Burundi : Le Cndd-Fdd fait le choix d’une fuite en avant doublée d'une mauvaise foi
Politique

@rib News, 02/03/2011

Le porte-parole du parti au pouvoir, Onésime Nduwimana rejette les allégations « incendiaires » du député Manassé Nzobonimpa, qui venait de mettre un grain de sable dans les bottes du parti Cndd-Fdd, l’accusant d’avoir dans ses rangs des hommes et femmes corrompus jusqu'à la moelle.

« Nous déplorons les propos incendiaires de Manassé Nzobonimpa » a souligné le porte-parole du parti présidentiel, ajoutant que même des sanctions sont prévisibles contre le député Nzobinimpa qui a utilisé des signes du parti alors que tout ce qu’il a dit est à titre individuel.

« Les déclarations de Nzobonimpa ne sont qu’individuels et n’engagent que lui seul », a laissé entendre Onésime Nduwimana au cours d’une conférence de presse de ce mardi à Bujumbura.

D’ailleurs, a-t-il ajouté, le député Nzobonimpa semblait avoir quitté le parti car même au cours des élections précédentes, il ne s’est jamais présenté pour aider les autres dans la campagne électorale.

Pour lui donc, Manassé Nzobonimpa est peut être au solde des partis d’opposition car ce qu’il a dit et les canaux qu’il a utilisé sont propres aux opposants politiques burundais.

« Nous connaissons Nzobonimpa comme un vrai guerrier et non comme un grand intellectuel » a souligné le porte-parole du parti au pouvoir, pour en fait dire que le concerné est moins lettré par rapport aux autres membres du parti d’où sa réaction de dire à haute voix, ce que les autres chuchotent.

Onésime Nduwimana trouve que le style de ses déclarations est visiblement celui d’une autre personne que le parti est en train d’identifier.

Soulignant qu’il peut y avoir une autre main derrière lui, le porte-parole du Cndd-Fdd souligne que cela ne peut pas faire tache d’huile à l’union du parti.

Bien que Nzobonimpa ait été présenté par le porte-parole du parti présidentiel comme moins lettré, ce qui est sûr c’est qu’il n’est pas le seul à avoir escaladé le mur de l’illettrisme pour s’asseoir avec ceux qui le combattent pour le moment. Plusieurs officiers de la police et de l’armée des rangs des ex-Fdd ont eu la chance d’arriver loin malgré leur niveau scolaire bas. 

La faute reviendrait donc à ceux qui l’ont propulsé, passant du civil au militaire, au grade de Colonel. Il fut successivement, colonel au sein des Fdd, gouverneur de la province de Bubanza, juste après les élections de 2005, avant de rejoindre le cercle restreint du Comité des sages du Cndd-Fdd de prise de décision du parti au pouvoir, dont il en est d’ailleurs le secrétaire général, c'est-à-dire en troisième position après le Chef de l’Etat qui préside cet organe de son parti.

Actuellement, des tracts se ramassent dans certains coins du pays comme à Gitega, pour soutenir les idées de Nzobonimpa. Selon des informations nous parvenues, certains membres du parti présidentiel dans la province de Gitega ont manifesté un mécontentement en jetant ici et là des tracts demandant le limogeage du président du Cndd-Fdd en province de Gitega. Il est accusé par les membres de ce parti d’avoir dilapidé des fonds public sous la protection des cadres du Cndd-Fdd.

Au niveau de la société civile, c’est un sentiment de satisfaction de voir un membre aussi important du parti présidentiel dénoncer ce qui ce passe au sein de son propre parti. Pacifique Nininahazwe délégué général du FORSC a souligné avoir reçu avec satisfaction les propos du député Nzobonimpa arguant qu’il confirme ce que la société civile ne cesse de dire depuis longtemps. [JMM]