Démission du président somalien Abdullahi Yusuf
Afrique

@rib News, 29/12/2008 – Source Reuters

Abdullahi YusufLe président somalien Abdullahi Yusuf a démissionné lundi, mettant fin à l'impasse politique au sommet de l'Etat et au contentieux politique qui l'opposait au gouvernement intérimaire du Premier ministre Mohamed Mohamud Guled.

L'impasse dans laquelle se trouve la Somalie a entraîné un blocage des pourparlers de paix sous l'égide de l'Onu alors que les insurgés islamistes campent toujours à la périphérie de Mogadiscio.

"Comme je l'avais promis lorsque vous m'avez élu le 14 octobre 2004, je démissionnerais si je ne pouvais pas remplir mon devoir. J'ai décidé de vous restituer la responsabilité que vous m'avez confiée", a déclaré Yusuf devant le parlement.

Le président du parlement Cheikh Aden Madobe va assurer l'intérim politique, a précisé Yusuf avant de quitter l'assemblée et de se rendre à l'aéroport pour une destination inconnue.

"La majeure partie de notre pays échappe à notre contrôle et nous n'avons plus rien à donner à nos soldats. La communauté internationale a, elle aussi, échoué dans sa tentative pour nous aider", a déclaré Yusuf à l'adresse des députés.

Selon des diplomates, le départ de Yusuf devrait fournir l'occasion de constituer un nouveau gouvernement disposant d'une base élargie afin de remettre le processus de paix sur les rails.

Certains experts font toutefois remarquer que cela risque d'ouvrir une période de violences et d'instabilité politique pour le gouvernement fédéral de transition somalien (TFG).

La rivalité opposant le chef de l'Etat à l'ancien Premier ministre Nur Hassan Hussein risque, estiment des analystes, d'inciter les milices à s'affronter dans la rue, où les rebelles islamistes se battent contre un contingent éthiopien allié du TFG ainsi qu'une force de paix de l'Union africaine.

Hussein, qui est prêt à intégrer les islamistes dans le processus de paix, s'était entretenu il y a une dizaine de jours à Djibouti avec Cheikh Charif Ahmed, chef de file de l'opposition islamiste modérée.

Les pays occidentaux et les voisins de la Somalie ont beaucoup investi politiquement dans le TFG et ont manifesté leur frustration face à son peu d'efficacité.

Le contingent éthiopien a permis au TFG de rester au pouvoir depuis deux ans mais ses effectifs ne sont plus aujourd'hui que d'environ 3.000 hommes qui, selon Addis-Abeba, seront rapatriés d'ici le mois de janvier.

L'insurrection islamiste contrôle la majeure partie du sud de la Somalie en dehors de Mogadiscio et de Baïdoa, où siège le Parlement.

Les analystes prédisent que le reste du pays tombera sous la coupe des rebelles une fois tous les Ethiopiens partis, à moins que le contingent de l'UA ne soit renforcé.

NdlR : Pour rappel, ce sont des troupes du Burundi, qui a déployé un contingent de 1700 soldats, et de l'Ouganda qui forment la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom) forte de seulement 3.400 soldats, alors que le mandat de l'Amisom prévoit un total de 8.000 hommes.