Maggy Barankitse lauréate 2011 du prix de la Fondation Chirac
Droits de l'Homme

Marguerite BarankitseLa Burundaise Barankitse lauréate du prix Chirac pour la prévention des conflits

AFP, 27/09/2011

La Burundaise Marguerite Barankitse va recevoir le prix 2011 de la Fondation pour la prévention des conflits de l'ex-président Jacques Chirac, "pour son action en faveur des victimes des conflits ethniques au Burundi", a indiqué aujourd'hui la Fondation dans un communiqué.

"Maggy" Barankitse recueille des orphelins hutus, tutsis et twas, victimes de la guerre civile qui a éclaté fin 1993 au Burundi. Cette enseignante de 55 ans a notamment créé trois maisons pour accueillir les orphelins, transformées par la suite en structures de réinsertion des enfants dans leur communauté.

A ce jour, 20.000 enfants ont bénéficié de l'aide de son ONG, "Maison Shalom". La guerre civile a fait près de 300.000 morts au Burundi entre 1993 et 2006.

"Aujourd'hui, au Burundi, 20% des enfants meurent avant d'avoir cinq ans. Notre gouvernement est corrompu - nous sommes classés dans les cinq pays les plus corrompus du monde -, alors qu'il faut éradiquer le sida, la faim, la pauvreté", avait-elle déclaré à l'AFP en novembre 2010.

Le prix est doté de 100.000 euros. Il sera remis le 24 novembre à Paris par l'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, en présence des membres du jury, parmi lesquels Jacques Chirac, l'ancien secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali, l'ancien président portugais Jorge Sampaio, et l'ex-présidente de Lettonie Vaira Vike-Freiberga.

Un "prix spécial du jury" sera également remis à l'ancienne procureure canadienne du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, Louise Arbour, "pour son action à rendre efficace et visible la justice internationale".


Marguerite Barankitse lauréate du prix Chirac pour son action en faveur des orphelins au Burundi

RFI, 27 septembre 2011

Par Ursula Soares

La Burundaise Marguerite Barankitse est la lauréate du prix 2011 de la Fondation pour la prévention des conflits de l’ex-président français Jacques Chirac. Elle est la fondatrice de la Maison Shalom, une ONG qui a recueilli, jusqu’à ce jour, 20 000 enfants victimes de la guerre et du sida.

Maman « Maggy », comme on l’appelle dans son pays, de son vrai nom Marguerite Barankitse, est une femme endurante qui n’a jamais été découragée par les déceptions, les incompréhensions, le poids des blessures de la guerre et de la pauvreté, sans oublier les difficultés à obtenir les financements pour mener à bien son action. Son rêve : que le Burundi devienne un havre de paix où tout enfant pourra vivre dans la dignité, aller à l’école, grandir et fonder une famille.

Marguerite Barankitse a grandi à Ruyigi, à la frontière tanzanienne, à 200 kilomètres de Bujumbura. C’est l’une des régions qui ont le plus souffert de la discrimination ethnique et des massacres qu’a connus le Burundi en 1993.

Elevée chez les religieuses, elle est devenue institutrice. De sa mère, elle a hérité l’humour, l’optimisme et un cœur en or massif. Aujourd’hui, à 55 ans, elle lutte toujours pour que les orphelins soient accueillis, retrouvent une famille et que leur nombre diminue, notamment en améliorant la condition des mères. Pour cela, elle a créé des écoles, un hôpital, des fermes…

Sa vocation de mère adoptive

Marguerite Barankitse a eu l’occasion de témoigner, à plusieurs reprises, de son histoire exceptionnelle et de son parcours inédit. Reçue l’année dernière à la mairie de Lille, en France, dans le cadre du 21e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, elle avait raconté sa première adoption suivie de bien d’autres.

Le quotidien français La Voix du Nord avait repris son histoire. Un jour, alors qu’elle avait 23 ans et était jeune enseignante au Burundi, une enfant de sa classe s’est mise à pleurer. Orpheline de père, elle venait d’apprendre que sa mère était morte. « Elle m’a dit que tous ses frères et sœurs avaient fui et qu’elle ne savait pas où aller. Je lui ai dit : ' Tu peux venir chez moi. Tu choisis d’être ma fille ou ma petite sœur '. Elle était hutu protestante, moi tutsi catholique. Ma famille m’a demandé : ' Mais qu’est-ce que tu es en train de faire ? Tu es folle ! ' - J’ai répondu : ' Je viens d’avoir un enfant. Il faut se réjouir ! ' »

Sa vocation de mère adoptive était née. Lorsque la guerre au Burundi a éclaté, en 1993, elle avait adopté quatre enfants hutus et trois enfants tutsis.

Au-delà des clivages ethniques

C’est en octobre 1993, alors que le Burundi est en pleine guerre civile, que Marguerite Barankitse rencontre le malheur. Catholique et Tutsi, elle travaille à l’évêché de Ruyigi où elle se réfugie avec les enfants et où elle a caché 72 personnes, Hutus. Le 24 octobre, ils se font prendre et des Tutsis arrivent pour se venger. Elle échappe au massacre mais assiste, enchaînée à une chaise, à l’assassinat de 72 hommes et femmes, vieux et enfants. Le feu est mis aux locaux de l’évêché.

C’est la vue de quelques enfants épargnés qui lui donne une force de vivre et d’agir qui ne la quittera plus. La profonde révolte qu’elle a ressentie l’a poussée à créer les maisons Shalom qui, depuis, abritent des enfants orphelins ou non, victimes des massacres, du sida et de la faim. En 2009, elle déclarait au journal français La Croix : « Vivre et travailler au contact d’enfants, défendre leurs droits, comme je l’ai toujours fait, donne une grande force. A travers les guerres civiles, à travers les malheurs, les enfants m’ont toujours portée. Dans leurs yeux, on lit tellement d’espoir ! Les enfants sont les bâtisseurs de l’espérance. ».

Interrogée par RFI, Marguerite Barankitse évoque ce jour terrible où elle a pris, avec elle, les 25 enfants rescapés de ce massacre, avec un seul objectif : les protéger.

Une grande joie et un grand encouragement

Marguerite Barankitse figure parmi les Africaines les plus distinguées au niveau international. Elle a reçu de nombreuses décorations, la plus prestigieuse étant celle du prix Nobel des enfants, en 2003. Le 24 novembre prochain, le prix de la Fondation pour la prévention des conflits de l’ex-président Chirac, doté de 100 000 euros, lui sera remis à Paris. Réagissant sur RFI, elle a déclaré que « ce prix est une grande joie et un grand encouragement ».

Un « prix spécial du jury » sera également remis à l’ancienne procureure canadienne du Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, Louise Arbour, « pour son action à rendre efficace et visible la justice internationale ».


La Fondation Chirac honore Marguerite Barankitse, « l’ange du Burundi »

La Croix, 27/9/11

Connue pour son engagement en faveur des orphelins du Burundi, fervente catholique, Marguerite Barankitse a reçu le prix 2011 de la Fondation pour la prévention des conflits.

Présidente de l’ONG Maison Shalom 

Un nouveau prix pour Marguerite Barankitse, surnommée « l’ange du Burundi ». La Fondation pour la prévention des conflits de l’ancien président Jacques Chirac lui a attribué, mardi 27 septembre, son prix 2011 « pour son action en faveur des victimes des conflits ethniques au Burundi ».

Le prix, doté de 100 000 €, lui sera remis le 24 novembre à Paris par l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. À 56 ans, Marguerite Barankitse est ainsi à nouveau reconnue pour son action exceptionnelle engagée au Burundi en faveur des enfants dont les parents ont été tués pendant la guerre civile (environ 300 000 morts entre 1993 et 2006) ou par le sida.

Foi chrétienne

Cette vie consacrée aux plus jeunes, Marguerite Barankitse la débute comme professeur de français à l’école secondaire de Ruyigi, dans l’est du pays, après avoir complété sa formation pendant trois ans, en France, au séminaire de Lourdes.

Tutsie et catholique, elle accueille chez elle des orphelins, des Tutsis mais aussi des Hutus, dont Chloé, une protestante qu’elle va adopter. Elle explique son choix en évoquant son éducation et sa foi chrétienne.

À l’école, on ne comprend pas sa générosité : « On a commencé à me traiter de traîtresse », expliquait-elle à   La Croix     en 2009. Suspendue de ses fonctions, Marguerite Barankitse suit des études d’administration en Suisse à la fin des années 1980 avant de rentrer à Ruyigi, où elle est engagée comme secrétaire par l’évêché.

20 000 enfants aidés par son ONG

Le 24 octobre 1993, sa vie bascule dans l’horreur : à la suite de l’assassinat par l’armée tutsie du président Melchior Ndadaye, un Hutu démocratiquement élu, les Hutus se soulèvent contre les Tutsis. Des massacres ont lieu des deux côtés. Marguerite Barankitse se réfugie à l’évêché avec sept enfants. Pour venger la mort des leurs, des Tutsis pénètrent dans l’évêché pour tuer tous les Hutus qui s’y trouvent. La jeune femme s’interpose. En vain.

Les hommes la déshabillent, l’attachent sur une chaise et mettent le feu à l’évêché. Les Hutus qui s’échappent des flammes sont aussitôt exécutés par le commando sous les yeux de Marguerite. Les meurtriers partis, des dizaines d’enfants sortent de leur cachette. Elle décide de s’en occuper, de les aider à construire leur avenir.

Elle les accueille dans une première maison à Ruyigi. Plus le pays s’enfonce dans la guerre civile et plus nombreux sont les enfants qui frappent à sa porte. Soutenue par des ONG, elle ouvre plusieurs centres dans tout le Burundi et crée sa propre ONG «  Maison Shalom ». À ce jour, l’organisation a aidé 20 000 enfants.

LAURENT LARCHE


Marguerite Barankitse : son action au Burundi récompensée

Elle, 27/09/2011

Par Axelle Szczygiel

Cela fait près de vingt ans que Marguerite Barankitse accueille, soigne, éduque et accompagne dans leur réinsertion des enfants de toutes origines ethniques et religieuses, victimes de la guerre et du sida au Burundi. Une mission que cette enseignante de 55 ans continue de mener avec toujours le même dynamisme et qui lui a valu déjà pléthore de distinctions internationales. Le 26 novembre prochain, « Maggy », comme on la surnomme, pourra en ajouter une de plus à son impressionnante collection. Elle recevra en effet des mains de l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, le prix 2011 de la Fondation Jacques Chirac pour la prévention des conflits, doté de 100 000 euros, « pour son action en faveur des victimes des conflits ethniques au Burundi », en présence de l’ancien président.

Elle a fondé la Cité des Anges pour les orphelins

Née en 1956 au Burundi, Maggy a consacré toute sa vie et tous ses efforts aux enfants victimes de la guerre civile, qui a fait près de 300.000 morts dans son pays entre 1993 et 2006. Ayant elle-même échappé au massacre des Tutsis par les Hutus en 1993, elle sauve 25 enfants de la mort et décide de s’en occuper. Très vite, cette enseignante crée la Maison Shalom, destinée à accueillir et à aider les orphelins victimes de la guerre et du sida à se réinsérer. Un lieu qui reste toutefois ouvert à tous où cohabitent en paix les deux ethnies, Hutue et Tutsie. Trois centres de ce genre ont depuis vu le jour au Burundi. Depuis la fin de la guerre, la Maison Shalom, rebaptisée la « Cité des Anges », s’est notamment étoffée d’un centre de protection maternelle et infantile, d’un hôpital ainsi que d’une école d’infirmiers. 20 000 enfants ont bénéficié à ce jour de l’aide de l’ONG.


Le prix 2011 de la Fondation Jacques Chirac pour la prévention des conflits attribué à une Burundaise

PANA, 27 septembre 2011

Bujumbura, Burundi - Le prix 2011 de la Fondation Jacques Chirac (du nom de l’ancien chef de l’Etat français) ira, cette année, à la "Maison Shalom" (Maison de la paix, en langue nationale, le kirundi) qui est dirigée par la Burundaise, Mme Marguerite Barankitse, a rapporté mardi la radio nationale du Burundi.

Le prix 2011 de la Fondation Jacques Chirac pour la prévention des conflits attribué à une Burundaise - Le prix 2011 de la Fondation Jacques Chirac (du nom de l’ancien chef de l’Etat français) ira, cette année, à la 'Maison Shalom' (Maison de la paix, en langue nationale, le kirundi) qui est dirigée par la Burundaise, Mme Marguerite Barankitse, a rapporté mardi la radio nationale du Burundi.

Les cérémonies de remise du prix de 100.000 euros auront lieu le 24 novembre 2011 à Paris en récompense aux actions multiples de la lauréate burundaise d'une cinquantaine d'année qui s'est beaucoup dépensée en faveur des enfants victimes des conflits ethniques qui ont gravement affecté le Burundi depuis 1993, d’après la même source.

La 'Maison Shalom' accueille, en plus des orphelins de la guerre, ceux du VIH/SIDA, de la rue, les mineurs ou encore les bébés dont les mères sont en prison et ceux qui sont issus de parents très pauvres.

Depuis l’année 1993, plus de 20.000 orphelins et autres enfants défavorisés ont transité par le centre d'accueil.