Burundi : Un militant anti-corruption écroué pour "fausse déclaration"
Droits de l'Homme

@rib News, 07/02/2012 – Source AFP

Faustin Ndikumana, président de l'association Parole et action pour le réveil des conscience et l'évolution des mentalités (Parcem)Le président d'une association de lutte contre la corruption au Burundi a été arrêté et écroué mardi soir pour « fausses déclarations » sur « plainte » du ministère de la justice, a-t-on constaté sur place.

« Un substitut du procureur général près la Cour anti-corruption vient de décider de m'arrêter et de m'incarcérer à la prison de Mpimpa à Bujumbura, sur une plainte du ministre de la Justice », a annoncé à la presse Faustin Ndikumana, président de l'association Parole et action pour le réveil des conscience et l'évolution des mentalités (Parcem).

M. Ndikumana a fait cette déclaration au sortir du parquet de la Cour anti-corruption après plus de six heures d'interrogatoire, dans la capitale Bujumbura.

Des agents de la brigade anti-corruption avaient tenté de l'arrêter mardi matin dans les studios de la Radio publique africaine mais y avaient renoncé face à l'hostilité des journalistes de cette station privée, très critique envers le pouvoir. M. Ndikumana s'est ensuite rendu volontairement au parquet.

« J'ai constaté que c'est le ministre de la justice (Pascal Barandaiye) qui a porté plainte contre moi pour fausses déclarations et pour propos diffamatoires, suite à une lettre que je lui ai adressée et des propos que j'ai tenu récemment sur plusieurs radios », a-t-il poursuivi.

Le président de Parcem avait affirmé dans sa correspondance qu'« une somme de deux millions de francs (1.450 USD) était payée par les demandeurs d'(un) emploi à la magistrature », et que « le ministre de la Justice (avait) une part de responsabilité dans cet état de fait », selon une copie de la plainte.

M. Ndikumana a estimé qu'il critiquait en l'occurrence « un système et non des individus », et que « ces pratiques de corruption existaient depuis des années dans le domaine de la justice ».

« Mandela a connu la prison, Gandhi a connu la prison. Etre emprisonné pour défendre les intérêts de la population, la justice, la vérité, pour moi ce sera un honneur », a-t-il ajouté.

Au Burundi, pays considéré comme l'un des plus corrompus du monde, notamment par l'organisation Transparency International spécialisée en la matière, de nombreux responsables d'organisations de la société civile ont déjà connu la prison, et font régulièrement l'objet de menaces de mort.