Remise à Genève du prix Henry Dunant à Pierre-Claver Mbonimpa
Droits de l'Homme

APIC, 6 avril 2011

Genève : Le Prix Henry Dunant décerné au Burundais Pierre-Claver Mbonimpa

Un porteur d’espoir pour les prisonniers burundais

Déo Negamiyimana, pour l’Apic

Le Burundais Pierre-Claver Mbonimpa, lauréat 2011 du Prix Henry Dunant, en compagnie de la conseillère d’Etat genevoise Isabelle Rochat (Photo: Déo Negamiyimana)Genève - La Fondation Prix Henry Dunant a octroyé, le 5 avril, un montant de 7’000 francs au Burundais Pierre-Claver Mbonimpa, 62 ans, pour son travail au sein de l’association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH). Ayant lui-même connu la prison pendant deux ans, il œuvre depuis 1996 pour l’amélioration des conditions de vie des prisonniers dans tout le pays. Au cours de la cérémonie, la conseillère d’Etat genevoise Isabelle Rochat a promis de se rendre au Burundi pour témoigner de sa solidarité avec l’association.

Pierre-Claver Mbonimpa ne cesse de forcer l’admiration de l’opinion aussi bien nationale qu’internationale. Le prix Henry Dunant vient s’ajouter à un palmarès impressionnant, qui comprend notamment le prix Martin Ennals 2007 ainsi que le prix Bon défenseur des droits de l’homme, décerné par le Forum de la société civile burundaise en 2008.

Pierre-Claver Mbonimpa en compagnie de son épouse (Photo: Déo Negamiyimana)Lors de la cérémonie de remise du prix dans la salle Alabama de l’Hôtel de Ville à Genève, le Burundais était incapable de retenir ses larmes devant le public quand il relatait les conditions de vie des prisonniers telles qu’il les a connues. "J’ai connu la prison burundaise le 13 décembre 1994. Le mobile de mon emprisonnement est politique, étant donné que je suis arrêté pour une prétendue détention illégale d’armes à feu lors de la crise qui a secoué le pays après l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président démocratiquement élu en 1993. Je suis privé de liberté à la Prison centrale de Mpimba à Bujumbura jusqu’au 13 décembre 1996", raconte-t-il Pendant cette période il assiste à des conditions indescriptibles de détention auxquelles les détenus sont soumis: tortures et autres traitements dégradants, cellules insalubres, promiscuité, condamnations arbitraires, …

A sa sortie de prison, l’ancien inspecteur du commerce extérieur ne cherche pas à regagner son poste de travail. Son expérience carcérale lui a appris que le prisonnier n’a ni race, ni couleur, ni ethnie. Il se met alors à renforcer l’association pour la défense des droits des Prisonniers (ABDP) qu’il a mise en place en collaboration avec deux codétenus et qui devient dès 2003 l’actuelle association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH). Si l’association change de nom, c’est que pour Pierre-Claver Mbonimpa, les droits humains sont bafoués même pour des citoyens sensés être libres en dehors de la prison. "Je voulais ainsi porter secours aux victimes de violences sexuelles et fournir une assistance juridique aux nombreux Burundais accusés injustement de divers délits", explique ce catholique qui avoue également trouver force et conviction dans sa foi.

Torture en chute libre au Burundi

Pierre-Claver Mbonimpa en compagnie de Caty Clément de la Fondation Henry Dunant (Photo: Déo Negamiyimana)Si l’APRODH a encore du pain sur la planche pour faire cesser la violation des droits des prisonniers et ceux des simples citoyens libres, le 6ème lauréat du Prix Henry Dunant affirme haut et fort que le Burundi a connu des progrès significatifs surtout dans la prévention de la torture. "De nos jours, affirme-t-il, je peux affirmer sans me tromper que la torture est à 80% éradiquée des milieux carcéraux burundais et que les éventuels responsables sont sérieusement punis". En lui décernant le Prix, Pierre-André Mourgue d’Algue, trésorier de la Fondation Henry Dunant, a officiellement reconnu le courageux engagement de Pierre-Claver Mobonimpa qui, a-t-il souligné, suit les traces et les principes fondamentaux de l’action d’Henry Dunant, à savoir le respect de la dignité humaine et la protection de la femme et de l’enfant.

Quant à la conseillère d’Etat Isabelle Rochat, elle n’a pas hésité à qualifier l’heureux élu de porteur d’espoir pour les prisonniers burundais et de disciple d’Henry Dunant. La Genevoise a également encouragé le défenseur des droits humains à prendre Genève comme camp de base pour le travail de l’APRODH. La libérale a enfin promis de se rendre au Burundi, au nom de la République genevoise, pour témoigner de sa solidarité avec l’association et les victimes dont elle s’occupe. DNG


Militer pour la dignité de la personne humaine

Le Prix Henry Dunant récompense des personnes ou des organisations qui œuvrent de façon remarquable pour l’approfondissement, le rayonnement et le renouvellement des idées et des engagements d’Henry Dunant. Par son Prix, la Fondation s’efforce de mettre en lumière le rôle de celles et ceux qui vivent un engagement spirituel en militant pour la dignité de la personne humaine, par leurs recherches, par leur action, par leurs idées, par leur sens de la communication.

Les précédents lauréats sont Gabriel Mützenberg, Rony Brauman, Gjyltekin Shehu, Tim Aline Rebeaud et la Fondation Hirondelle.

La Fondation Prix Henry Dunant décerne également chaque année le Prix Henry Dunant-Recherche, en partenariat avec l’Académie de Droit international humanitaire et de droits humains à Genève, pour récompenser un travail académique exceptionnel qui contribue, par le Droit, aux idéaux humanitaires d’Henry Dunant. (apic/dng/)