Football : Berahino, héros de son propre scénario
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@rib News, 31/07/2011 – Source FIFA

Saido BerahinoChaque footballeur rêve d’accéder à la gloire, mais le chemin pour y arriver est plus sinueux pour certains que pour d’autres. Celui sur lequel marche Saido Berahino est peut-être le plus difficile des 504 acteurs de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, mais l’avant-centre anglais est bien décidé à transformer en conte de fées ce qui aurait pu être un destin tragique.

Sur la première page du scénario, pas de "il était une fois dans un pays merveilleux", mais un "il n’y a pas si longtemps dans un pays en guerre". En août 1993, Saido voit le jour dans un Burundi est en proie à la guerre civile, qui pousse sa mère à demander l’asile politique en Angleterre.

Un malheur ne venant jamais seul, son père meurt peu après, laissant le jeune Berahino livré à lui-même. Le temps pour sa mère de rassembler l’argent pour le billet d’avion et le garçon débarque à Birmingham. "Je n’ai pas vraiment de souvenirs précis de mon enfance là-bas car je suis arrivé relativement tôt", raconte le jeune Anglais à FIFA.com. "Aujourd’hui, je suis parfaitement adapté à la culture anglaise et j’apprécie ma vie ici. Mais dans un coin de ma tête, je me rappelle toujours d’où je viens."

Même en le souhaitant, Berahino aurait eu de toute façon du mal à oublier. "Beaucoup de choses se sont passées là-bas, cela influence forcément la personnalité de tous ceux qui les ont vécues", poursuit l’attaquant. "Dans un sens, mes racines m’ont rendu plus fort et m’ont fait grandir plus vite." Autre facteur de croissance accélérée et d’intégration, le ballon rond. A l’essai dans l’équipe U-12 de West Bromwich Albion, le jeune attaquant convainc immédiatement le club de l’embaucher dans son académie, lui offrant formation et scolarité.

A la bonne place

Pas besoin de beaucoup d’imagination pour la suite du scénario : des buts à la pelle, une progression régulière et un coup de pouce du destin. En mai 2010, il est appelé dans l’équipe U-17 pour pallier une blessure. L’invité de dernière minute inscrit un bijou face à la Turquie en phase de groupes, et se transforme en héros en coiffant la première couronne anglaise de la catégorie.

Pas si étonnant lorsqu’on écoute la motivation du joueur à briller sous le maillot des Trois Lions. "Je ne suis pas né en Angleterre, mais ça n’empêche pas qu’aujourd’hui, lorsque je porte ce maillot et que je chante l’hymne national, je me sens à la bonne place", explique l’attaquant des Baggies lorsqu’il évoque sa première sélection. "Être appelé en sélection a été fantastique pour moi. C’est comme si tout un pays comptait sur moi et me faisait confiance."

Il y en a en tout cas un qui a une confiance aveugle, un certain Brian Eastick. Pour l’entrée en lice de son équipe contre la RDP Corée, le sélectionneur n’a pas hésité à faire appel au plus jeune joueur de son effectif pour compenser la blessure de son attaquant titulaire Ryan Noble. Certes, Saido n’a pas fait trembler les filets mais a été dans tous les bons coups, surtout en première période.

Ecrire l'histoire plutôt que l'écouter

Les Anglais ont concédé le nul 0:0, mais l’attaquant au maillot curieusement floqué du numéro 4, préfère en retenir les bons côtés. "C’était frustrant de voir que ça ne rentrait pas, mais nous nous sommes rassurés en montrant que notre jeu offensif était au point, au moins pour se créer des occasions", analyse Berahino qui assure en rigolant qu’"à l’entraînement, tout rentre ! Il faut juste être patient et espérer que ça portera ses fruits au prochain match."

Justement, la deuxième rencontre de l’Angleterre sera contre l’Argentine pour un nouvel épisode d’une rivalité légendaire. "Pour être honnête, je ne m’attarde pas du tout sur cela et les matches du passé. Je me concentre juste sur le fait de gagner notre premier match du tournoi", confie-t-il. "Davantage que l’enjeu historique, c’est notre survie dans le tournoi qui est en jeu. Nous avons vu leur match contre le Mexique. C’est une équipe technique et dangereuse, mais nous avons les armes pour les battre.

Avant de conclure : "Nous connaissons tous le passé entre ces deux équipes. De grands matches, de grands joueurs et des moments de magie. Mais ce qui nous intéresse, c’est l’Argentine d’aujourd’hui." On le croit volontiers : Berahino n’est pas du genre à écouter des histoires, mais plutôt à les écrire.