Deux Québécoises marquées par leur séjour au Burundi
Société

La Nouvelle Union, 23 juin 2011

Burundi : un voyage marquant pour les deux sœurs Leblanc

Claude Thibodeau

Marie-Claire et Margot LeblancMarie-Claire Leblanc de Victoriaville et sa sœur Margot, originaires d’Aston-Jonction, ont vécu une expérience enrichissante, bouleversante et marquante du 14 mai au 10 juin au Burundi, un pays d’Afrique centrale. «Quand on sait, il n’y a pas d’excuse pour ne pas aider», note Marie-Claire.

Les deux sœurs Leblanc ont fait d’une pierre deux coups en se rendant en sol africain. Elles ont travaillé bénévolement au projet «Mon sac d’école» et visité le projet de maternité initié par leur tante Margot.

Cette tante Margot avait eu l’idée, après avoir rencontré un homme du Burundi, de financer un projet de maternité pour offrir aux mères de meilleures conditions pour accoucher.

«Notre tante voulait constater son projet sur les lieux, mais moi, j’étais craintive vis-à-vis la malaria, la fièvre, notamment. Mais en janvier, ma sœur Margot m’a dit : si tu y vas, j’y vais», raconte-t-elle.

C’est ainsi que les deux sœurs et leur tante se sont envolées à destination du Burundi.

La tante a vécu cependant une déception en se rendant à la maternité. «Elle a été déçue, même outrée de constater que, malgré un nouveau bâtiment qui a coûté 90 000 $, la maternité n’a jamais ouvert ses portes, signale Marie-Claire. Un manque d’eau et d’équipements empêche son fonctionnement. Pendant ce temps, les mères accouchent à côté dans une vieille maternité.»

«C’est inimaginable, reprend Marie-Claire. Ils n’ont pas d’argent, ils attendent que le gouvernement fasse quelque chose ou qu’une bonne œuvre passe. C’est la pauvreté, ils sont en mode survie et ils n’ont comme plus d’énergie.»

La tante Margot n’a toutefois pas hésité à passer son message auprès des autorités chaque fois que l’occasion se présentait pour que le dossier aboutisse. «Que vais-je dire aux gens qui nous ont aidés?, disait-elle», note Marie-Claire Leblanc.

Le séjour au Burundi a aussi permis à Marie-Claire et Margot Leblanc de contribuer au projet «Mon sac d’école», question d’offrir l’éducation aux enfants. «Nous aidions à remplir les sacs d’école et à les distribuer à des enfants. Les jeunes désireux de fréquenter l’école doivent posséder un uniforme et le matériel scolaire», explique Marie-Claire.

Ce projet «Mon sac d’école» a été initié par une dame de Fabreville, Corinne Chatel. «L’an dernier, 972 enfants ont pu avoir accès à l’éducation grâce aux sacs d’école. Cette année, ce sera un peu moins, environ 920 enfants», souligne la Victoriavilloise.

Les sacs d’école, les sœurs Leblanc les ont distribués dans six écoles, la plupart situées dans des camps de déplacement. Ce pays a été marqué par la guerre, par les massacres entre deux peuples. «Encore aujourd’hui, il y a des tueries. On a entendu des tirs», souligne Margot Leblanc.

Les troubles ont commencé dans ce pays en 1993, un an avant le génocide au Rwanda, rappellent les deux femmes.

Marie-Claire et Margot ont habité, lors de leur séjour dans ce pays aux mille collines, dans une famille où le père a été tué.

Leur travail a été apprécié, disent-elles. «Nous représentions le Canada. On a senti que notre travail était apprécié», dit Marie-Claire.

Un tel périple a de quoi favoriser une ouverture. «J’ai pu voir l’Afrique, des enfants avec de gros ventres et leur joie de recevoir un sac d’école. C’est un privilège, affirme Margot Leblanc. On voit que notre travail est apprécié, utile. Ça nous réconforte dans notre décision.»

«Il en coûte 20 $ pour l’année scolaire d’un enfant. L’éducation, c’est la clé. Les enfants pourront devenir des leviers, l’éducation pourrait changer leur vie», témoigne Marie-Claire Leblanc.

Les conditions de vie, ont-elles constaté, sont bien différentes des nôtres. «Il faut chaud, ils ont des problèmes d’eau. L’espérance de vie est de 45 ans en moyenne. Bon nombre de personnes ne dépassent pas 50 ans», mentionne Margot.

Les mieux nantis du pays possèdent tous un ou plusieurs domestiques. Ces domestiques, racontent Margot et Marie-Claire, se réjouissent de la situation, ils sont heureux d’avoir un emploi qui leur rapporte un peu d’argent.

Obligation d’aider

De retour à la maison, Marie-Claire Leblanc et sa sœur Margot peuvent dire : mission accomplie.

«On revient d’un tel voyage heureuses d’avoir aidé en pensant qu’on leur donne une chance de changer la donne. Mais nous ne devons pas seulement penser qu’on a la chance d’être né ici. On se sent obligé de faire quelque chose. On ne peut pas laisser faire», exprime Marie-Claire.

La Victoriavilloise dit voir l’avenir avec optimisme, tout de même, pour la population du Burundi. «Aujourd’hui, c’est toujours pénible, mais ils vont les changer leurs conditions.»

D’avoir vécu quelques jours là-bas bouscule le quotidien. «C’est dérangeant», commente Margo.

«On n’oubliera pas ça, renchérit Marie-Claire. Cela change le quotidien de nos vies, au jour le jour. Par exemple, on ne laisse plus couler l’eau inutilement. Cela change aussi nos perceptions et notre volonté d’aider. Il faut s’en occuper de ces enfants qui n’ont pas demandé à naître.»

Les deux sœurs, qui ont déboursé chacune 4 000 $ pour leur périple, ont bien l’intention de continuer d’aider, peu importe la façon. «Nous ne sommes pas obligées d’aller là-bas. Mais il faut saisir la situation. Ça vaut la peine de s’impliquer, de se mouiller les pieds», conclut Marie-Claire Leblanc.