Burundi : Les démons du passé reviennent !
Analyses

@rib News, 20/09/2011 – Source GCI

Actes de vengeance ou conséquences de plaies mal cicatrisées, la tuerie qui a eu lieu dans un bar burundais de "Chez les Amis", situé à Gatumba, dans les environs de la capitale Bujumbura, fait craindre une terrible reculade. Il est en effet difficilement admissible que les 36 victimes de la fusillade qui a duré une vingtaine de minutes, soient, comme le voudraient les autorités burundaises, l’œuvre de bandits armés.

De nombreux témoignages pensent y voir, tantôt la main d’une nouvelle rébellion, dont l’identité serait encore méconnue, tantôt celle de l’ancien mouvement rebelle du Front national de Libération (FNL), dont le leader est dans la clandestinité depuis plus d’un an...

Pour les observateurs, le plus préoccupant, c’est que cette attaque vient plutôt confirmer une tendance qui fait redouter le pire pour ce pays qui, de 1993 à 2006, avait été ravagé par un conflit armé dont le bilan s’est chiffré à près de 300.000 victimes...

Les rescapés de l’attaque de Gatumba de ce dimanche sont catégoriques : ''le drame n’a pas été perpétré par des bandits armés''. Le gouvernement burundais n’a donc aucun intérêt à s’obstiner à vouloir cacher le soleil avec ses mains.

Depuis un certain temps, la stabilité et la sécurité que les Burundais croyaient avoir retrouvées enfin, sont en train de les fuir. Attaques et exécutions sommaires n’ont cessé de s’y multiplier.

Ainsi, au lieu de faire dans la diversion, en désignant les auteurs de l’attaque comme des bandits armés, ou en promettant vaguement que ces derniers seraient mis aux arrêts et traduits en justice, le président Pierre Nkurunziza, devrait au contraire voir la réalité en face. La situation est incertaine et le moment grave.

D’ores et déjà, certains commencent à voir dans cette tuerie massive, des représailles du FNL d’Agathon Rwasa, dont des partisans auraient été dernièrement exécutés par le pouvoir burundais. Cette hypothèse est d’autant plus plausible, que le bar qui a été visé appartiendrait à un membre du parti au pouvoir, et qu’au moment où les assaillants ont fait irruption, le dimanche soir, ledit bar recevait une équipe de football dont les sociétaires seraient affiliés à la Ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti de Pierre Nkurunziza.

Mais au-delà d’un acte de vengeance circonstancielle, ou de revanche politique, l’attaque de Gatumba semble provenir plus globalement du manque de consensus qui avait caractérisé l’élection présidentielle de 2010. La frustration qui en avait résulté et qui avait notamment conduit l’opposition à boycotter ces échéances, serait alors le prix de l’entêtement du pouvoir burundais.

Preuve, s’il en était besoin, qu’une élection gérée de manière unilatérale, n’est jamais une élection réussie. Même si très souvent, les hâtives et intéressées reconnaissances de la communauté internationale, constituent un facteur qui en rajoute à la folie du pseudo-vainqueur.    

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info (GCI)