Le gouvernement célèbre la JME sans la présence des enseignants
Education

@rib News, 05/10/2011 – Source Xinhua

Les enseignants du monde entier célèbrent ce mercredi la Journée Mondiale de l'Enseignant (JME), une journée qui est célébrée au Burundi au moment où les enseignants qui se sentent exclus par le gouvernement ne participent pas aux cérémonies organisées officiellement par ce dernier dans la commune de Gasorwe de la province de Muyinga au nord-est du Burundi.

Cette journée est célébrée ce mercredi sans la présence dans ces cérémonies d'aucune représentation des quatre syndicats fortement enracinés dans l'enseignement primaire et secondaire enregistrés au Burundi.

Les quatre syndicats (STEB-Syndicat des Travailleurs de l’Enseignement au Burundi, SLEB-Syndicat Libre des Enseignants au Burundi, CONAPES- Conseil National des Professeurs de l’Enseignement Secondaire et le SYNAPEP-Syndicat National du Personnel de l'Enseignement Primaire) accusent le gouvernement de les avoir exclus dans le cérémonial de cette journée même s'il les avait associés dans l'organisation de ces festivités.

« Nous avons eu l'invitation du ministre de l'Enseignement de base et secondaire, de l'Enseignement des métiers, de la Formation professionnelle et de l'Alphabétisation pour participer à ces cérémonies. A l'invitation, était annexé le programme des activités de cette journée. Nous avons été surpris de constater qu’aucun espace n'a été réservé aux représentants des enseignants alors que c'est leur journée, raison pour laquelle les syndicats ci-haut cités ne seront pas à Gasorwe. Nous allons nous organiser pour que chaque syndicat trouve une date de son choix pour organiser cette journée dans sa province ultérieurement », a indiqué mardi le secrétaire général du STEB, Jérôme Bizindavyi, un syndicat de plus de 20 mille enseignants qui a été toujours le locomotif des autres dans la célébration de cette journée depuis 2000, année de sa première célébration au Burundi.

Depuis cette année, les syndicats ont toujours célébré cette journée jusqu'en 2002, année où ils ont entamé des mouvements généralisés de grèves pour faire des réclamations en rapport avec leurs fonctions, les années 2009 et 2010 ayant atteint le point culminant avec la suspension par le gouvernement des cotisations des syndicats qui sont généralement virés par le bureau central des traitements sur les comptes des syndicats. Ce qui a eu pour conséquence que les syndicats ont été coupés de moyens financiers leur permettant de fonctionner normalement.

« Nous sommes limités par les moyens financiers et nous avons un problème de communication. Normalement, cette journée devrait nous aider à assister les enseignants syndiqués de l'intérieur du pays, à recenser leurs problèmes. Bref, c'est une journée qui devrait aider tous les acteurs à avoir une idée en vue de contribuer à l’amélioration de la qualité de l'éducation », a ajouté Jérôme Bizindavyi. Il demande même au gouvernement de décréter la journée du 5 octobre une journée fériée, chômée et payée pour la consacrer exclusivement aux débats allant dans ce sens.

La journée est célébrée au niveau mondial sous le thème « Les enseignants pour l'égalité des genres ». Pour le secrétaire général du STEB, ce thème vient à point nommé en ce qui concerne l’éducation au Burundi. En effet, dit-il, « à l'école primaire, les enfants qui commencent la première année sont presque au nombre égal de 50% entre garçons et filles. Mais au fur et à mesure qu’ils avancent de classe, les filles sont de plus en plus moins nombreuses si bien qu'en 6ème (année de fin du cycle primaire jusqu'aujourd'hui), on constate que les garçons sont plus nombreux que les filles », a ajouté Jérôme Bizindavyi. Il explique ces abandons des filles par leurs sollicitations à aller aider les parents dans les travaux de ménages et surtout par les grossesses précoces suivies souvent par des mariages précoces, alors que souvent, dit-il, « les garçons auteurs de ces grossesses sont des élèves comme elles mais que, eux, ils poursuivent leurs études ».

« Aujourd'hui, le problème de sexualité est devenu dans les écoles comme une maladie grave, raison pour laquelle je demande au ministère de l'enseignement primaire et secondaire de tout faire pour face à cette épidémie qui frappe le monde de l'éducation », a- t-il lancé comme cri.

Il se dit tout de même satisfait du traitement que subissent les enseignants sans tenir compte du genre dans la gestion du personnel sauf quelques irrégularités qu'il trouve au niveau de l' administration car, dit-il, « là, les plus nombreux sont des hommes ».

Un autre domaine plus discriminatoire par rapport au thème de cette année qui veut qu'il y ait égalité de genre entre enseignants, c'est celui du département de l'urbanisme au niveau de l'acquisition des parcelles. «Là, les femmes ne sont pas prioritaires car on leur demande si leurs époux n'ont pas encore acquis leur premier logement », déplore Jérôme Bizindavyi.

Le secrétaire général du STEB déplore également les conditions de travail de l'enseignant burundais, surtout celui de l'enseignant de l'école primaire qui n'a pratiquement pas de temps pour préparer ses leçons. « Il travaille dans les conditions qui ne lui permettent pas de s'épanouir vu les horaires de travail (de 7H 30 à 17H 30 pour dire de 5H 30 à 15H30 GMT), les effectifs pléthoriques des enfants dans les salles de classe (qui avoisinent les 200 écoliers ou élèves dans certaines classes), le matériel pédagogique et j'en passe », ajoute-t-il. Du côté des formateurs, il y a un effort à faire car « on enregistre aujourd'hui des enseignants qui sont recrutés alors qu'ils ne sont pas qualifiés ou alors qui n'ont pas eu de formation pédagogique ».

La journée du 5 octobre est célébrée en commémoration de l'anniversaire de la signature de la recommandation UNESCO/OIT concernant la condition du personnel enseignant en 1966 d'une part, et en mémoire de la recommandation UNESCO/OIT concernant l’enseignement supérieur en 1977, d'autre part.