Un des présumés assassins de Manirumva réprime les manifestants
Droits de l'Homme

@rib News, 09/04/2011

Gabriel Rufyiri, président de l'Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME) et Claver Irambona le chargé de l'Ecoute et Orientation dans la cette organisation ont été arrêtés par la police vendredi matin vers 10H30 sous les yeux des journalistes et des membres la société civile.

Arrêtés sur ordre direct de David Nikiza, l'un des officiers supérieurs cités dans cette affaire d'assassinat de Manirumva, les deux activistes ont été conduits au Bureau Spécial de Recherche (BSR) où ils ont été détenus pendant plusieurs heures avant d’être relâchés.

Cette arrestation est intervenue 20 minutes après le début d'une marche-manifestation pacifique organisée par la société civile burundaise pour exprimer leur malaise face au retard inexpliqué dans la recherche de la vérité sur l'assassinat de Manirumva, ancien vice président de l'OLUCOME tué en 2009.

« Nous déplorons que certains des membres de la société civile ont été arrêtés par la police nationale ce matin », a déclaré le Délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile FORSC, Pacifique Nininahazwe.

« Nous demandons à ce que la justice soit rendue et les coupables soient traduits en justice » a déclaré M. Nininahazwe dans une conférence qu'il a accordé juste après l'empêchement forcé de cette manifestation.

La police divisée au vu des journalistes

Comme constaté sur place et relayé par les médias, les nombreux policiers qui étaient présents au Parquet de la justice de Bujumbura semblaient être divisés sur le comportement à adopter face aux journalistes qui étaient venus en très grand nombre.

« Qui t'a dit de prendre une photo ? Je peux te retirer ton appareil photo » tonnait un policier, visiblement un officier.

« Tu ne peux en aucun ca me retirer mon appareil photo. Je fais mon travail et fais le tien » répondait un journaliste.

Après ces échanges de paroles, un policier visiblement sage est venu pour faire tomber la tension qui commençait à monter entre les journalistes et les policiers.

« Non, que chacun fasse son travail en respectant les autres » a souligné ce policier en essayant de mettre loin le policier qui cherchait la bagarre.

Le nom de Manirumva dérange beaucoup le pouvoir et son fantôme semble hanté les services burundais de sécurité. C'est ainsi que le commandant de la région ouest au sein de la police nationale burundaise est en personne sur les lieux de la manifestation et a procédé à l'arrestation du président de l'OLUCOME et de son collègue.

David Nikiza très actif pour réprimer les manifestants

Parmi les policiers présents au lieu d'arrestation on a pu voir le commissaire de police de la région ouest David Nikiza, l'un des officiers supérieurs cités dans cette affaire d'assassinat de Manirumva.

« Arrêtez-le » criait Nikiza aux policiers en pointant du doigt le président de l'OLUCOME Gabriel Rufyiri. « Arrachez-leurs les banderoles » leur intimait-il avant d'intimider même les journalistes qui suivaient la scène macabre de cette folie humaine.

Pour rappel, le commissaire de police chargé de la région ouest David Nikiza a été cité par trois commissions qui ont fait des enquêtes sur les circonstances de la mort de Manirumva en 2009. C’est donc lui qui a été le premier sur les lieux de la manifestation et qui commandait la police pour malmener ceux qu’il devrait normalement protéger.

Rappelons que les conclusions de l’enquête de la FBI sur le meurtre ont recommandé que certaines hautes personnalités burundaises passent des tests ADN pour connaître le rôle de chacun dans cet assassinat. Parmi eux, Colonel David Nikiza, général Adolphe Nshimirimana, Gervais Ndirakobuca et Désiré Uwamahoro, les trois derniers de la police nationale. [JMM]