Burundi : Le CNDD-FDD tergiverse face au message de l’Eglise Catholique
Opinion

@rib News, 18/12/2011

NZOPFABARUSHE MELCHIADE REJETTE DU REVERS DE LA MAIN LA PROPOSITION DE L’EGLISE CATHOLIQUE.

Par Pancrace CIMPAYE

En cette fin d’année la mémoire collective des Burundais retiendra ce message de l’Eglise catholique de ce 11 décembre 2011 comme un acte courageux et salvateur ; ce rappel à l’ordre à la classe politique burundaise est un pas important dans la compréhension commune du mal qui ronge le Burundi et des perspectives de solutions. La réaction du gouvernement par le biais de son porte parole est presque mitigée. Retenons quand même que Philippe Nzobonariba a accepté la précieuse contribution du Clergé.

Mais au moment où le peuple burundais attendait la fumée blanche venant du Gouvernement, l’un des hommes forts du pouvoir de Bujumbura, le bras droit du Président Nkurunziza, Monsieur NZOPFABARUSHE Melchiade vient de balayer du revers de la main la proposition de l’Eglise Catholique. Rappelons que cet homme politique est le Président du Forum des partis politiques, le cadre qui devrait, selon le Gouvernement, organiser le dialogue avec l’opposition.

Ainsi, ce Mardi 13 décembre 2011 vers 21 heures dans un café de la gare du Midi à Bruxelles, Nzopfabarushe a déclaré que le dialogue tel que proposé par les évêques catholiques du Burundi n’aura jamais lieu ! De même, devait-il ajouter, il n’y aura plus de rébellion au Burundi ! Signalons que ce débat houleux se passait entre Nzopfabarushe et le porte parole spéciale du CNDD-FDD à l’étranger, le doctorant en Sciences politiques Innocent BANO. Ce dernier est le seul défenseur du parti présidentiel qui a encore le courage de signer ses écrits par son vrai nom. Ce dernier rentre du Burundi. Il a vu. Il a compris.

Nantis de l’expérience qu’il a eue sur terrain au Burundi, Monsieur BANO a signifié à son interlocuteur que la rébellion est possible au Burundi. Dans son argumentaire il a précisé que la rébellion n’est pas en priorité le nombre d’armes qu’on détient mais un état d’esprit. Or devait-il poursuivre, l’injustice et la frustration qui rongent beaucoup de Burundais est un cocktail explosif. Un cocktail qui révolte.

Surpris par cette vérité, Nzopfabarushe, manifestement habitué à une discussion sans contradiction, a piqué une colère. Dans sa fureur il a rappelé à BANO qu’il est détenteur d’une licence en Droit et qu’à ce titre il maîtrise tous les contours juridiques d’une rébellion et des négociations politiques. Du berger à la bergère Monsieur BANO a rappelé qu’au niveau académique il est mieux loti que le Président du forum des partis politiques burundais. Il a précisé qu’il est doctorant en sciences politiques. En revanche il a relevé que Nzopfabarushe qui se targue d’être juriste n’a jamais dépassé le seuil des candidatures en droit. En conséquence devait-il conclure, le faux diplôme que tu brandis à tout bout de champ ne t’autorise pas de dénaturer la triste réalité que vit le peuple burundais et les conséquences plausibles qui vont de pair!

Le groupe d’étudiants burundais en troisième cycle qui occupaient la table à côté n’en croyaient pas leurs oreilles ! Ce qui était fascinant dans ce face à face inter CNDD-FDD c’était cette vérité que crachait Innocent BANO et la façon dont il a démonté l’arrogance de ce bras droit de Nkurunziza. L’autre enseignement qu’on a tiré de cette scène est que la machine CNDD-FDD est un engin à plusieurs pilotes. Difficile de cerner le centre de décisions. La démarche et le message de l’Eglise Catholique se heurteront donc à ce handicap majeur. Le dilemme cornélien est à nos yeux : Nzobonariba Philippe, porte parole du gouvernement Nkurunziza salue le message des évêques pendant que Nzopfabarushe, bras droit du Président Nkurunziza, rejette du revers de la main le même message. Qui des deux « NZO » mène la barque ?

Pour les Indignés Burundais,

Pancrace CIMPAYE.