Semi-marathon de Beaune : Manirakiza sans souci
Sports

Bien Public, 16 novembre 2008

Au coude à coude dès le départ, Khalid Chahid, en rouge, et le Burundais Egide Manirakiza (à droite) vont se livrer un joli mano a mano pendant les dix kilomètres des foulées beaunoises (photos Arnaud Finistre)

Annoncé comme le grandissime favori du semi-marathon, le Burundais Manirakiza a décidé, hier matin, de s'aligner sur le 10 km pour ne pas aggraver sa pubalgie. Cela n'a rien changé pour lui : il a tout de même gagné de belle manière.

Une heure avant le départ, la nouvelle s'était déjà répandue comme une traînée de poudre. Egide Manirakiza, double vainqueur du semi-marathon de Beaune, ne concourrait pas pour accrocher une troisième couronne à son palmarès. Victime d'un début de pubalgie, le Burundais avait décidé, plein de sagesse, de s'aligner sur le dix kilomètres, appelé foulées beaunoises.

Si ses principaux rivaux du semi affichaient un petit sourire, pas mécontents de voir un des favoris de l'épreuve disparaître, les coureurs du 10, eux, faisaient plutôt grise mine. Trente-quatre minutes après le coup de pistolet, Manirakiza confirmait les inquiétudes de ses nouveaux adversaires. Il réglait l'épreuve de main de maître. A peine essoufflé sur la ligne d'arrivée. En quelque sorte, une gentille formalité pour lui, même s'il reconnaissait «avoir souffert en début de course».

«J'ai géré ma fin de course»

Seul Khalid Chahid avait pu suivre son rythme une bonne partie de la course. Le Dijonnais, plein de culot, avait même mené les débats avant de voir le Burundais reprendre la direction de la course, une bonne fois pour toutes. Pour autant, le coureur d'Athlé 21 était plutôt satisfait de son deuxième dix kilomètres. «Je suis très content car j'ai battu mon record de deux secondes.»

La course, il la résumait ainsi : «J'ai pris la tête dès le départ car je ne savais pas trop qui il y avait comme concurrents. Ensuite, j'ai essayé de conserver mon rythme. Lorsqu'Egide a porté son attaque aux alentours du 6e ou 7e kilomètre, je n'ai pas essayé de le suivre. Je me suis contenté de gérer ma course.»

Une belle gestion au demeurant puisque Chahid venait mourir à dix-sept secondes du vainqueur. Un bel effort encourageant pour la suite de sa carrière sur la route. Derrière ces deux hommes, l'écart était imposant puisque le troisième de l'épreuve, Adrien Alix, pointait avec près de trois minutes de retard. Un gouffre. Chez les femmes, la victoire est revenue à France Niyonizigiye.

La drôle de journée de Francine

Francine Niyonizigiye avait de quoi faire la tête

Deuxième à Arnay très récemment, engagée sur le 5000 m des Jeux Olympiques à Pékin, Francine Niyonizigiye s'annonçait comme une des grandes favorites du semi-marathon de Beaune. La Burundaise n'avait d'ailleurs d'autre ambition que de gagner dans les routes serpentant entre les vignes.

Après une grosse demi-heure de course, les premiers concurrents du dix kilomètres avaient déjà rallié l'arrivée. Sur la ligne, les coureurs commençaient même à se bousculer. Quelques dizaines de mètres plus loin, une frêle jeune femme désemparée, le regard dans le vide. C'est Francine Niyonizigiye, la favorite du semi. Elle discute avec des bénévoles chargés de récupérer les puces. En fait de discussion, elle fait part de son désarroi, de son incompréhension. «Elle s'est trompée sur le fléchage des deux courses», nous indiquent deux dames avec leur coupe-vent rouge. Première malgré elle du 10 km, Francine s'en va la mine déconfite, la tête basse.

On lui court après pour essayer de comprendre. Avec son maigre français, elle explique : «Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Je n'ai pas bien lu les indications. Je suis très déçue.» Elle n'en dira pas plus. Elle rejoindra la voiture où Annette Sergent avait également ses affaires pour se changer, le visage toujours sombre.

Cette erreur d'aiguillage ne faisait pas le bonheur de tout le monde. Sabrina Tayeb-Ghandour, qui aurait pu légitimement postuler à la victoire, a dû ainsi se contenter de la deuxième place. Non décidément, Francine n'a pas fait pas que des heureuses, hier après-midi. A commencer par elle.

Jean-Yves ROUILLÉ