Burundi: Un ancien magistrat dénonce une main invisible qui embrigade la justice
Justice

@rib News, 04/09/2011 – Source Xinhua

Le maintien en prison de l' avocat du barreau burundais Me François Nyamoya en violation de la volonté du juge qui l'avait acquitté fait déborder le vase chez Léon Manwangari qui, dès l'avènement de l'indépendance en 1962, travaillait déjà au Parquet général de Bujumbura. Il demande aux magistrats de se ressaisir et d'être impartiaux.

« De plus en plus, je vois que la justice est embrigadée par une main invisible qui l'oblige à faire ce qu'il ne fallait pas faire. Je félicite le juge qui avait pris la décision de libérer l’avocat François Nyamoya qui est emprisonné pour une infraction qui n'existe plus.

Alors, je prierais sincèrement les agents de la justice et tous ceux qui sont dans la justice d'être réellement des hommes intègres pour faire sortir notre patrie de ce bourbier judiciaire dans lequel le Burundi s'enfonce de jour en jour », a confié samedi Léon Manwangari qui, au lendemain de l' indépendance était affecté à ce qu'on appelait à l'époque les tribunaux de police.

Il regrette que depuis cette époque jusqu' aujourd'hui, il y ait eu très peu de juges qui ont été réellement impartiaux et qui ont rendu la justice telle qu'elle devrait être rendue.

Me François Nyamoya est incarcéré à la prison centrale de Mpimba depuis le 28 juillet 2011, accusé de subornation de témoins dans une affaire d'assassinat de l'ex-représentant de l’OMS au Burundi, le Dr Kassim Manlan en 2001, un délit qui n'existe plus selon ses avocats car punissable de trois à cinq ans.

Lors de sa première comparution le 19 août dernier devant le tribunal de grande instance en mairie de Bujumbura siégeant en chambre de conseil, le juge que Léon Manwangari félicite avait ordonné sa libération, mais le procureur n'a pas signé le mandat de son élargissement préférant interjeter appel.

Ses avocats et les activistes des droits de l'homme ont condamné cette attitude car, disent-ils, « le procureur devrait le mettre dans la position où l'a mis le juge », c'est-à-dire le libérer et interjeter appel après.

Le 31 août dernier, il a comparu à la Cour d'appel en mairie de Bujumbura siégeant en chambre de conseil et le juge l'a maintenu en prison.

D'aucuns ont commencé à dire que son emprisonnement aurait des mobiles plutôt politiques d'autant plus qu'il est le porte-parole du parti MSD, membre de l'ADC-Ikibiri qui demande aujourd'hui les négociations avec le pouvoir de Bujumbura pour mettre fin aux maux qui gangrènent le pays dont les tueries, le pillages des deniers publics et d'autres violations des droits de l'homme.