Arrestation du président du barreau des avocats du Burundi
Justice

PANA, 27 juillet 2011

Les avocats burundais manifestent le 25 juillet 2011 à Bujumbura Bujumbura, Burundi - Le président du barreau des avocats du Burundi, Me Isidore Rufyikiri, a été arrêté et conduit à la prison centrale de Bujumbura après un interrogatoire d'une heure dans les bureaux du procureur général près la cour d’Appel pour "outrage à magistrat", a-t-on constaté sur place dans la capitale burundaise.

"Le procureur général près la Cour d’appel de Bujumbura a accusé mon client d'avoir discrédité publiquement d’autres magistrats", a expliqué à la presse, au sortir de l’audience, son avocat, Me Sylvestre Banzubaze. Selon lui, le prévenu aurait cherché vainement à savoir qui, précisément, a porté plainte contre lui, avant de se voir délivrer un mandat d'arrêt.

"Si c'est le procureur général lui-même, il ne peut pas être juge et partie", a estimé, de son côté, Me Sylvestre Banzubaze, avant de faire savoir que l'infraction qui a été retenue contre son client était passible d'une peine pouvant aller de 6 mois à deux ans d'emprisonnement.

La veille, le président du barreau des avocats du Burundi avait fustigé ses confrères qui obéiraient "aux ordres d’en haut", comme dans le cas de l’emprisonnement, le 15 juillet dernier, de sa consœur, Mme Suzanne Bukuru, pour 'complicité d’espionnage'.

La prévenue défendait, jusqu'à son arrestation, la cause de cinq jeunes plaignantes burundaises dans une affaire de "viol sur mineur" pour laquelle un ressortissant français, Patrice Faye, a été condamné dernièrement par la justice burundaise à 25 ans de prison et 14.000 euros de dommages et intérêts.

Me Suzanne Bukuru aurait facilité des contacts entre une équipe de journalistes venus de Paris pour un reportage sur le Français de 58 ans qui vit au Burundi depuis plus de 35 ans.

Les avocats du barreau burundais ont entamé une grève d’une semaine, depuis lundi dernier, pour protester contre l’emprisonnement de leur consœur, Me Suzanne Bukuru.

Dans la grande cour du parquet général près la Cour d’appel de Bujumbura, ils ont encore fait montre d’une solidarité corporatiste en applaudissant chaleureusement le bâtonnier, Isidore Rufyikiri, au moment où il montait à bord d’une camionnette à destination de Mpimba, la prison centrale de Bujumbura, sous bonne escorte policière.