Le président burundais appelle à préserver l'unité retrouvée

@rib News, 02/07/2012 – Source AFP

 Le président burundais, Pierre Nkurunziza, a appelé lundi, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance du pays, les Burundais à "préserver leur unité retrouvée" après des décennies marquées par des violences interethniques.

« Lorsque nous avons perdu l'unité que nous a léguée le père de l'indépendance de ce pays, le prince Luis Rwagasore, (...), des Burundais sont morts en masse, d'autres ont fui le pays et notre économie a été ruinée », a déclaré M. Nkurunziza, dans un long discours prononcé devant des dizaines de milliers de Burundais et des dizaines de délégations étrangères.

« Mais grâce au concours de certains, dont les anciens présidents tanzanien, Julius Nyerere, et sud-africain, Nelson Mandela, (...) notre pays a retrouvé la paix et l'unité et c'est nous qui aidons maintenant les pays en difficulté », a-t-il poursuivi, en référence à la Somalie, où le Burundi a envoyé quelque 5.800 casques blancs pour participer à une force de l'Union africaine.

 « Notre pays est en plein développement, nous Burundais, devons donc préserver cette unité retrouvée », a appelé le chef de l'Etat burundais.

Son discours a été précédé par un défilé civil de plus de deux heures, puis par un défilé militaire et policier « comme on n'en avait jamais organisé », a expliqué le porte-parole de l'armée, le colonel Gaspard Baratuza.

Les célébrations du cinquantenaire de l'indépendance sont les plus importantes jamais organisées dans le pays. Pour l'occasion, Bujumbura a repeint ses maisons et ses bureaux, comblé ses nids de poule, refait à neuf sa place de l'Indépendance. La fête continuera tout le mois de juillet avec l'inauguration de stades, d'écoles, de centres de santé...

Mais pour Chauvineau Mugwengezo, porte-parole de l'Alliance démocratique pour le changement (ADC), une plate-forme qui regroupe les principaux partis d'opposition du Burundi, « la fête n'a pas été nationale, mais confisquée par le parti Cndd-FDD au pouvoir au profit du président Nkurunziza ».

« On va inaugurer durant tout le mois de juillet des œuvres réalisées par Nkurunziza, ses photos sont partout omniprésentes, on chante ses réalisations, (...), un culte de la personnalité est en train malheureusement d'être érigé autour de son nom », a-t-il dénoncé.

« Il aurait dû parler des nombreux défis auxquels le Burundi fait face tels que la mauvaise gouvernance, la corruption galopante, les violations massives des droits de l'homme, la répression sauvage de l'opposition politique et les nouvelles violences qu'on observe, et la manière de les relever », a encore regretté le porte-parole de l'opposition burundaise.

Après l'indépendance, acquise de la Belgique le 1er juillet 1962, l'histoire du Burundi a été jalonnée de massacres interethniques et guerre civile qui, selon les sources, ont fait entre 500.000 et un million de morts et poussé plus d'un million de Burundais à l'exil.

Le Burundi « est entrain de s'en sortir », a assuré lundi le président Nkurunziza, appelant les Burundais « à compter sur leurs propres efforts pour se développer ».