Burundi : Prison à perpétuité pour journaliste, critiques unanimes
Droits de l'Homme

MISNA, 21 juin 2012

Le tribunal de grande instance de Canzuko a condamné à la prison à perpétuité le journaliste Hassan Ruvakuki, reconnu coupable “d’actes de terrorisme”. Ruvakuki travaille pour l’émetteur indépendant Bonesha Fm en plus d’être correspondant en langue swahili pour Radio France internationale (Rfi).

En novembre dernier il avait été arrêté par les services de sécurité dans l’Est du pays puis détenu dans un camp militaire. Il avait été immédiatement accusé de complicité avec un nouveau groupe rebelle, le Front pour la restauration de la démocratie (Fdr Abanyagihugu) de Pierre Claver Kabirigi, un ex-militaire destitué pour indiscipline d’après la version officielle.

Dans la Tanzanie frontalière il avait assisté à l’acte de naissance de la formation qui a déjà revendiqué divers attentats dans l’est burundais, dans les provinces de Ruyigi et Cankuzo. Dans le cadre du procès pour terrorisme 13 co-accusés ont été condamnés à la même peine tandis que neuf autres devront passer 15 ans en prison.

La sentence, considérée très sévère, a suscité la protestation généralisée des syndicats et associations de défense des journalistes qui se sont dits “stupéfaits”. A l’unanimité l’issue du procès a été interprétée comme une “déclaration de guerre à l’encontre des médias” et une “tentative d’intimidation” selon l’Union burundaise des journalistes (Ubj).

Pour le directeur de la radio Bonesha Fm, la condamnation de son collègue est une “honte pour la justice burundaise, pour le gouvernement et pour tout le pays”. La rédaction de Rfi et France 24 s’est dite “choquée par la peine à charge de Ruvakuki, condamné dans l’exercice da sa profession”.

Le cas a déjà été baptisé “le procès de la honte” en raison d’une procédure ni juste ni équitable qui “fait planer un doute sur l’indépendance de la justice au Burundi” ont déclaré les avocats du journaliste qui feront appel.

Depuis les élections générales de 2010, boycottées par l’opposition, le pays des Grands Lacs a été fortement déstabilisé par des homicides, agressions, attentats et disparitions forcées.

L’arrestation et la condamnation de Ruvakuki interviennent dans un climat de tension généralisée marqué aussi par des échanges d’accusation et l’absence de dialogue entre le gouvernement et l’opposition. Ces derniers mois trois radios, dont Bonesha Fm, ont fait l’objet de plusieurs convocations auprès de la magistrature. [VV]