Hommage au Père Henri Farcy
Société

@rib News, 23/12/2008

Père Henri FarcyLe Père Henry Farcy, qui a accueilli et soutenu à Bukavu les réfugiés burundais rescapés du génocide de 1972 au Burundi, est décédé le samedi 13 décembre 2008, peu après minuit, à l’Hôpital Universitaire de Jette dans la banlieue bruxelloise.

Il avait été plongé pendant quelques jours dans un coma irréversible suite à une hémorragie cérébrale.

Une cérémonie religieuse a été organisée à son intention à l'Eglise Saint Vincent à Evere le vendredi 19 décembre.

Un mot de circonstance a été adressé à l'intention de la famille ainsi que la communauté des missionnaires pour le compte de la communauté burundaise.

Mot de circonstance du comité de coordination «hommage au père Henri Farcy»

Adressé à la famille et la communauté des pères missionnaires d'Afrique lors des cérémonies religieuses en l’église Saint Vincent à Evere

Belgique - 19 décembre 2008

Hommage au père Henri Farcy

En 1972, le père Farcy n’est pas resté indifférent au sort des réfugiés burundais, pour qui il s’est battu corps et âme en vue de leur assurer un avenir meilleur, après un accueil organisé au centre Bandari avant que le Hcr ne prenne la relève.

C’est suite à sont insistance et les interventions musclées auprès d’organismes tel que l’ Hcr, les autorités congolaises, les médias belges que la prise en compte du cas des réfugiés burundais a été effective. Mais avant cela il a du batailler avec Birihanyuma Jean avec des moyens de bord en vue de dispenser les premiers secours.

Le père Farcy n’a pas été épargné par la machine oppressive, de Bujumbura, qui, de connivence avec les services Congolais, avait à maintes reprises mené des actes d’intimidation face auxquels il est toujours resté imperturbable. Il aurait bien pu plier bagages et se rendre dans une autre province, mais il a préféré y faire face et réaliser ses objectifs au sein de projets diversifiés qu’il avait entrepris à Bukavu.

Il a ensuite pris son bâton de pèlerin pour sillonner pas mal de pays de l’Afrique du nord et de l’Europe en vue de récolter des fonds qui serviront à caser pas mal de réfugiés burundais dans des écoles secondaires et formations universitaires.

Le plus grand rôle joué par le père Farcy est d’avoir assuré la garantie d’une éducation à ces réfugiés burundais dont un grand nombre a décroché des titres universitaires à l’étranger, notamment au Congo, au Rwanda et en Afrique de l’Ouest.

Forts de leurs bagages intellectuels  les rescapés de 1972 ont joué par la suite  un grand rôle dans la lutte pour la démocratie au Burundi. A ce jour, on retrouve pas mal de cadres compétents qui, directement ou indirectement, ont bénéficié de la magnanimité du père Farcy.

Les cadres burundais voulaient bien le lui rendre et prévoyaient l’organisation d’une visite «officielle» au cours de laquelle, au nom de tous les burundais une cérémonie de remerciements lui était réservée. Pour des raisons d’agenda une première fois et de santé, une seconde fois, la cérémonie a été reportée à une date ultérieure…elle n’aura plus lieu en présence du père Farcy.

Deux grands artisans burundais lui ont inspiré l’idée d’un programme d’artisanat. Mbesha Martin et Sindayigaya Sylvestre (décédé à Kamenge). Ces deux artisans sculpteurs Burundais dotés d’un talent indéniable ont décroché pas mal de prix. Ils ont pu exprimer leur talent grâce au projet Likembe. Une coopérative artisanale située à Nyawera au Centre Jean XXIII initiée par le père Henry Farcy.

Sur les traces de père Henry Farcy, une coopérative est à ce jour installée dans les mêmes bâtiments.

En 2002, une cérémonie de remerciement a été organisée à Bruxelles à l’honneur du Père Henri Farcy par la communauté burundaise de Belgique. L’orateur du jour, Nzisabira Jean, qui l’a précédé pour ce long voyage, a fait remarquer, que vis-à-vis des Burundais, la mission du père Henry Farcy était bel et bien accomplie.

Une proposition a été émise à cette occasion dont le suivi devrait être relayé par les Burundais de Bujumbura. Proposition que nous réitérons et dont nous assurerons un large suivit : Baptiser une des avenues de Bujumbura : «Avenue Père Henry Farcy» ! 

C’est sur cette volonté que nous réitérons nos remerciements à la famille, à la communauté des Pères Missionnaire d’Afrique tout en adressant nos sincères condoléances au nom de toute la communauté burundaise.

Que la terre lui soit douce, paisible, et que la miséricorde du tout puissant lui soit accordée.

Pour le Comité de coordination,

Birihanyuma Parfait

Domitien Ngendakumana


Eléments Biographiques

Source Société des Missionnaires d’Afrique – Secteur Belgique

Henri Farcy avait 81 ans dont 56 ans de vie missionnaire au Congo et en Belgique

Henri naquit à Molenbeek, le 3 mai 1927. Après ses études secondaires à Saint Louis (Bruxelles), il entra chez les Pères Blancs à Thy-le-Château en septembre 1946. Il fit son noviciat à Varsenare et ses études de théologie à Heverlee, où il fut ordonné prêtre le 5 avril 1953.

Le 21 avril 1954, il prit l'avion (Sobelair) pour Bukavu, qui s'appelait encore Costermansville. Il débuta comme titulaire de la troisième latine au petit séminaire de Mungombe. Il fut ensuite vicaire et directeur des écoles, à Kiringye en 1955, à Bagira en 1959, à Walungu en 1960, où il suit le stage de langue Mashi.

Quand il termina son premier congé, en juillet 1961, il fut nommé à l'animation missionnaire, avec résidence à Namur. On ne put le retenir longtemps en Belgique. De retour à Bukavu en décembre 1964, Henri fut nommé vicaire à Kadutu, pour devenir quelques semaines plus tard, Aumônier et Directeur des Oeuvres Sociales du diocèse.

En 1966 il s'installa à la Procure. Le service des plus pauvres lui permit de donner toute sa mesure. Que de projets pour endiguer le kwashiorkor! Il a capté ou assaini des milliers de sources. Pour financer ses projets, Henri fut tout aussi inventif: ainsi, par exemple, monta-t-il un commerce de cuisses de grenouilles que les gosses allaient chasser pour lui. Rien d'étonnant donc qu'on lui donnait le surnom de "farci d'idées".

En 1976 il monta à Bukavu son fameux Programme d'Artisanat, dont les produits furent vendus dans un grand magasin au centre de la ville et qui permit à des centaines d'artisans de gagner un peu d'argent. Il se rendra, avec un groupe d'artisans congolais, en Inde, pour y étudier le tissage du sisal! Henri était un phénomène, dévoué, spitant d'idées, poursuivant ses projets avec un certain entêtement.

Il trouva encore le temps, en 1984, d'aller faire une maîtrise en Sciences humaines et sociales à Paris. Il continua son travail à Bukavu, jusqu'à son évacuation par Entebbe, en décembre 1996, lors du passage de l'armée de Laurent Désiré Kabila.

En mai 1997, le voilà de retour au Congo, chargé des Œuvres Sociales et du développement du diocèse de Mahagi. Il sera le collaborateur incontournable du HCR au service des réfugiés. Il en profitera pour aménager un terrain d'aviation pour petits porteurs, tellement précieux pour les déplacements dans ce pays immense.

A partir de juillet 1999, Henri résidera à Bunia jusqu'à son retour définitif en Belgique, en avril 2000. Il s'installe alors à la rue de Linthout et est responsable du Denier de St-Pierre et membre de l'équipe de Missio pour le Brabant Wallon. En 2005, il profite encore de la session de 70+ à Rome. En septembre 2008, il rejoint la communauté d'Evere, sa santé nécessitant quelque soin.

Il y aurait encore tant à dire de cet homme très cultivé, curieux de tout, qui a, de son écriture petite et régulière, rempli des cahiers et des cahiers, pleins d'observations, de descriptions, d'analyses de toute sorte; qui a laissé une énorme étude sur les perles et les coquillage en Afrique, étude qui ne fut jamais publiée; de cet artiste dessinateur, qui nous a laissé d' innombrables dessins au crayon de paysages, de bâtiments, des dessins humoristiques aussi, des pastels, des gouaches…

J.V.