Burundi : Libération d’une avocate incarcérée plus de deux semaines
Justice

@rib News, 01/08/2011 – Source Xinhua

L'avocate Suzanne Bukuru du barreau de Bujumbura a été libérée lundi vers 9h00 locales (07h00 GMT) après avoir passé 17 nuits à la prison centrale de Mpimba, la plus grande prison de Bujumbura et du pays.

Pour l'ordre des avocats du Burundi, c'est une grande satisfaction et la même décision de la libérer devrait être prise à l'endroit de leurs deux autres confrères encore détenus.

« C'est avec une grande joie que nous avons appris la libération de notre client et consoeur Me Suzanne Bukuru au moment où nous nous présentions devant le juge siégeant en charge de conseil au tribunal de grande instance de Bujumbura (Mairie) pour demander sa libération » a indiqué Me Gabriel Sinarinzi, un des avocat de Me Suzanne Bukuru qui vient finalement d'être libérée.

Il a été rejoint dans ses propos par le porte-parole du barreau de Bujumbura Me Sylvestre Banzubaze qui demande cette fois la libération de deux autres avocats de Bujumbura qui sont incarcérés depuis la semaine dernière.

«  Nous espérons que la même mesure sera prise pour nos confrères Me Isidore Rufyikiri le bâtonnier et Me François Nyamoya parce que les éléments mis à leurs charges ne peuvent pas justifier une poursuite quelconque. Alors nous en appelons à la bonne volonté du ministère public pour que ces magistrats puissent subir les mêmes traitements que Me Suzanne Bukuru, le plus tôt possible parce que un jour passé en prison, je le considère volontiers comme un jour passé dans une salle de réanimation », a pour sa part indiqué Me Sylvestre Banzubaze.

Me Suzanne Bukuru avait été écrouée le 15 juillet 2011 pour avoir facilité le travail d'une équipe de journalistes français en mission au Burundi pour enquêter sur une affaire de viol commis par un français répondant au nom de Patrice Faye à l'endroit de six filles mineures.

Le travail fait par l'avocate avait alors été interprété par la justice qui l'a emprisonnée comme relevant de la complicité avec les espions, ce qu'elle avait avec ses avocats contesté surtout que lesdits journalistes avaient pris le soin de demander l'accréditation en bonne et due forme et qu'ils l'avaient eu de la part de l'instance habilitée, le Conseil National de la communication.

Me François Nyamoya est quant à lui poursuivi dans une affaire d'assassinat d'un ancien représentant de l'OMS au Burundi, le Dr Kassim Manlan, où il est accusé d'avoir suborné des témoins en faveur de sa soeur qui était emprisonnée pour être une des commanditaires de cet assassinat.

Cette affaire d'assassinat remonte à 2003. La justice burundaise a emprisonné le bâtonnier Me Isidore Rufyikiri l’accusant d'avoir insulté la magistrature burundaise lorsque Me Suzanne a été emprisonnée. Au moment des faits, il avait traité le magistrat qui l'a emprisonnée d'être parmi les « petits hommes et petites filles qui font honte à la justice ».

Ce qu'il ne nie pas arguant que de par la loi, il n'a injurié personne nommément. Plusieurs voix s'étaient levées pour demander la libération de Me Suzanne Bukuru et continuent même aujourd'hui cette fois pour la libération des deux autres avocats. Les cris viennent tant de l’intérieur que de l'extérieur du pays, surtout dans le monde des défenseurs des droits.