Afrique du Sud : polémique autour d'un portrait irrespectueux de Zuma
Afrique

@rib News, 18/05/2012 – Source AFP

 Un tableau du président sud-africain Jacob Zuma, le représentant à la manière de Lénine avec un sexe bien en évidence, faisait polémique vendredi en Afrique du Sud, l'ANC au pouvoir exigeant le décrochage de l'œuvre, exposée à Johannesburg.

Directement inspiré d'une célèbre affiche soviétique dont il reprend les couleurs, rouge, jaune et noir, le tableau « The Spear » (la lance) montre un Zuma inspiré, exposant son pénis.

Il est la pièce centrale de l'exposition du plasticien sud-africain Brett Murray (né en 1961) présentée jusqu'au 16 juin par la Goodman Gallery, une galerie privée de Johannesburg.

Une soixantaine d'œuvres y figurent, et la plupart détournent les symboles du parti qui a libéré l'Afrique du Sud de l'apartheid et est au pouvoir depuis 1994, en jouant avec les canons du réalisme socialiste.

L'exposition est intitulée « Salut au voleur », une allusion aux affaires de corruption qui minent le pouvoir du Congrès national africain (ANC).

Le parti présidentiel s'est « indigné » et a sommé la galerie de décrocher l'œuvre, éventuellement par voie légale.

« L'image et la dignité de notre président, en tant que président de l'ANC, président de la République et être humain, est abîmée par cette soi-disante œuvre d'art de Brett Murray à la Goodman Gallery », a déclaré l'ANC dans un communiqué.

« Nous avons demandé à nos avocats de saisir les tribunaux pour contraindre Brett Murray et la Goodman Gallery de décrocher le portrait et de le retirer de son site internet, et aussi de détruire tout le matériel promotionnel », a-t-il ajouté.

Le parti gouvernemental s'est également offusqué qu'une autre œuvre reprenne sans son autorisation le logo de l'ANC, en l'espèce affublé d'une mention « à vendre ».

La confédération syndicale Cosatu et le Parti communiste, alliés de l'ANC, ont rapidement publié des communiqués condamnant l'œuvre.

« Nous pensons que ça serait de la censure d'enlever la peinture », a réagi Lara Koseff, porte-parole de la Goodman Gallery.

L'ANC « ressent la soi-disante représentation de notre président comme une diffamation. Nos avocats leur ont écrit pour dire que nous n'enlèverons pas le tableau », a-t-elle assuré.