Initiative caritative au Canada pour soutenir des enfants du Burundi
Diaspora

L'Action, 20 juin 2012

Une soirée de soutien pour les enfants du Burundi

 Par Jorge Oliveira

Le Fonds pour l’éducation au Burundi a organisé une soirée au bénéfice d’enfants déscolarisés du Burundi, en Afrique. L’opération s’est déroulée le vendredi 7 juin, au Coventry Walk Centre, à London. Retour sur le combat de cette association qui fête ses deux ans d’existence.

Où va-t-on aujourd’hui avec 20 $ en poche ? Au Canada, pas très loin. Ce n’est pas que l’argent soit ici abondant, c’est simplement une question de valeur relative. Au Burundi, par exemple, la donne est complètement différente. Dans ce petit pays d’Afrique de l’Est, si ce n’est pas tout, 20 $ c’est beaucoup. C’est même le salaire mensuel de bien des gens modestes. Entre le Canada et le Burundi, on l’aura compris, il n’y donc pas que des milliers de kilomètres. Il y a aussi tout un monde.

Dans ce pays de la région des Grands Lacs, enclavé entre le Congo et le Rwanda, les populations en sont encore à tenter de reconstruire ce qu’il y a à reconstruire après une guerre civile suivie d’un génocide, c’est-à-dire tout, ou presque. On connaît le triptyque post cataclysme humanitaire : des routes, des hôpitaux, et des écoles bien sûr. Des écoles, surtout. Parce que c’est par là que tout commence quand il faut partir de rien.

La soirée caritative organisée le vendredi 7 juin par le Fonds pour l’éducation au Burundi (FEB) s’inscrit à sa mesure dans ce titanesque effort de relèvement national. Cette association s’est donné en effet un objectif : recueillir un maximum de fonds pour venir en aide à des centaines d’adolescents restés aux portes d’un système éducatif anémié par des années de conflits. Prix du billet d’entrée de la soirée : 20$.

« Pour se faire une idée des besoins, nous avons fait une évaluation des frais annuels pour scolariser un enfant au secondaire. Il suffit de 150 $ pour que celui-ci puisse suivre des cours une année entière », explique l’un des co-fondateurs du FEB, Lin Ndayifukamiye, avec Renée Singirankabo.

C’est la deuxième fois que l’association monte une telle opération. L’année dernière, au moment des fêtes, une campagne du même type avait permis de récolter près de 500 $. Pas grand-chose a priori, mais ce sont pourtant des initiatives de cette veine-là qui font que l’association peut s’enorgueillir d’un honorable bilan. Et même plus qu’honorable puisque ledit bilan est à mettre au compte d’une association qui a à peine deux ans d’existence. « On a pu aider près de 250 enfants », selon son président. Toujours selon Lin Ndayifukamiye, 2000 $ ont été récoltés lors de cette soirée.

Les adolescents en difficulté sont essentiellement concentrés dans les zones rurales du pays dont l’économie repose en grande partie sur le secteur agricole. Des étudiants qui vont étudier à des centaines de kilomètres de leur domicile et qui n’ont pas toujours les moyens de rentrer le soir venu.

L’idéal consiste donc à les faire coucher sur place pour éviter qu’ils ne finissent par jeter l’éponge. Les pensionnats sont une solution, à condition de les mettre à la portée d’enfants issus des classes les plus modestes de la population. D’autant que nombre de ces mêmes étudiants sont orphelins d’un parent, quand ce n’est pas carrément des deux.

Des dizaines d’écoles sont visées par l’association qui s’appuie sur un solide réseau de partenaires dans ces régions excentrées. Des relais chargés de cibler les situations les plus urgentes et de suivre au cas par cas la scolarité des adolescents bénéficiant du dispositif.

« On reçoit les dossiers de chaque élève avec ses notes, des photos et toutes sortes de signes indiquant que celui-ci progresse », précise Lin Ndayifukamiye. Ce soir-là, aux dizaines de convives venus soutenir l’association, c’est cette réalité qui leur été expliquée entre deux bouchées de poulet agrémentée de manioc. Tout ça pour trois fois rien. Enfin, tout dépend pour qui. Au Burundi, 20 $ c’est l’Amérique.

Photo : Des participants à la soirée-bénéfice