Burundi : Le pouvoir accusé d'être le cerveau du massacre de Gatumba
Justice

RFI, 14 décembre 2011

Burundi : Coup de théâtre dans le procès des auteurs présumés de l'attaque de Gatumba

Coup de théâtre, ce 13 décembre 2011, dans le procès des auteurs présumés de l'attaque dans un bar de Gatumba, près de Bujumbura, en septembre 2011. Le principal accusé, Innocent Ngendakuriyo alias « Nzarabu », aux mains de la justice burundaise a accusé des hauts gradés des services de sécurité, dont le n°2 de la police et le n°2 du ministère de la Sécurité publique, d'avoir commandité l'opération qui a coûté la vie à 37 personnes.

Jusqu'ici, 19 des 21 prévenus ont comparu à la barre, mais il s'est avéré au fil des audiences que tous les gens, accusés d'être les auteurs et co-auteurs de cette tuerie, n'ont pas pris part directement à l'attaque, comme l'a reconnu l'accusation.

Nzarabu, le principal accusé, n’a pas déçu les centaines de personnes qui assistent chaque jour à son procès et qui attendent de lui de grandes révélations : « Je n’ai pas participé au massacre de Gatumba », a martelé cet homme d’une vingtaine d’années présenté jusqu’ici comme l’un des planificateurs de l'opération.

Trois hauts gradés des services de sécurité burundais sont accusés d’être responsables de cette tuerie. Nzarabu assure qu’ils l’avaient chargé de tendre un piège à Claver Nduwayezu alias « Mukono », un chef rebelle qui sévit dans la région, aujourd’hui accusé d’être le principal cerveau de ce massacre. Le piège aurait mal fonctionné.

Le prévenu, qui a été soumis au feu des questions des juges pendant plus de quatre heures, ne s’est jamais démonté et a demandé à plusieurs reprises à être confronté à ces hauts gradés de la police. En vain. Maître Fabien Segatwa, l'un de ses avocats a mis en garde contre le refus de faire comparaître ces officiers burundais : « Nous demandons au tribunal qu’il n’y ait pas des zones d’ombre. S’ils ne comparaissent pas, tout le monde dira qu’il y a quelque chose qui se cache derrière ce refus ».

Autre retournement de situation tout aussi spectaculaire, certaines familles de victimes semblent désormais soutenir la version des prévenus : « on avait présenté Nzarabu comme le cerveau de ce massacre, mais il vient de se dédouaner et d’accuser les cerveaux de ce crime. Nous leur demandons de comparaître car ils n’ont rien à craindre s’ils sont innocents ».

Aux juges burundais de décider.

Le 18 septembre 2011 au soir, un groupe d'hommes armés avaient pénétré dans le bar Chez les amis à Gatumba, dans la périphérie de la capitale. Ils avaient mitraillé la salle, causant la mort de 37 personnes.