général de la documentation nationale, le général Adolphe Nshimirimana a porté plainte contre l’un des leaders des partis d’opposition, Maitre Nyamoya François, et celui-ci a été arrêté puis écroué à Mpimba depuis ce lundi matin sous le chef d’accusation de « dénonciations calomnieuses ». [ND]