Burundi : Pourquoi le pouvoir s'en prend aux diplomates et étrangers
Opinion

@rib News, 07/08/2011

Les reproches du CNDD-FDD envers Joseph Weiss et Patrice Faye

Par Bizindavyi Jean Marie

L'un est Allemand tandis que l'autre est Français mais ils ont tous la particularité d'être la cible du pouvoir CNDD-FDD au Burundi. Mais pourquoi ?

Après la société civile, les défenseurs des droits de l'homme et les médias, le CNDD-FDD s'en prend aux diplomates accrédites et aux étrangers vivant au Burundi.

Chronique d'un pouvoir autoritaire, tyrannique et  sanguinaire qui ne tolère pas la critique et qui a déjà chassé 3 anciens diplomates onusiens et un défenseur des droits de l’homme de Human Right Watch.

Le cas Joseph Weiss

Depuis 3 ans, Joseph Weiss était ambassadeur d'Allemagne au Burundi.

Il a quitté Bujumbura en bonne et due forme tout en ignorant que le CNDD-FDD avait une dent contre lui.

Le parti présidentiel lui reprochait d'avoir financé Patrice Faye et participé en tant qu'acteur  dans une série de 18 sketchs télévisés diffusés par la Télévision Renaissance.

Ces sketchs réalisés par Patrice Faye avaient pour objectif la moralisation de la société burundaise contre la corruption et les malversations économiques et les droits de l'homme.

Il aura fallu une réunion avec les présidents des partis politiques agrées au Burundi  pour que  l'actuel  premier Vice- Président du Burundi ;Térence Sinunguruza puisse déclarer sans  fournir plus de détails que Joseph Weiss était persona non gratta.

Sans nul doute que le concerné a été désagréablement surpris comme en témoigne  la réaction vigoureuse et les demandes d'excuses de la part de son pays (la première puissance Européenne).

Mais ce que Térence Sinunguruza a oublié de préciser par oubli ou par ignorance est que Joseph Weiss a failli subir le sort de l’activiste anti-corruption Ernest Manirumva assassiné le 9 Avril 2009.

Quelques mois avant son départ, un plan d'assassiner l’ambassadeur Weiss avait été arrêté par la police présidentielle.

Il était question de l'assassiner lors de ces descentes sur terrain et attribuer ce meurtre à la nouvelle rébellion naissante comme ce fut le cas pour Mgr Michael Courtney, le nonce apostolique au Burundi,  tué lundi 29 décembre 2003.

Mais, Joseph Weiss a eu la vie sauve grâce aux conseils de l'Ombudsman burundais qui a pu démontrer à Adolphe NSHIMIRIMANA (Patron de la police présidentielle) le danger d'une telle initiative.

Certains ténors du CNDD-FDD n'hésitent plus à penser que Térence Sinunguruza est à la solde de l'UPRONA pour saboter le CNDD-FDDD.

Mais, le premier vice-Président n'est pas à sa première bourde. En 2007, lors d'une émission radiophonique, il affirmait se rendre souvent la nuit à Buyenzi, pour des consultations en rapport avec le Burundi, chez un féticheur-sorcier en compagnie de son mentor, l'ancien président Buyoya. 

Le cas Patrice Faye

Patrice Faye qui a été condamné à 25 ans de prison  est en réalité  accusé par le CNDD-FDD d'avoir initié des sketchs  contre la corruption, les malversations économiques et les droits de l’home sur financement de l'ambassade d'Allemagne au Burundi.

Le deuxième péché de Patrice Faye est d'avoir acheté en 1983 une parcelle a Kajaga de 3 ha  le « Castel Croc ») qui s’étend de la route Gatumba jusqu’au littoral du Lac Tanganyika.

La même parcelle est convoitée par le Président de la République, le parton de la police présidentielle, le Président du CNDD-FDD et le président du Sénat burundais.

Ces autorités  prévoient l’expulsion de  Patrice Faye pour récupérer ce terrain.  

Enfin, Patrice Faye qui n'est pas circoncis contrairement aux allégations de ces accusatrices est victime aussi d'être français, citoyen d'un pays (la FRANCE) qui a été le premier à reconnaître la légitimité de  la rébellion libyenne (le Conseil National de Transition).

Le CNDD-FDD craint  ainsi une reconnaissance similaire dans un pays ou on parle de plus en plus d'une éventuelle rébellion naissante.

Suite aux attaques répétitives de la nouvelle rébellion depuis 2011, la Diplomatie française a actualisé la page de son site web concernant la sécurité à l’intention des visiteurs du Burundi.

Cela n’a pas plu aux autorités burundaises qui y voient un acte de sabotage à la promotion du tourisme au Burundi.

Pour cette raison, 3 autres français et l'ambassadeur Sud- Africain au Burundi sont dans le collimateur de la police présidentielle.

Ce dernier est également  accusé  d'être proche de l'opposition  pour avoir osé proposer au gouvernement burundais de négocier avec l'opposition.

En Décembre 2007, une française du nom d’Agnès Bury  été tuée à Ruyigi (est du Burundi) au moment ou l’actuel Ministre de l’énergie  et des Mines ; Moise Bucumi (CNDD-FDD) était Gouverneur de la province Ruyigi.

Quatre ans après on  ignore toujours, les circonstances et les commanditaires de sa mort.