Burundi : assassinat de trois militants du parti au pouvoir
Sécurité

@rib News, 07/04/2011 – Source AFP

Trois militants du parti au pouvoir ont été assassinés mercredi en périphérie de Bujumbura, vraisemblablement dans un acte de vengeance après une série d'exécutions extrajudiciaires visant l'ex-rébellion des FNL, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

"Hier vers 16H00 (14H00 GMT), quatre bandits armés non-identifiés en tenue de police sont entrés dans un bar de la colline de Nyakibanda, et ont assassiné une personne qui s'y trouvait avec ses deux compagnons", a annoncé un responsable administratif local, Onésime Bandyatuyaga.

L'incident a eu lieu dans la province de Bujumbura rural (Ouest), fief des ex-rebelles des Forces nationales de libération (FNL), aujourd'hui devenu parti politique, mais dont les membres sont soupçonnés par les autorités d'être derrière les nouvelles violences au Burundi.

"On ne connaît pas la raison de ces assassinats, les victimes appartenaient au parti CNDD-FDD" (au pouvoir), a poursuivi le même responsable.

Plusieurs témoins ont assuré qu'il s'agissait de "représailles" de la part des FNL. "Ils sont en train de venger les membres de leur parti qui ont été victimes d'exécutions extrajudiciaires par la police et de la Documentation (police présidentielle)", a affirmé l'un de ces témoins.

Ces témoignages ont été confirmés par la ligue des droits de l'homme Iteka, qui a fait état de plusieurs tués depuis la semaine passée dans ces règlements de compte.

Selon le secrétaire général d'Iteka, Edouard Biha, des policiers se sont rendus le 30 mars à Rweza (Est de Bujumbura) avec un détenu menotté, membre des FNL, "pour qu'il leur montre ses complices".

"Les policiers ont tué trois personnes dont le détenu, froidement", a accusé M. Biha, dénonçant une "exécution extrajudiciaire".

Quatre autres membres des FNL ont depuis lors été tués à Buyenzi, un quartier populaire de la capitale, et dans la commune de Kabezi (Sud de Bujumbura), toujours selon Iteka.

La police a assuré pour sa part qu'il s'agissait dans les trois cas de "bandits armés" tués au cours d'échange de tirs avec les forces de l'ordre.

"Tous les témoignages montrent qu'il s'agit en fait d'exécutions sommaires et depuis, les FNL d'Agathon Rwasa se sont lancés à la chasse aux membres du parti CNDD-FDD dans Bujumbura rural", a néanmoins estimé le secrétaire général de Iteka, assurant que "il y a de nombreux morts chaque soir".

Selon des sources concordantes, de nouvelles poches de rébellion lancent des opérations (embuscades, attaques, assassinats ciblés) depuis quelques mois à partir des marais de la Rukoko (Ouest) et de la forêt de la Kibira (centre).

Plusieurs opposants sont rentrés dans la clandestinité ou ont fui le pays à la suite des dernières élections générales mi-2010 remportées par le régime du président Pierre Nkurunziza, alors que l'opposition dénonce l'arrestation de plusieurs centaines de ses membres, ainsi que des exécutions sommaires.

La contestation du processus électoral par l'opposition fait planer la crainte d'une reprise de la violence au Burundi, pays marqué par une longue guerre civile qui a fait plus de 300.000 morts entre 1993 et 2006.