Les pays de l'EAC contre une "dollarisation" croissante de l'économie régionale
Economie

PANA, 15 février 2012

Nairobi, Kenya - Les gouverneurs de Banque centrale d'Afrique de l'Est ont lancé une bataille contre la "dollarisation" croissante de l'économie régionale et l'effet contagieux d'une demande croissante des consommateurs au Soudan du Sud, alors que la région se dirige vers une unité économique.

Les Gouverneurs de Banque centrale des cinq pays de l’Afrique de l’Est - Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda - ont déploré l’effet croissant de la "dollarisation", que la plupart d’entre eux ont estimé entre 27 et 30 pour cent de tous les dépôts bancaires, qu’ils considèrent comme un facteur de risque pour la stabilité monétaire.

Les Gouverneurs ougandais, rwandais et tanzanien de la Banque centrale, se sont plaints des effets d’une économie de plus en plus "dollarisée", en soulignant que la conversion des devises était également responsable de l’inflation croissante dans la région.

Le Gouverneur de la Banque centrale de Tanzanie, Benno Ndulu, a déclaré lors d’une réunion régionale des gouverneurs de banque à Nairobi, jeudi, qu’une part importante (28 pc) de l’argent consacré aux importations de pétrole brut était une conséquence du taux de change, ce qui avait mené à une forte inflation et à l’affaiblissement des monnaies locales en Afrique de l’Est.

En s’exprimant lors d’une réunion d’une journée des Gouverneurs de Banque centrale, organisée par la Banque africaine de développement (BAD) sur les moyens de parer aux effets de la crise de la dette de l’Eurozone, le Professeur Ndulu a invité les banques centrales d’Afrique de l’Est à réévaluer leurs méthodes de recherche et à se concentrer sur des secteurs pouvant encore faire davantage pression sur le taux d’inflation.

Dans la région d’Afrique de l’Est, tous les importateurs de pétrole brut ont connu une flambée de leur taux d’inflation.

La Tanzanie a enregistré le taux d’inflation sur les denrées alimentaires le plus élevé, qui est actuellement de 47,8 pc contre 27pc en Ouganda, 38 pc au Kenya et 35 pc au Rwanda - contre 18 pc en Afrique du Sud.

D’après M. Ndulu, une formule régionale est nécessaire pour harmoniser la collecte des données sur l’inflation et l’inflation sur les prix des denrées alimentaires est sûrement plus forte en Tanzanie, parce que les données ont été recueillies dans 18 villes et communautés rurales éloignées, et comprennent les ménages les plus pauvres.

Le Directeur de la Recherche de la Banque centrale d’Ouganda, Adam Mugume, a indiqué que la multiplication par deux des prix du sucre à Kampala et dans d’autres régions et la demande croissante des consommateurs dans le nord de l’Ouganda et le Soudan du Sud orientaient en partie la demande en produits importés en Ouganda.

"Nos importations passent par le Soudan du Sud et il s’agit pour la plupart de produits nationaux qui accentuent l’inflation", a déclaré le Dr. Mugume à 40 délégués et au huit gouverneurs de banque centrale, présents à cette réunion.

Les Gouverneurs se sont réunis pour discuter d’une réponse stratégique à l’inflation, qu’ils ont attribué à la "dollarisation", à la dépréciation des monnaies locales comme conséquence d’une demande de crédit stimulée localement par les importations et la crise de la dette de l’Eurozone.