Kagame entre dans le “club” des prédateurs de la liberté de la presse
Afrique

Reporters sans frontières, 3 mai 2012

Communiqué de presse - Journée internationale de la liberté de la presse

RWANDA : Paul Kagamé parmi les prédateurs de la liberté de l'information

Paul KagameUne silhouette tout en longueur, des petites lunettes d’intellectuel, des costumes soignés. Le physique lisse de Paul Kagamé évoque davantage l’homme politique moderne, par ailleurs très connecté à Internet, que l’ancien chef de guerre qu'il a été. Le processus de réconciliation enclenché par l’Etat suite au génocide de 1994 lui sert néanmoins à asseoir son pouvoir et à neutraliser l’opposition.

A la tête du Rwanda depuis 1994, président depuis 2000, réélu en 2010, Paul Kagamé ne tolère aucune question embarrassante lors de ses conférences de presse. Il dénigre régulièrement les journalistes et qualifie les médias critiques de "Radio Mille Collines". Chaque année, plusieurs journalistes rwandais jugent le climat irrespirable et fuient le pays. Le président Kagamé n’en a cure : pour lui, ces journalistes sont des "mercenaires" et des "clochards".

Début 2011, deux femmes journalistes ont été condamnées à 17 et 7 ans de prison pour avoir critiqué le chef de l'Etat. Un an plus tard, leurs peines ont été réduites à quatre et trois ans.

En juin 2010, Jean-Léonard Rugambage, rédacteur en chef adjoint du journal Umuvugizi, bête noire du régime avec Umuseso, a été assassiné à Kigali, vraisemblablement parce qu'il enquêtait sur les services secrets et leur tentative de meurtre contre un général en exil.

"Diffamation", "immixtion dans la vie privée", "offense à la personne du président de la République", ce genre de mobiles est utilisé à tour de bras par le ministère de l’Information, ou le Haut Conseil des médias, son antenne de régulation fort peu indépendante.

Cerise sur le gâteau, le capital de départ exorbitant exigé pour la création d’un média (41000 euros, par exemple, pour le lancement d’un journal écrit), moyen efficace de freiner la diversification du marché de la presse.