Affaire Ruvakuki : la défense réclame, en vain, la copie du jugement
Droits de l'Homme

RFI, 26 juin 2012

Burundi : la défense de Hassan Ruvakuki, correspondant de RFI, n'a toujours pas pu faire appel

 L'avocat du journaliste burundais Hassan Ruvakuki, correspondant de RFI en kiswahili, n'a toujours pas pu faire appel de la peine de prison à perpétuité décidée la semaine dernière par la justice burundaise. La raison ? Le tribunal de Cankuzo n'a toujours pas remis la copie du jugement à la défense. Pour maître Onesime Kabayabaya, cela démontre la mauvaise foi de la justice burundaise dans cette affaire.

Maître Onesime Kabayabaya, avocat du journaliste burundais Hassan Ruvakuki explique qu'à l'avocat, les autorités judiciaires ont rétorqué que la copie du jugement serait remise au prévenu, et au prévenu, qu'elle serait remise à l'avocat. Cette copie du jugement est indispensable, dit-il, pour faire appel. Il affirme qu'il ne va pas se décourager pour autant, jusqu'à obtenir un jugement équitable.

Un homme disponible et professionnel

Après la condamnation de Hassan Ruvakuki, le correspondant de RFI en kiswahili au Burundi, à une peine de prison à perpétuité mercredi pour « complicité de terrorisme » pour s’être rendu Tanzanie où il a assisté à la naissance d’une nouvelle rébellion burundaise, notre correspondant à Bujumbura, se trouvait lundi dans la station privée qui emploie localement Hassan Ruvakuki. Il témoigne.

Nichée au 2e étage d’un immeuble situé en plein centre-ville de Bujumbura, la radio Bonesha FM est depuis sept mois, à la tête d’une campagne en faveur de la libération de son journaliste, Hassan Ruvakuki. Chaque jour, ce spot est diffusé des dizaines de fois :

« Toute la famille des journalistes burundais, et du monde entier, s’inscrit en faux contre cette sentence qui n’a d’autres visées que de faire régresser la liberté de la presse au Burundi ».

Dans la salle de rédaction de cette station associative burundaise, les collègues journalistes d’Hassan Ruvakuki racontent avec beaucoup d’affection et de pudeur, un homme simple et surtout, un véritable professionnel.

« Après sept mois, on sent réellement qu’il nous manque » « Parce que c’est quelqu’un qui était toujours là, et c’est quelqu’un qui sait aussi écouter les autres ». « C’est quelqu’un qui est jovial. Je l’ai rarement vu en colère et il faisait consciencieusement son travail ».

Dans son bureau, Patrick Nduwimana, le directeur de Bonesha FM, croit avoir compris ce qui peut expliquer l’acharnement contre son journaliste, qui vient d’être condamné à la prison à vie : 

« D’abord,  il y avait une haine contre Hassan principalement due, nous pensons, à l’émission qu’il fait et qui s’appelle "Jambo na ma jambo". Cette émission ne plaisait pas au pouvoir. Deuxièmement, le pouvoir a voulu cacher qu’il peut même y avoir des gens qui sont frustrés et qui peuvent penser à prendre des armes ».

Tous dans cette station estiment que la place de Hassan Ruvakuki est devant un micro et non en prison, et ils disent, avoir la foi.