Burundi : Wikileaks révèle un câble américain sur la mort de Manirumva
Diplomatie

@rib News, 18/10/2011

Certains éléments de la police, de l’armée et mêmes du ministère des Finances savaient quelques chose sur la mort de l’ancien vice-président de l’Olucome, Ernest Manirumva, tué en 2009 par arme blanche, selon un câble diplomatique américain classé secret mais mis en ligne sur le site Wikileaks.

Selon le câble émis par Patricia Moller, à l'époque Ambassadeur des USA à Bujumbura, l’assassinat de Manirumva a provoqué de graves inquiétudes chez les ONG et la communautés internationale, et inspiré un fort sentiment au Burundi que le gouvernement ou certains de ses éléments sont derrière cet assassinat.

Selon la diplomate américaine, le président de la commission qui avait été installé par le procureur de la République a compliqué la tâche de Mark Horton, un agent spécial du FBI, du Regional Security Officer (RSO) à Nairobi, venu à Bujumbura le 29 avril 2009 pour enquêter sur la mort de Manirumva.

Selon le câble, Stanislas Nimpagaritse, président de la commission d’enquête, a refusé de donner au FBI certains détails sur la mort de Manirumva, ce qui n’a cependant pas empêché au policier américain de faire certaines découvertes à propos de la mort de l’ancien vice-président de l’Olucome.

Nimpagaritse a aussi tenté de désorienter la police américaine dans ses enquêtes, en demandant à Mark Horton d’aller chercher des indices relevées sur lieu du crime par les membres de la famille, parce que, selon les dires de ce président, la famille de la victime avait refusé de les donner à la commission d’enquête qu’il dirigeait.

Selon câble diplomatique, les efforts du 1er vice-président de l’époque Yves Sahunguvu ont été très considérables. Selon l’ambassadrice des Etats Unis au Burundi à l’époque, Mme Patricia Moller, elle appelait souvent le 1er vice-président Sahunguvu pour lui demander des facilités.

En 2010, une année après la mort de Manirumva, les enquêteurs du FBI ont été reçus par le 1er vice-président, de même que le procureur général de la République de l’époque qui s’était même excusé des fautes commises par le président de la commission d’enquêtes et du « malentendu » entre l’équipe américaine et la commission.

Curieusement, selon le câble diplomatique américain, alors que le crime a été commis au-delà de 23 heures, il apparait que les appels émis ou reçus par Ernest Manirumva depuis 19 heures de la journée de sa mort ont été effacés.

Interrogé sur ce point, les membres de la commission ont répondu au FBI que les compagnies de téléphonies ont refusé de les donner, ou tout simplement qu’ils les ont manqués.

Cependant, des témoins avaient raconté qu’ils ont vu des hommes en tenues policières appelant la victime entre 19h et 23h, heure de sa mort, ce qui signifie que certaines traces auraient même été effacées des instruments de la communication.

Dans ses commentaires contenus dans ce câble, la diplomate américaine estime finalement que ne pas procéder à des tests ADN du Général Adolphe Nshimirimana aura été, pour le président Nkurunziza, une occasion ratée de se débarrasser de cet élément gênant, impliqué sans nul doute dans la mort de Manirumva.

Lire câble original en anglais sur Wikileaks